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Volodymyr Zelensky aurait envisagé d'occuper des villages en territoire russe

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky photographié ici le 9 février 2023 à Bruxelles, au Parlement européen. [reuters - Daina Le Lardic]
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky photographié ici le 9 février 2023 à Bruxelles, au Parlement européen. - [reuters - Daina Le Lardic]
Plus d'un mois après la fuite de documents classifiés américains sur la plateforme Discord, les révélations continuent. Obtenus par le Washington Post, des rapports montrent que le président ukrainien Volodymyr Zelensky aurait proposé des actions militaires plus agressives, dont l'envoi de troupes en territoire russe.

C'est la condition sine qua non des partenaires européens et américains: pour continuer à bénéficier de l'aide militaire, l'Ukraine doit s'engager à ne pas frapper directement le territoire russe. A Washington et dans les capitales européennes, les responsables politiques et militaires espèrent atténuer le risque d'une escalade, qui pourrait aboutir à un conflit plus généralisé.

Tout en demandant toujours plus d'armes, Volodymyr Zelensky a toujours officiellement affirmé respecter cet accord tacite, en priorisant la libération du territoire ukrainien occupé par les forces russes et ses supplétifs.

Depuis le début de la guerre, les frappes en territoire russe se sont pourtant accélérées, notamment à l'aide de drones, mais Kiev est souvent resté évasif sur sa responsabilité concernant ces attaques.

>> Revoir le reportage du 19h30 sur une attaque de drone qui a touché le Kremlin :

Un drone semble s'être écrasé sur le toit même du Kremlin. La Russie accuse l'Ukraine d'avoir visé Vladimir Poutine. Kiev dément.
Un drone semble s'être écrasé sur le toit même du Kremlin. La Russie accuse l'Ukraine d'avoir visé Vladimir Poutine. Kiev dément. / 19h30 / 2 min. / le 3 mai 2023

Occuper du territoire russe pour faire pression sur Moscou

Les nouveaux documents divulgués par le grand quotidien américain jettent une lumière nouvelle sur les risques que le président ukrainien semble prêt à prendre dans le cadre du conflit.

A la fin du mois de janvier, Volodymyr Zelensky aurait ainsi proposé au cours d'une réunion avec son état-major de faire avancer des troupes terrestres pour occuper des villes ou villages frontaliers russes, afin d'avoir un levier de pression pour des négociations futures avec le Kremlin.

Le document américain, classé "top secret", aurait été établi sur la base de communications électroniques interceptées. Contacté, le Pentagone n'a pas contesté son authenticité.

La situation sur le terrain militaire au 15 mai 2023, avec en violet, les territoires détenus par la Russie avant le 24 février 2022 et en rouge, les territoires occupées depuis le début de l'invasion. [War Mapper/Twitter - RTS]
La situation sur le terrain militaire au 15 mai 2023, avec en violet, les territoires détenus par la Russie avant le 24 février 2022 et en rouge, les territoires occupées depuis le début de l'invasion. [War Mapper/Twitter - RTS]

Faire exploser un oléoduc qui abreuve la Hongrie

Selon d'autres rapports du renseignement américain, Volodymyr Zelensky aurait également proposé au cours d'une réunion avec sa vice-Première ministre Ioulia Svyrydenko de faire exploser l'oléoduc Droujba, qui continue à transporter du pétrole russe vers la Hongrie.

D'après le leader ukrainien, une telle action pourrait détruire l'industrie du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui repose en grande partie sur le pétrole russe.

Ioulia Svyrydenko, vice-première ministre ukrainienne, ici lors d'une réunion à Stockholm. [reuters - Caisa Rasmussen]
Ioulia Svyrydenko, vice-première ministre ukrainienne, ici lors d'une réunion à Stockholm. [reuters - Caisa Rasmussen]

Dans les faits, la Hongrie importe plus de 60% de son pétrole via ce pipeline. Très tôt après le début du conflit, les autorités hongroises ont expliqué qu'elles avaient besoin d'un financement européen pour convertir leurs raffineries pour les rendre capables de traiter du pétrole non-russe et pour développer un oléduc alternatif depuis la Croatie. Une entreprise qui pourrait coûter plusieurs centaine de millions d'euros.

Bien que membre de l'Otan, la Hongrie est considérée comme l'un des pays européens les plus favorables à la Russie. Ayant publiquement dénoncé l'invasion russe, Budapest se refuse cependant à un quelconque soutien financier ou militaire en faveur de Kiev et a même menacé à plusieurs reprises d'assouplir le régime de sanctions de l'Union européenne.

>> Relire également : Ces autres pays européens qui refusent d'aider militairement l'Ukraine

C'est justement ce positionnement politique ambivalent qui aurait poussé Volodymyr Zelensky à émettre l'idée d'une telle action. Dans un commentaire, le renseignement américain affirme toutefois que le président exprimait ces propos sous le coup de la colère, et qu'une véritable attaque sur le pipeline n'a jamais été sérieusement à l'ordre du jour.

Frapper les positions russes en profondeur

A la fin février, ce sont des recommandations bien plus sérieuses qui auraient toutefois été faites par le président ukrainien. Lors d'une rencontre avec le général Valeri Zaloujny, commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Volodymyr Zelensky aurait suggéré la nécessité de mener des attaques en Russie.

Se disant frustré par un manque de moyens, notamment de missiles à longue portée, le leader aurait estimé indispensable de frapper des lieux de déploiement des forces ennemies du côté russe, notamment dans la région de Rostov (ouest de la Russie).

Un prêtre dirige une cérémonie pour des conscrits russes dans la région de Rostov, avant leur départ vers l'Ukraine, le 31 octobre 2022. [reuters - Sergey Pivovarov]
Un prêtre dirige une cérémonie pour des conscrits russes dans la région de Rostov, avant leur départ vers l'Ukraine, le 31 octobre 2022. [reuters - Sergey Pivovarov]

Depuis le début du conflit, et même depuis 2014, Rostov-sur-le-Don s'est affirmé comme un centre militaire et logistique capital pour l'armée russe.

La ville et la région russes de Rostov se trouvent à 150 kilomètres de la frontière ukrainienne. [Google Map - RTS]
La ville et la région russes de Rostov se trouvent à 150 kilomètres de la frontière ukrainienne. [Google Map - RTS]

Les Etats-Unis hésitants à envoyer des missiles longue portée

A Washington, Joe Biden s'est pour l'instant toujours refusé à livrer à Kiev des missiles MGM-140 ATACMS, capables de toucher des cibles à près de 300 kilomètres.

Officiellement, ce refus s'expliquerait pas la nécessité pour les Etats-Unis de conserver suffisamment de ces armes pour assurer la défense nationale. Des responsables du Pentagone ajoutent qu'il n'y a pas de raison pour les Etats-Unis de douter que l'Ukraine continuera à ne cibler que des objectifs militaires sur le territoire ukrainien. Une version qui ne convainc toutefois pas Volodymyr Zelensky qui a estimé auprès du Washington Post que ce refus était le fruit "d'un manque de confiance" de la part de Washington.

Autre allié très important de l'Ukraine, la Grande-Bretagne a elle fait le choix la semaine dernière de livrer des missiles Storm Shadow. Disposant d'une capacité furtive, ces missiles de croisière ont une portée de 250 kilomètres. Vendredi, le ministre de la Défense britannique Ben Wallace a estimé qu'ils représentaient pour l'Ukraine "la meilleure chance de se défendre" et qu'ils seraient uniquement "utilisés sur le territoire souverain de l'Ukraine".

Trois jours plus tard seulement, la Russie a annoncé avoir réussi à intercepter l'un de ces missiles et les médias d'Etat ont diffusé des photos de fragments dans la région de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine.

"Des fantasmes", selon Zelensky

Invité par le Washington Post à réagir à ces nouveaux documents classifiés partagés en ligne, le président ukrainien a jugé qu'il s'agissait de "fantasmes", notamment en ce qui concerne l'idée d'occuper militairement des régions de Russie.

Pour autant, Volodymr Zelensky a expliqué avoir le droit d'utiliser un panel "de tactiques non conventionnelles" pour assurer la défense de son pays, ajoutant qu'il fallait utiliser "toutes les astuces" possibles.

Depuis l'année dernière, le président ukrainien a promis de ne pas utiliser d'armes occidentales pour s'attaquer directement au territoire russe.

Les documents divulgués dépeignent pourtant un président aux ambitions militaires sans doute plus agressives, qui souhaiterait aller plus loin. Une ligne rouge qui, si elle venait à être franchie, pourrait déstabiliser les stratégies de l'aide militaire occidentale.

Tristan Hertig

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Volodymyr Zelensky refuse des attaques en Syrie

Dans le lot de documents classifiés du renseignement américain, l'un d'entre eux montre que Volodymyr Zelensky n'est pourtant pas toujours l'acteur le plus va-t-en-guerre de son administration.

Le rapport évoque un plan de l'année dernière de l'agence de renseignement militaire ukrainienne qui avait pour but d'effectuer des opérations militaires secrètes contre les forces russes en Syrie, avec l'aide de combattants kurdes.

Un plan détaillé qui aurait pu permettre l'ouverture d'un nouveau front militaire entre Kiev et Moscou mais que Volodymyr Zelensky a expressément ordonné d'abandonner, sans qu'une explication ne soit mise en avant.