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Conflit au Soudan: "L'une de mes amies essayait de fuir Khartoum, mais elle a été abattue"

Khartoum, la capitale du Soudan, est particulièrement touchée par ce conflit. [AFP]
Le Soudan s'enfonce dans une guerre catastrophique pour la population / La Matinale / 4 min. / le 16 mai 2023
Le Soudan s'enfonce dans la guerre. Un mois après le début de la bataille pour le pouvoir entre deux généraux, le pays est en plein chaos. Les civils manquent d'eau, de denrées alimentaires et d'accès aux soins. Et certains tentent de fuir au péril de leur vie.

En raison des coupures d'électricité, il est devenu de plus en plus difficile de joindre des habitantes et habitants du Soudan. La RTS a pu contacter, via des notes vocales WhatsApp, Tasneem, Azza et Abdallah. Tous les trois étaient à Khartoum au début de la guerre.

>> En lire plus : Au Soudan, un mois de guerre et aucune issue en vue

Quand les premiers tirs ont résonné le 15 avril, Tasneem, 27 ans, était chez elle avec sa famille. Un mois plus tard, elle a fui vers l'Egypte. Mais tous n'ont pas eu cette chance.

"Beaucoup de gens avaient leur argent à la banque, mais le système bancaire ne fonctionne plus. Ceux qui sont partis avaient des économies et de l'argent en liquide. Tout le monde ne peut pas partir, parce que c'est très cher", raconte-t-elle mardi dans La Matinale de la RTS.

Partir vers le nord

En un mois, les conditions de vie se sont aggravées. Les prix ont explosé: l'alimentaire coûte quatre fois plus cher et l'essence vingt fois plus. Quitter le pays, voire s'éloigner des combats est donc extrêmement compliqué, d'autant plus pour les personnes sans liquidités. Celles et ceux qui arrivent néanmoins à partir se dirigent surtout vers le nord.

"C'est la bourgeoise de Khartoum qui part vers le nord en empruntant la voie égyptienne", explique Azza, chercheuse au Centre d’études économiques de Khartoum. Elle a également quitté la capitale, mais elle a décidé de rester dans le pays.

Un missile est tombé à 500 mètres de notre maison

Abdallah, habitant de Khartoum

Comme elle, 700'000 personnes ont fui les combats sans sortir du territoire et 200'000 autres se sont exilées à l'étranger, soit près d'un million de personnes.

Abdallah aurait souhaité en faire partie, mais il est impossible pour lui de sortir de Khartoum pour le moment, car dans la capitale, les combats sont de plus en plus violents. "Un missile est tombé à 500 mètres de notre maison et notre famille a été blessée. Maintenant, quand je parle, nous pouvons entendre le bruit des bombes", décrit-il.

Un système de santé à genoux

Au fil des jours, le quotidien d'Abdallah devient de plus en plus compliqué. "Les hôpitaux ne fonctionnent pas, mais il y a de petits centres de santé dans le quartier qui travaillent de manière autonome. Il y a deux jours, l'un de nos voisins a été attaqué par des gens qui ont essayé de cambrioler sa maison. Nous avons cherché pendant plus de deux heures un centre de santé pour lui fournir les premiers soins."

Avec l'augmentation de la violence, sortir dans la rue peut tourner au drame: Tasneem a perdu l'une de ses amies qui essayait de fuir. "Elle était en train de sortir avec ses cousins. Ils essayaient de fuir Khartoum, mais ils ont été abattus. Les paramilitaires ont pensé qu'ils allaient s'enrôler dans l'armée adverse ou quelque chose comme ça, alors ils les ont abattus."

L'hôpital d'Al-Genaïna, qui était soutenu par MSF jusqu'au 15 avril, ne fonctionne plus: il a été pillé

Sylvain Perron, chargé de coordination à Médecins sans frontières

En un mois, les combats ont fait près de 1000 morts et 5000 blessés. "L'hôpital d'Al-Genaïna, qui était soutenu par MSF jusqu'au 15 avril, ne fonctionne plus: il a été pillé. (...) On sait qu'il y a plusieurs centaines de blessés qui nécessitent des soins urgents et qui ne les reçoivent pas du fait que les structures de santé ne sont pas en mesure de leur offrir ces soins", indique Sylvain Perron, chargé de coordination à Médecins sans frontières (MSF).

Ce qu'il reste de l'administration soudanaise a aussi dû quitter Khartoum et se déplacer à Port-Soudan, à 850 kilomètres de la capitale. L'ONU est également sur place pour organiser l'aide humanitaire.

Des négociations sont en cours entre les belligérants dans l'espoir d'obtenir une interruption des hostilités.

Camille Lanci/vajo

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A Koufroun, au Tchad, 20'000 réfugiés soudanais en grand péril

A dos d'âne, à cheval, sur des charrettes ou à pied, des centaines voire des milliers de Soudanais, très majoritairement des femmes et des enfants, traversent chaque jour le petit cours d'eau asséché qui marque la frontière, pour se réfugier au Tchad.

Depuis début mai, ils sont au moins 20'000 à avoir trouvé refuge dans un camp de fortune dans le village tchadien de Koufroun, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR). La situation humanitaire pourrait rapidement devenir catastrophique dans cette localité, redoutent les humanitaires.

"Si nous n'agissons pas maintenant, il sera trop tard. La saison des pluies arrive dans quelques semaines (...), la route sera bloquée et tous les réfugiés ici seront coincés. Nous devons absolument apporter une aide en termes d'eau, de santé et d'abris le plus rapidement possible, ainsi que de la nourriture", s'alarme à Koufroun Brice Degla, coordinateur des urgences du HCR au Tchad.

"Ne perdons pas de vue que nous avions déjà un demi-million de réfugiés soudanais au Tchad", avant ce nouveau conflit, s'inquiète aussi Jean Paul Habamungu, chef des opérations du HCR dans l'est du pays.

Et des milliers d'autres réfugiés risquent d'arriver encore à Koufroun ou ailleurs. Plus de 1300 kilomètres de frontières extrêmement poreuses séparent les deux pays.

>> Le reportage de La Matinale :

L'est du Tchad voit affluer des milliers de réfugiers venant du Darfour. [AFP - GUEIPEUR DENIS SASSOU]AFP - GUEIPEUR DENIS SASSOU
L'est du Tchad voit affluer des milliers de réfugiés venant du Darfour / La Matinale / 2 min. / le 16 mai 2023