Depuis trois mois, Mauro et Maurizio sont les heureux parents de Giorgio et Luisa, nés d'une mère porteuse américaine. Les nuits sont courtes et ce n'est pas seulement à cause des pleurs nocturnes. Les tracas administratifs ont également rattrapé le couple.
"Nous espérions pouvoir les inscrire en rentrant à l'état civil de Milan et ainsi être reconnus immédiatement comme leurs deux parents, ce que nous sommes, mais nous avons découvert en rentrant que le maire ne pouvait plus faire cet acte administratif", explique Maurizio Nasi à la RTS.
En Italie, l'adoption et la procréation médicalement assistée ne sont accessibles qu'aux hétérosexuels. La loi ne reconnaît pas les enfants nés de mères porteuses. Mais en l'absence de législation nationale claire, certains maires acceptaient d'écrire le nom des deux parents du même sexe dans leurs registres.
Tour de vis
Le maire de Padoue Sergio Giordani a ainsi inscrit 33 bébés depuis 2017, mais la justice a désormais saisi ses registres. "Nous avons besoin d'amour, de respect et de sens civique, quelqu'un doit m'expliquer pourquoi je ne peux pas le faire. Je sais que c'est un argument difficile, mais je dis au gouvernement 'clarifiez, faites comme d'autres pays, clarifiez les choses'", explique-t-il à la RTS.
A Milan, le syndic écologiste Giuseppe Sala a lui aussi été rappelé à l'ordre. Mi-mars, il a reçu une lettre du ministère de l'Intérieur lui demandant de cesser d'inscrire les enfants nés de parents de même sexe à l'état civil. S'il assure respecter cet ordre, il n'en continue pas moins de se battre pour garantir une reconnaissance des droits des familles homoparentales.
"La commune de Milan a tout fait pour nous aider, mais ils ont les mains liées par l'idéologie politique de ce gouvernement qui finalement retire des droits aux enfants", confirme Mauro Tosca, qui s'attend à une longue procédure judiciaire pour ses enfants, Giorgio et Luisa.
Famille traditionnelle
Si, pendant sa campagne électorale, Giorgia Meloni avait souligné son opposition "à toute discrimination fondée sur les choix sexuels", elle indiquait aussi dans son programme politique sa volonté de lutter contre l'adoption par les couples homosexuels et son opposition farouche à la gestation pour autrui (GPA).
Aujourd'hui au pouvoir, le gouvernement ultraconservateur souhaite s'en tenir à la reconnaissance des unions civiles, adoptées en 2016, et ne pas ouvrir la porte aux mères porteuses.
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Le 14 mars, une commission du Sénat a rejeté la proposition de règlement de l'Union européenne visant à reconnaître les droits des enfants, y compris de ceux issus de couples de même sexe, et à adopter un certificat européen de filiation. "Tous les enfants devraient avoir les mêmes droits, indépendamment de la façon dont ils ont été conçus ou sont nés, et de leur type de famille", expliquait en décembre 2022 Didier Reynders, le commissaire européen de la justice.
En Italie, ces droits ne sont pas garantis. Les associations de défense de la famille traditionnelle applaudissent, alors que pour d'autres la mobilisation continue pour réclamer que la loi s'adapte aux évolutions de la société.
Sujet TV: Valérie Dupont, correspondante en Italie
Adaptation web: jgal