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La corrélation entre nombre d'armes et violence aux Etats-Unis est "très forte"

Des études statistiques prouvent que la circulation élevée d'armes à feux équivaut presque parfaitement à celui d'actes publics de meurtres de masse aux États-Unis. [Keystone/EPA - Dimitrije Goll]
La corrélation entre armes et violences / Tout un monde / 6 min. / le 17 mai 2023
Aux Etats-Unis, l'année 2023 s'annonce déjà comme la pire pour les tueries de masse, si la tendance se poursuit, avec plus de 200 cas comptabilisés et définis comme tels par le FBI dès quatre décès. Et la question des armes à feu secoue aussi d'autres pays, dont la Serbie ou Israël.

La corrélation entre le nombre d'armes en circulation et le nombre de morts constitue un débat sans fin entre les pro et anti-armes.

A la fin de l'année 2017, 85% du près d'un milliard d'armes à feu en circulation dans le monde se trouvaient dans les mains de particuliers, contre 15% pour les forces de l'ordre ou l'armée. Seules 12% des armes appartenant à des civils étaient également répertoriées dans les registres.

Aux Etats-Unis, la première cause de décès chez les jeunes sont les armes. Les Américains et Américaines en possèdent le plus, avec 120 armes pour 100 habitants, soit plus d'une par tête, selon l'organisation basée à Genève Small Arms Survey, qui génère des données sur la question.

Un lien indéniable

Selon André Kuhn, professeur en criminologie et droit pénal à l'Université de Neuchâtel, le rapport entre la circulation d'armes et la violence ne peut être réfuté. La corrélation entre leur présence et les homicides par armes à feu, aux Etats-Unis, est "très forte" et "presque parfaite", estime le spécialiste dans l'émission Tout un monde de la RTS.

Il existe toutefois des exceptions au sein même du pays, car "une corrélation ne veut pas dire que cela se vérifie partout". Citant une étude réalisée en 2013, André Kuhn explique qu'un grand nombre de propriétaires d'armes à feu vivent dans l'Etat américain de Hawaï, sans que le taux d'homicides ne soit élevé. Dans le Delaware, c'est le contraire. Mais la tendance se confirme malgré ces deux cas particuliers, souligne-t-il.

La possession d'armes versus les morts par armes à feu en 2013 selon les Etats américains. [Kalesan et al (2013).]
La possession d'armes versus les morts par armes à feu en 2013 selon les Etats américains. [Kalesan et al (2013).]

La Suisse, un contre-exemple?

La Suisse est souvent évoquée comme contre-exemple de cette corrélation, comptant 27 armes pour 100 habitants d'après Small Arms Survey, mais avec un taux d'homicide bas. Le pays a été endeuillé par une fusillade survenue en 2001 au Parlement de Zoug et notamment par le meurtre d'une skieuse et de sa famille dans une station valaisanne en 2006, mais globalement le pays est plutôt sûr.

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André Kuhn explique que la différence avec les Etats-Unis, par exemple, tient d’abord au type d’armes en circulation, dans la mesure où "on ne fait pas grand-chose" avec des armes longues. De plus, les armes sont bien répertoriées, constituant un critère dissuasif. Il est impossible d'utiliser "une arme militaire en pensant qu'on ne sera pas attrapé par la suite", précise le professeur neuchâtelois.

Si la Suisse est relativement épargnée en termes d'homicides, elle figure néanmoins en haut du classement des Etats en termes de suicides par armes à feu. Il existe aussi dans le pays une forte corrélation entre le nombre d'armes à feu présentes et le nombre de meurtres de femmes, regrette le professeur ordinaire.

Un cas d'autodéfense pour 40 morts

Une autre divergence réside dans le fait que les Suisses armés sont en majorité des militaires. Aux Etats-Unis en revanche, l'accès aux armes est bien plus facile. Outre-Atlantique, on s’arme pour se défendre, mais selon une étude citée par André Kuhn, derrière chaque arme achetée pour se "protéger", il y a des accidents. "Cela peut être votre enfant qui tue son petit frère avec votre arme" ou les vols d'armes lors des cambriolages."

En additionnant ces accidents, on arrive à peu près à quarante morts pour un cas d'autodéfense. "Cette statistique comptabilise aussi une trentaine de suicides", explique-t-il.

Armer les citoyens en Israël

En Israël, face à la flambée de violences ces derniers mois, le gouvernement de coalition de droite et d'extrême-droite encourage désormais les citoyens à s'armer davantage en conséquence de la "vague d'attentats terroristes survenus cet hiver" et se perpétuant "dans plusieurs endroits du pays, notamment dans les territoires occupés en Cisjordanie", explique le correspondant de la RTS en Israël Stéphane Amar.

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Avec la "simplification de la procédure et le recrutement de plusieurs centaines de fonctionnaires afin d'accélérer l'attribution des permis de port d'arme", les demandes pour l'obtention des permis ont fortement augmenté, constate le journaliste sur place.

Cet encouragement politique ne provoque pas de débats nourris dans la société, puisqu'il est déjà courant que les Israéliens et Israéliennes soient armés dans les territoires palestiniens. Les candidats à l'obtention du permis doivent avoir un casier judiciaire vierge, un profil psychologique stable et un motif crédible.

Rendre les armes en Serbie

Au contraire, en Serbie, le gouvernement a lancé une vaste opération de désarmement des civils pour endiguer la circulation d'armes non déclarées, toujours dans la population à cause de la guerre notamment.

Cette décision a été prise à la suite de deux fusillades survenues début mai, dont une dans une école. Elles ont causé la mort de 18 personnes au total.

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Les autorités ont également annoncé que les permis allaient être passés en revue et leur nombre fortement réduit. Les détenteurs et détentrices d'armes illégales ont également une quinzaine de jours pour les remettre sans être exposés à des poursuites. Plus de 13'000 objets ont été rendus pour le moment.

Sujet radio: Blandine Lévite

Adaptation web: Mérande Gutfreund

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