La Plaza de Mayo, au coeur de la capitale, s'est remplie en fin d'après-midi dans une ambiance festive mais sur fond de colère dirigée contre le Fonds monétaire international (FMI), la Casa Rosada (palais présidentiel) et le ministère de l'Economie, jouxtant la place.
"On n'en peut plus de la faim!" "A bas la faim et les ajustements!" (du FMI) "Seule la rue freinera les prix", disaient les banderoles d'organisations ou syndicats situés à la gauche du gouvernement de centre-gauche, tandis que des dizaines de tentes se dressaient pour la nuit.
Mercredi marquait le coup d'envoi de 24 heures de mobilisation à laquelle, fait inhabituel, se sont joints jeudi des mouvements et syndicats plutôt proches du gouvernement mais également ulcérés par la hausse du coût de la vie.
Inflation de 108% sur un an
La double mobilisation, prévue de longue date, a pris un relief particulier depuis la publication, vendredi, de l'inflation d'avril: +8,4% sur un mois, indice mensuel le plus élevé depuis 21 ans, et +108,8% sur un an.
Le gouvernement a réagi par un plan de lutte à la fois contre l'inflation et pour défendre le peso, en dépréciation continue par rapport au dollar. Il s'échangeait mercredi à 487 pesos pour un dollar au cours informel (utilisé par la plupart des Argentins), contre 346 début janvier.
Mais les seules annonces concrètes à mi-semaine portaient sur une nouvelle hausse (la deuxième en un mois) du taux d'intérêt, à 97%, pour les dépôts à terme, et un coup de pouce fiscal pour la consommation de catégories vulnérables, dont les retraités et bénéficiaires d'aides sociales.
"Il y a un an, Alberto Fernandez disait déclarer 'la guerre' à l'inflation. Eh bien à plus de 8%, on dirait qu'il a levé le drapeau blanc et s'est rendu", pestait pour l'AFP Nahuel Orellana, 32 ans, militant du petit mouvement trotskyste MST. "Les salaires se pulvérisent (...) et les familles sont de plus en plus nombreuses aux soupes populaires des mouvements sociaux".
Insécurité alimentaire
Selon un rapport début mai de l'Université Catholique, l'insécurité alimentaire a augmenté de 44% entre 2010 et 2022, et touchait en fin d'année un tiers des enfants argentins, soit environ 4,2 millions, malgré un léger mieux depuis la fin de la pandémie.
"Que le FMI s'en aille!" est le mot d'ordre de la gauche argentine remontée contre la rigueur budgétaire que l'institution de Washington a assignée au gouvernement, dans le cadre du refinancement de sa dette, legs d'un prêt de 44 milliards de dollars contracté en 2018. Discipline que le gouvernement respecte à ce jour (déficit de 2,4% du PIB en 2022, mieux que 2,5% visés), mais sans effet sur l'inflation.
afp/cab