Modifié

Le G7 veut s’attaquer aux diamants russes, mais un embargo n’est pas si simple à mettre en place

Le G7 veut s’attaquer aux diamants russes, mais un embargo n’est pas si simple à mettre en place
Le G7 veut s’attaquer aux diamants russes, mais un embargo n’est pas si simple à mettre en place / 19h30 / 2 min. / le 19 mai 2023
Présent au G7 à Hiroshima, au Japon, le président du Conseil européen Charles Michel a annoncé vendredi que l'Union européenne allait limiter "le commerce des diamants russes". Dans les faits pourtant, un embargo sur ce type de produits est difficile à effectuer.

Dans la ville belge d'Anvers, c'est l'un des endroits incontournables pour les touristes et autres visiteurs: le quartier des Diamantaires.

Ici, les rues ne sont pas tape-à-l'œil, mais derrière les façades sans âme, ce sont des montagnes de diamants qui s'échangent en permanence, pour des montants qui dépassent chaque jour les 170 millions de francs.

Une traçabilité déficiente

Mais alors, que représente la part de diamants russes dans ce montant? La question est épineuse.

"Un diamant sur trois qui arrive sur le marché mondial est russe. Mais généralement, pour les petits diamants qui sont dans les joailleries, on ne connaît pas les origines", explique Hans Merket, chercheur pour l'ONG IPIS.

Ces diamants s'avèrent difficiles à tracer, car ils se retrouvent souvent dans les lots de différentes provenances. Le commerce étant très mondialisé, les diamantaires ne savent tout simplement pas toujours d'où les diamants proviennent au départ.

"Un diamant peut venir d'Afrique, aller en Europe, puis à Dubaï, puis en Inde, à New York, en Chine, puis encore à Dubaï. Au final, il est constamment sur la route", résume Tom Neys, porte-parole du Centre mondial du diamant, à Anvers.

Quatre milliards de francs par an pour la Russie

Malgré ces difficultés, le G7 semble bien décidé à cibler les revenus que les diamants rapportent à la Russie. Les estimations parlent de 4 milliards de francs par an.

Très riche, le sous-sol de la Sibérie est exploité par une seule gigantesque compagnie, Alrosa, qui occupe la première position dans le monde en termes de production de diamants.

"Elle appartient pour deux tiers à l'Etat et on a vu des rapports qui montraient que des revenus de cette entreprise étaient utilisés pour financer des activités spécifiques en Ukraine", détaille Hans Merket.

Les mêmes règles pour tous

A Anvers, les diamantaires suivent le dossier de très près et sont conscients qu'ils devront bientôt se passer des diamants russes. Mais pour eux, le plus important est d'être sûrs que leurs concurrents, ailleurs dans le monde, vont jouer le jeu.

"Pour cela, nous avons besoin d’une solution technologique et scientifique qui permette de prouver que les diamants qui entrent sur les marchés des pays du G7 ne sont pas russes", explique Tom Neys.

A ce stade pourtant, la solution miracle n'existe pas, même si certains y travaillent. Le doute sur la provenance des bagues et des colliers dans les vitrines devrait encore durer.

Reportage TV: Isabelle Ory

Adaptation web: ther

Publié Modifié