Peu après cinq heures du matin, des inconnus circulant en voiture ont ouvert le feu à la kalachnikov sur un autre véhicule à bord duquel se trouvaient cinq hommes, dans un quartier plutôt résidentiel du 11e arrondissement, dans l'est de la ville, a-t-on indiqué de source policière.
Trois des hommes visés, âgés d'une vingtaine d'années, ont été mortellement touchés, le médecin des pompiers constatant leur décès sur place. Les deux autres n'ont pas été blessés et un a réussi à prendre la fuite.
Les agresseurs ont ensuite pris la fuite à bord de leur véhicule, qui a été retrouvé incendié peu après, non loin, "un mode opératoire que l'on connaît bien dans les trafics de stupéfiants", a déclaré à l'AFP la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri, qui s'est rendue sur les lieux.
Selon une source proche de l'enquête, les hommes visés, originaires d'une cité touchée par les trafics de drogue, étaient connus des services de police.
Tous les services de police sont mobilisés pour retrouver les auteurs de ces crimes abjects et pour démanteler les réseaux de trafiquants responsables de cette violenceFrédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône
Le quartier où s'est déroulée cette nouvelle attaque n'est pas connu pour abriter de points de trafic de drogue, mais la préfète a relevé que "parmi les occupants de la voiture (visée), trois étaient connus des services de police pour trafic de stupéfiants et sont originaires d'une cité qui est connue pour les trafics de stupéfiants, la cité Félix-Pyat, qui fait l'objet actuellement d'un certain nombre de convoitises par des réseaux concurrents".
"Tous les services de police sont mobilisés pour retrouver les auteurs de ces crimes abjects et pour démanteler les réseaux de trafiquants responsables de cette violence", a-t-elle insisté, soulignant que "rien qu'au cours du week-end écoulé, cinq personnes ont été interpellées en possession d'armes en lien avec des trafics de stupéfiants et trois kalachnikov, un fusil mitrailleur et une arme de poing ont été saisis".
Au moins 21 morts en 2023
Selon un décompte de l'AFP, cette nouvelle attaque porte le bilan des violences sur fond de trafic de drogue à 21 morts depuis le début de l'année, avec 19 tués par balles, un lynché à mort et un retrouvé dans le coffre d'une voiture incendiée, vraisemblablement tué par balles.
Les victimes sont en général de jeunes hommes, parfois des adolescents, situés en bas de l'échelle des trafics, guetteurs ou vendeurs sur les points de deal, visés par des tueurs de bandes rivales. Mais certaines, comme une mère de famille de 43 ans touchée par une balle en bas de chez elle le 10 mai, pourraient être des victimes collatérales.
Car les conflits de territoire entre trafiquants pour le contrôle des lucratifs points de deal installés dans des cités de la ville sont en train de virer à la "vendetta", avaient estimé début avril la préfète Camilleri et la procureure de Marseille Dominique Laurens.
Elles s'exprimaient après une première nuit sanglante, avec déjà trois morts par balles, dont un ado de 16 ans, et huit blessés, dans deux fusillades consécutives cette fois là. Un jeune de 15 ans touché cette même nuit est depuis décédé des suites de ses blessures.
Un "bain de sang" qui s'accélère
La procureure Laurens avait parlé le 3 avril d'un "bain de sang" qui s'accélère, une "dynamique particulièrement inquiétante (qui) va se poursuivre dans les mois à venir".
Des renforts de CRS avaient été déployés dans la ville, notamment pour participer à la stratégie de "pilonnage" des points de deal. Mais sept nouveaux décès sont effectivement venus depuis s'ajouter à la liste.
"Il y a une action tous azimuts des services de police sur la voie publique, de la police judiciaire pour démanteler ces réseaux, arrêter les assassins et casser la dynamique de violences, mais c'est un combat qui sera long et sans doute difficile," a relevé dimanche la préfète Camilleri.
Début mai, le maire divers gauche de Marseille Benoît Payan a déploré "une guerre qui dure depuis trop longtemps", demandant un Etat "ferme et fort" face à des "tueurs" qui "ne se cachent plus".
afp/cab