Le Corps des volontaires russes
La première organisation, appelée Corps des volontaires russes (RDK), est sortie du bois en mars, revendiquant une première incursion en Russie dans la région frontalière de Briansk.
Le RDK est dirigé par Denis Nikitine (Kapoustine, de son vrai nom), figure connue du milieu hooligan et d'extrême droite en Russie. Il organisait en Ukraine des combats de MMA et avait une marque de vêtement. La Russie l'a qualifié de "terroriste".
Les membres de ce groupe "appartiennent à la mouvance d'extrême droite russe, mais s'opposent à Vladimir Poutine et son régime parce que, selon eux, Vladimir Poutine trahirait le nationalisme russe", explique Adrien Nonjon, chercheur spécialiste de l’extrême-droite en ex-URSS, dans La Matinale de la RTS.
La Légion "Liberté de la Russie"
Créée au printemps 2022, la seconde organisation, la Légion "Liberté de la Russie", dont l'emblème est un poing fermé, est classée "terroriste" par la Russie.
Son chef politique est l'ancien député russe Ilia Ponomariov, le seul à avoir voté contre l'annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et qui s'est ensuite installé en Ukraine.
La légion "Liberté de la Russie", qui compterait dans ses rangs des soldats transfuges de l'armée russe, "est animée par des idéaux démocratiques. L'idée est de sortir du poutinisme et de la vision autoritaire du pouvoir. C'est ce qui fait surtout la différence avec le corps des volontaires russes", indique Adrien Nonjon.
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"Caesar"
La couverture par les médias ukrainiens de l'incursion de Belgorod a mis en avant un représentant de la Légion répondant au pseudonyme de "Caesar".
L'Agence France-Presse (afp) l'avait rencontré en décembre 2022 sur le front est de l'Ukraine, affirmant dans un entretien se battre "contre le régime de (Vladimir) Poutine" et se définissant comme un patriote russe et un "nationaliste de droite".
Il assure être un kinésithérapeute originaire de Saint-Pétersbourg. Le média d'investigation russe Agentstvo l'a identifié comme un membre actif de longue date de la nébuleuse impérialiste et nationaliste de l'extrême droite russe.
Deux groupes opposés à Vladimir Poutine
Les deux groupes, qui disent diriger des centaines d'hommes, affirment vouloir la chute du président Poutine. Le RDK dit mener des actions de reconnaissance et de sabotage en territoire russe.
Un de ses combattants, répondant au pseudonyme de Fortune, avait indiqué à l'afp en mars que le Corps coordonnait son action avec l'armée ukrainienne lorsqu'il était en territoire ukrainien, mais qu'il menait seul ses opérations en Russie.
Dans un entretien au média russe indépendant Sota en avril, un représentant du RDK, Vladimir "Cardinal" disait vouloir la création "d'un Etat national russe sur le territoire de régions majoritairement peuplées de Russes ethniques". La Légion se définit comme un groupe de "partisans" dont le but est de construire "une nouvelle Russie libre". Son site indique que le groupe orchestre des attaques contre l'infrastructure militaire et ferroviaire russe.
Après l'attaque à Belgorod, "Caesar" a indiqué à la télévision ukrainienne que l'ampleur des opérations menées par les deux organisations "allait augmenter avec le temps".
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La question des liens avec Kiev
Aucun des deux groupes ne dit comment et par qui ils sont financés et l'Ukraine n'a rien dit de ses liens avec ces groupes, les qualifiant de problème "interne" à la Russie.
Mais l'ancien député russe Ilia Ponomariov a déclaré à la radio britannique LBC cette semaine que les Ukrainiens "nous aident pour former nos forces et nous fournissent l'équipement nécessaire".
La Légion a indiqué sur Twitter disposer de mortiers français RT61. Lors de l'attaque dans la région de Belgorod, les autorités russes ont indiqué avoir fait face notamment à des tirs de mortiers, d'artillerie et des attaques de drones.
Le Corps a lui diffusé des vidéos à bord d'un transport de troupes blindés qu'il disait avoir pris au service de sécurité russe, le FSB qui chapeaute également les gardes-frontières.
afp/ami
Les réactions à Moscou
Le Kremlin a martelé lundi et mardi faire face à des combattants ukrainiens et non à des insurgés russes, accusant Kiev d'avoir planifié l'opération pour "détourner l'attention" de Bakhmout, épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine que la Russie affirme depuis samedi avoir conquise.
Après l'attaque de Belgorod, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, pas avare de critiques envers l'armée, a dénoncé un échec de l'Etat russe.
"Il n'y a pas de gouvernance, pas de volonté et pas d'individus prêts à défendre leur pays", a-t-il lâché, fustigeant ceux qui "font les idiots" et "siphonnent de l'argent" au lieu "d'assurer la sécurité de l'Etat".
"Semer la panique" en Russie
"Un succès militaire retentissant !", a raillé l'ancien responsable séparatiste Igor Strelkov. "Mes félicitations à l'état-major", a-t-il encore tancé sur Telegram.
La chaîne Telegram Rybar, qui commente les événements liés au conflit, suivie par près de 1,1 million d'abonnés, a elle estimé que Kiev voulait "semer la panique" en Russie.