Le président sortant Recep Tayyip Erdoğan a dominé le premier tour avec 49,5% des suffrages, passant tout proche d'une élection directe. Derrière lui, Kemal Kiliçdaroglu (44,9%) accusait un retard d'environ 2,5 millions de voix.
Et alors que le candidat ultranationaliste Sinan Ogan, arrivé 3e avec 5,2% des voix, a annoncé lundi son soutien à Erdoğan, Kemal Kiliçdaroglu a radicalement changé de stratégie pour tenter de combler cet écart en courtisant l'extrême-droite.
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Virage à l'extrême-droite
En effet, alors que le candidat étiqueté social-démocrate avait fait le pari, au premier tour, de l'apaisement de la société turque, avec des photos de cerisiers en fleurs et des coeurs avec les doigts, il a désormais pleinement adopté la rhétorique nationaliste de ses adversaires.
Kemal Kiliçdaroglu a désormais deux axes de campagne: premièrement, il accuse le pouvoir d'avoir négocié par le passé avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Il prend ainsi le contre-pied d'Erdoğan, qui le présente depuis le début comme "le candidat des terroristes".
En pleine période électorale, la Turquie vient d'ailleurs de bombarder deux fois en une semaine le PKK et sa milice yézidie (YBS) basée dans le Sinjar, au nord de l'Irak, à quelques kilomètres de la frontière syrienne. Trois personnes sont décédées, dont deux membres du PKK et un civil.
Le pari du "dégagisme"
Deuxièmement, il attaque beaucoup plus durement les 3,5 millions de réfugiés syriens et la politique migratoire de l’actuel président. S'il promettait déjà depuis des années de "renvoyer les Syriens chez eux", il compare désormais les réfugiés à des "machines à commettre des crimes" et les accuse d'être une menace pour les jeunes femmes turques.
Ce discours a un objectif clair: séduire la frange la plus anti-Erdoğan au sein de l'électorat de Sinan Ogan. Mais il lui faudrait convaincre la quasi-totalité de ces 2,8 millions d'électeurs et électrices pour avoir une chance de l'emporter.
Au premier tour, il n'a manqué que 260'000 voix au président sortant pour atteindre la majorité absolue.
Anne Andlauer/jop
Meilleure surveillance des bureaux de vote
Depuis une dizaine d’années, la surveillance des bureaux de vote est un enjeu majeur en Turquie. Pourtant, au premier tour, l’opposition n’était pas prête, reconnaît Ahmet Kiraz, représentant du CHP. Selon lui, son parti a eu tort d’appeler ses électeurs à rentrer chez eux après avoir voté, par crainte pour leur sécurité. Elle assure désormais avoir pris des mesures pour garantir le bon déroulement du scrutin du 2e tour.