Ron DeSantis entame sa campagne pour la Maison Blanche... avec des problèmes techniques
La candidature de Ron DeSantis était extrêmement attendue auprès des républicains cherchant une alternative à l'ancien président américain, dont il partage les idées, mais pas les outrances. Elu gouverneur de Floride en 2018, avec le soutien de Donald Trump, le politicien de 44 ans prétend incarner la nouvelle garde.
Dans une vidéo publiée sur Twitter, le quadragénaire, perçu comme le principal challenger républicain du milliardaire new-yorkais, a promis de "mener le grand retour de l'Amérique". Une expression qui évoque le slogan phare de la campagne victorieuse de Donald Trump en 2016: "Rendre à l'Amérique sa grandeur".
S'attaquer aux questions importantes
Le gouverneur devait ensuite s'épancher plus en détail sur sa candidature lors d'un échange avec Elon Musk sur Twitter. Mais de sérieux problèmes techniques ont perturbé le déroulé de l'émission, écoutée par des centaines de milliers d'utilisateurs.
"Merci de votre patience", "votre micro n'est pas ouvert"... le patron de Twitter a tenté tant bien que mal de gérer cette situation chaotique.
Le gouverneur a lui essayé de dérouler sa vision pour le pays, prenant toujours pour exemple la Floride, qu'il a transformée en laboratoire des idées conservatrices.
"Je m'engage à être un dirigeant énergique qui s'attaquera aux questions importantes", a-t-il promis, insistant notamment sur les questions migratoires.
Les moqueries du clan Trump et de Joe Biden
Le message de Ron DeSantis a semblé parasité par cette série de bugs, qui a soulevé une vague de moqueries sur la toile, mais aussi l'ironie des observateurs politiques.
Ces couacs ont aussi fait les choux gras de Donald Trump. "Des problèmes techniques. Des silences gênants. Un échec total", a taclé un porte-parole de l'ancien président.
Le vainqueur des primaires républicaines affrontera en novembre 2024 le candidat choisi par le parti démocrate, très probablement Joe Biden.
Le dirigeant octogénaire s'est lui aussi empressé de moquer le lancement de campagne de Ron DeSantis. "Ce lien-ci fonctionne", a ironisé le président-candidat dans une publication Twitter redirigeant vers sa campagne de levée de fonds.
Un important trésor de guerre
Ancien officier de marine, Ron DeSantis avait gagné en popularité en multipliant les coups d'éclats ultraconservateurs sur l'éducation ou l'immigration au nom d'une bataille contre la supposée "bien-pensance".
Mais son chemin jusqu'à la Maison Blanche est semé d'embûches. De nombreux conservateurs ont placé leurs espoirs dans sa candidature après sa réélection triomphale à la tête de la Floride en novembre 2022, un moment où Donald Trump semblait lui en perte de vitesse. Mais le gouverneur accuse désormais un sérieux retard face à l'ancien président selon de nombreuses enquêtes d'opinion.
Des sondages qui doivent être pris avec des pincettes, tant le scrutin est encore loin, mais que Donald Trump partageait avec joie mercredi sur son réseau, Truth Social.
Le principal handicap du conservateur de Floride, père de trois enfants: un manque de charisme, pointé de toutes parts. Et sur lequel le camp Trump n'hésite pas à l'attaquer.
Les invectives entre les deux hommes ont débuté avant même que le gouverneur de Floride ne se lance, à coups de déclarations acides et par meetings interposés.
Dans ce face-à-face Ron DeSantis pourra tout de même s'appuyer sur un imposant trésor de guerre. Son équipe a d'ailleurs annoncé qu'il avait levé un million de dollars durant la première heure de sa campagne.
boi avec afp
Ron DeSantis, une alternative pour "les électeurs indépendants anti-wokes"
Interviewée dans La Matinale, la politologue, journaliste et spécialiste des Etats-Unis Marie-Christine Bonzom est revenue sur un lancement de campagne "un peu raté" pour Ron DeSantis, qui avait choisi Twitter comme option plus moderne et plus jeune.
"Il n'est pas responsable des problèmes techniques du réseau social et il s'est rattrapé en expliquant qu'il avait "cassé la baraque" sur internet et qu'il a été victime de son succès avec 600'000 participants. Ce n'est évidemment pas le lancement de campagne rêvé pour Ron DeSantis", reconnaît Marie-Christine Bonzom.
La politologue explique que la stratégie de DeSantis est de rafler les voix des électeurs et électrices indépendants, sans affiliation partisane. "Clairement, Ron DeSantis représente l’alternative la plus crédible face à Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine. Le discours anti-woke, contre le politiquement correct, est un discours qui séduit la base républicaine mais aussi les indépendants, voire des abstentionnistes.
Marie-Christine Bonzom rappelle aussi que Ron DeSantis se présente comme un candidat encore plus à droite que Donald Trump, notamment sur l’éducation. "Il ambitionne de faire du Trump mais sans les controverses liées à un personnage comme Donald Trump".
Pour tenter d’attaquer Trump par sa droite, la journaliste explique que Ron DeSantis va miser sur les thématiques sociétales. "Il débarque sur le terrain de l’avortement, de l’immigration ou de la criminalité qui augmente sous la présidence Biden". Mais le principal défaut du candidat, selon Marie-Christine Bonzom, reste son manque de notoriété face à Donald Trump.