Selon les estimations de l'ONS, il y a eu en 2022 1,2 million d'arrivées au Royaume-Uni alors que 557'000 personnes ont quitté le pays.
La plupart des personnes arrivées au Royaume-Uni en 2022 sont venues de pays hors de l'Union européenne (925'000). Les ressortissants de l'UE sont en deuxième position, avec 151'000 personnes.
Des facteurs exceptionnels
"Une série d'événements mondiaux sans précédent (...) et la levée des restrictions après la pandémie de Covid-19 ont entraîné des niveaux record d'immigration internationale au Royaume-Uni", indique l'ONS dans un communiqué.
"Les principaux facteurs de cette augmentation sont les personnes venant au Royaume-Uni de pays non membres de l'Union européenne pour travailler, étudier ou pour des raisons humanitaires, y compris celles venant d'Ukraine et de Hong Kong", ajoute l'ONS.
Le Royaume-Uni a accordé l’an dernier plus de 200'000 visas aux réfugiés ukrainiens et 50'000 aux ressortissants de Hong Kong, ancienne colonie britannique. Ces contingents ont fait gonfler les chiffres, même si certains sont repartis depuis.
Dopée par la levée des restrictions post-Covid, l’immigration étudiante a également été extrêmement importante, ce qui représente une grande source de revenus pour les universités.
Enfin, la pénurie de main-d'oeuvre a attiré plusieurs centaines de milliers de travailleurs extra-européens, qui ont largement remplacé l'immigration beaucoup plus faible en provenance de l’UE.
Le gouvernement sous pression
Ces chiffres mettent sous pression le gouvernement conservateur qui avait promis de réduire l'immigration et de "reprendre le contrôle des frontières" après le Brexit.
"Tout montre que le gouvernement a complètement perdu le contrôle de notre système migratoire", a critiqué sur la télévision Sky News le député travailliste Stephen Kinnock, en charge au sein du parti du dossier de l'immigration.
Deux jours avant l'annonce de ces chiffres record, le gouvernement a annoncé son intention de restreindre drastiquement le regroupement familial pour les étudiants étrangers. Cette mesure, qui entrera en vigueur en janvier, concerne tous les étudiants "à l'exception des chercheurs de troisième cycle".
En 2022, environ 136'000 visas ont été délivrés à des personnes à la charge des étudiants étrangers, contre 16'000 en 2019, selon les chiffres du gouvernement.
"L'augmentation sans précédent du nombre de personnes à la charge des étudiants arrivant dans le pays met une pression énorme sur les services publics", a relevé mardi Suella Braverman, la ministre de l'Intérieur. Elle a jugé que les nouvelles mesures représentaient un juste équilibre et permettraient à moyen terme de faire revenir le solde migratoire au niveau d'avant-Covid.
Un sujet sensible
La question de l'immigration et du contrôle des frontières avait dominé les débats pendant la campagne sur le Brexit en 2016 qui a abouti au départ du Royaume-Uni de l'Union européenne. Elle s'annonce déjà comme un sujet sensible pour les élections législatives attendues l'an prochain.
Les gouvernements conservateurs successifs ne sont parvenus à faire baisser ni l'immigration légale, ni l'immigration illégale. En 2022, plus de 45'000 migrants ont traversé la Manche illégalement.
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Le gouvernement veut envoyer dans des pays tiers tels le Rwanda certains demandeurs d'asile. Mais ce projet, attaqué devant la justice, est au point mort. L'exécutif a aussi pour projet d'interdire aux migrants arrivés illégalement de demander l'asile au Royaume-Uni et de faciliter leur détention avant leur expulsion.
afp/edel
Manque de main-d'oeuvre
Dans le même temps, le Royaume-Uni est confronté à une pénurie de main-d'oeuvre, en particulier dans l'agriculture et la santé, créant des tensions régulières au sein de la majorité.
Les entreprises britanniques réclament quant à elles depuis des mois des assouplissements de la politique en matière de visas du Royaume-Uni, hôtels et restaurants, entreprises de transport routier ou exploitations agricoles souffrant depuis le Brexit et le Covid-19 d'un sérieux manque de main-d'oeuvre.
Rishi Sunak a récemment reconnu qu'il allait devoir accorder des dizaines de milliers de visas saisonniers pour l'agriculture, semblant aller à l'encontre de sa ministre de l'Intérieur. Suella Braverman a déclaré ne voir "aucune bonne raison pour laquelle le Royaume-Uni ne peut pas former ses propres conducteurs de poids-lourds et ses ramasseurs de fruits pour faire baisser l'immigration".