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Recep Tayyip Erdogan déclaré vainqueur de la présidentielle en Turquie

Election présidentielle en Turquie, Erdogan semble obtenir un troisième mandat, les explications de Tamara Muncanovic.
Election présidentielle en Turquie, Erdogan semble obtenir un troisième mandat, les explications de Tamara Muncanovic. / 19h30 / 54 sec. / le 28 mai 2023
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a été réélu dimanche à l'issue du second tour du scrutin présidentiel, a annoncé le Haut comité électoral turc. Les résultats définitifs seront annoncés en début de semaine.

Juché sur un bus devant son domicile d'Istanbul, sur la rive asiatique du Bosphore, le chef de l'Etat, 69 ans dont vingt au pouvoir, a pris la parole devant une mer de drapeaux rouges brandis par une foule enthousiaste.

"Notre nation nous a confié la responsabilité de gouverner le pays pour les cinq prochaines années", a-t-il lancé, au terme d'une élection qui l'a contraint pour la première fois à un second tour.

Dimanche 28 mai: devant ses supporters à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan a revendiqué la victoire lors de l'élection présidentielle. [AFP - Emrah Yorulmaz]
Dimanche 28 mai: devant ses supporters à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan a revendiqué la victoire lors de l'élection présidentielle. [AFP - Emrah Yorulmaz]

Recep Tayyip Erdogan a aussi appelé la Turquie "à l'unité et à la solidarité". "Il est temps de mettre de côté les disputes de la campagne électorale et de parvenir à l'unité et à la solidarité autour des rêves de notre nation", a lancé le chef de l'Etat à la foule massée devant le palais présidentiel à Ankara.

Selon les résultats portant sur plus de 98% des bulletins, publiés par l'agence officielle Anadolu, le chef de l'Etat a obtenu 52,1% des suffrages contre 47,9% à son rival social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu qui, à 74 ans, a perdu le pari de l'alternance et de la "démocratie apaisée" qu'il promettait.

Des rassemblements spontanés se sont formés partout dans les villes où le "Reis" a triomphé, en particulier au coeur de l'Anatolie.

Des milliers de supporters du président Erdogan ont afflué vers le palais présidentiel à Ankara pour fêter la victoire de leur candidat. [Keystone - Ali Unal]
Des milliers de supporters du président Erdogan ont afflué vers le palais présidentiel à Ankara pour fêter la victoire de leur candidat. [Keystone - Ali Unal]

Un désir de sécurité et de stabilité

Ni le désir de changement et d'ouverture d'une partie de l'électorat, ni l'inflation sévère qui mine la Turquie, ni les restrictions aux libertés et l'hyperprésidentialisation d'un pouvoir qui a envoyé des dizaines de milliers d'opposants derrière les barreaux ou en exil, n'ont pesé face au désir de sécurité et de stabilité qui s'était déjà exprimé au premier tour du scrutin.

Pas même les conséquences du terrible du séisme de février (au moins 50'000 morts et 3 millions de déplacés) dans onze provinces du sud du pays, qui ont largement reconduit le chef de l'Etat.

Le parti du président Erdogan, l'AKP islamo-conservateur, sur lequel il a bâti son accession au pouvoir suprême, a perdu des sièges au Parlement mais conserve sa majorité avec ses alliés.

>> Ecouter encore les précisions de notre envoyée spéciale dans le 19h30 :

Tamara Muncanovic analyse les premiers résultats de la présidentielle turque, alors que Recep Tayyip Erdogan semble être en tête.
Tamara Muncanovic analyse les premiers résultats de la présidentielle turque, alors que Recep Tayyip Erdogan semble être en tête. / 19h30 / 1 min. / le 28 mai 2023

"Profondément triste" pour la Turquie

Kemal Kiliçdaroglu encaisse quant à lui une défaite de plus, malgré une campagne qui prenait le contrepied de celle du président en promettant le "retour du printemps" face aux invectives.

Considéré par beaucoup, y compris au sein de l'opposition, comme un candidat terne et sans charisme, Kemal Kiliçadaroglu, qui emmenait une coalition de six partis, avait fini par imposer sa marque, des coeurs avec les doigts lors de ses meetings et une faconde posée de "demokrat dede", un "papy démocrate".

Mais il n'a pas su imposer l'économie ni la crise dans le débat électoral et s'apprête, comme il l'avait promis, à "retourner s'occuper de ses petits-enfants".

Il exprimé dimanche soir sa "tristesse" pour l'avenir de la Turquie. "Je suis profondément triste face aux difficultés qui attendent le pays", a déclaré le candidat malheureux et chef du principal parti de l'opposition turque, qui s'exprimait depuis le siège de son parti à Ankara

>> Le sujet du 19h30 sur les deux camps qui s'opposent :

Lors de l'élection présidentielle en Turquie, deux candidats et deux visions de la société s'affrontent.
Lors de l'élection présidentielle en Turquie, deux candidats et deux visions de la société s'affrontent. / 19h30 / 2 min. / le 28 mai 2023

Fatigue et lenteur

Visage fatigué, se déplaçant avec lenteur, Recep Tayyip Erdogan, avait voté à la mi-journée dans son quartier d'Usküdar à Istanbul: une foule enjouée l'y attendait, à laquelle les gardes du corps ont distribué des jouets tandis que le président glissait quelques billets de banque à des enfants.

Le président sortant Recep Tayyip Erdogan et sa femme Emine ont voté dans un bureau à Istanbul. [Keystone - Murad Sezer]
Le président sortant Recep Tayyip Erdogan et sa femme Emine ont voté dans un bureau à Istanbul. [Keystone - Murad Sezer]

Presque simultanément, tout sourire malgré les pronostics défavorables, Kemal Kiliçdaroglu déposait son bulletin à Ankara en incitant ses concitoyens à voter "pour se débarrasser d'un gouvernement autoritaire".

Le camp Erdogan n'a eu de cesse de qualifier l'opposition emmenée par Kiliçdaroglu de "terroriste" en raison du soutien que lui ont apporté les responsables du parti pro-kurde HDP.

jfe avec agences

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Un concert de félicitations après la victoire

De Vladimir Poutine à Joe Biden en passant par Volodymyr Zelensky ou Emmanuel Macron, plusieurs chefs d'Etat ont adressé leurs félicitations à Recep Tayyip Erdogan pour sa victoire dimanche à la présidentielle turque et son nouveau mandat de cinq ans à la tête du pays.

Le président russe Vladimir Poutine, qui a récemment collaboré étroitement avec son homologue turc, a été l'un des premiers à féliciter Recep Tayyip Erdogana. Il estimé que sa victoire de était "le résultat logique de (son) travail dévoué" à la tête du pays et une "preuve évidente" du soutien de la population à sa politique.

Un renforcement des relations espéré

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a lui exprimé "sa hâte de poursuivre l'étroite collaboration" entre le Royaume-Uni et la Turquie. Emmanuel Macron a été un des premiers dirigeants européens à adresser publiquement ses félicitations à l'homme fort de Turquie, en estimant que leurs deux pays avaient "d'immenses défis à relever ensemble", parmi lesquels le "retour de la paix en Europe, l'avenir de notre Alliance euro-atlantique, la mer Méditerranée".

En adressant ses félicitations, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté dit espérer un "renforcement" des liens entre Kiev et Ankara, notamment pour assurer "la sécurité" en Europe, et le chancelier allemand Olaf Scholz a dit espérer que la réélection de Recep Tayyip Erdogan donnera "un nouvel élan" aux relations entre les deux pays pour "faire avancer leur agenda commun".

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a lui salué cette réélection: "notre sécurité commune est une priorité pour l'avenir". La Suède, candidate à une entrée dans l'Otan, est toujours confrontée au veto de la Turquie, qui accuse le pays d'être un refuge pour les "terroristes", en particulier les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Félicitations aussi de l'UE et de l'Otan

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel se sont "réjouis" dans des messages sur Twitter de "poursuivre le développement des relations entre l'UE et la Turquie".

La Turquie est officiellement candidate à l'UE mais les négociations d'adhésion entamées en 2005 sont au point mort depuis plusieurs années. L'UE entretient des relations difficiles avec Ankara, qui reste un partenaire incontournable, notamment en matière de migration.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a dit sa "hâte" de préparer le sommet de l'Alliance en juillet à Vilnius.

La Chine pour finir

Parmi les derniers pays à féliciter Recep Tayyip Erdogan, la Chine "encourage la Turquie à prendre le chemin du développement qui corresponde à ses circonstances nationales, a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning. Pékin "attache une grande importance à ses relations avec la Turquie", a-t-elle ajouté.

"Ces dernières années (...) les deux pays ont développé une coopération qui a porté ses fruits dans plusieurs domaines, pour le bénéfice de nos deux peuples", a rappelé Mao Ning. "La Chine est désireuse de travailler avec la Turquie pour porter vers de nouveaux sommets nos relations de coopération stratégiques", a ajouté la porte-parole.

>> Ecouter le sujet du 12h30 :

Le président turc salue ses partisans après avoir été réélu pour la deuxième fois. [Keystone - EPA/NECATI SAVAS]Keystone - EPA/NECATI SAVAS
Les réactions européennes après la réélection du président turc Recep Tayyip Erdogan / Le 12h30 / 1 min. / le 29 mai 2023