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Net recul des socialistes de Pedro Sánchez aux élections locales espagnoles

L'Espagne a rendez-vous aux urnes pour élire ses représentants municipaux et régionaux. [AFP - Javier Soriano]
En Espagne, des scrutins locaux qui servent de test pour le gouvernement de gauche / Le 12h30 / 1 min. / le 28 mai 2023
A six mois des élections législatives, le parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez a subi une très lourde défaite lors des élections municipales et régionales de dimanche en Espagne, qui augure mal de son maintien au pouvoir à la fin de l'année.

Le chef du Parti populaire (PP), principal parti de l'opposition de droite, Alberto Núñez Feijóo, a immédiatement annoncé "un nouveau cycle politique".

Le PP a fait dimanche "un pas de géant" sur la route devant conduire Alberto Núñez Feijóo au poste de Premier ministre à la fin de l'année, a renchéri le président du gouvernement d'Andalousie, Juan Manuel Moreno Bonilla, un dirigeant du parti.

Mais outre le PP, l'autre grand vainqueur est le parti d'extrême-droite Vox, déjà troisième force politique au Parlement, qui, avec plus de 1,5 million de voix aux municipales (7,19%), a doublé son score en quatre ans et effectué une poussée spectaculaire dans de nombreux parlements régionaux.

Un "tsunami"

Les sondages annonçaient tous une victoire de la droite à ce double scrutin municipal et réginal, mais personne ne s'attendait à ce que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sánchez subisse de telles pertes.

Le chef du gouvernement sortant de la Cantabrie (nord de l'Espagne), Miguel Ángel Revilla, chef d'un petit parti régionaliste allié aux socialistes, a parlé d'une "marée de droite", à la fois du PP et de Vox, alors que le chef du gouvernement socialiste de l'Aragón, Javier Lambán, est allé jusqu'à évoquer un "tsunami" qui a emporté "la muraille" érigée par les socialistes. Tous deux ont été battus.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a voté vers 9h30 dans un bureau à Madrid. [Keystone - J.J. Guillen]
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a voté vers 9h30 dans un bureau à Madrid. [Keystone - J.J. Guillen]

Soutien de Vox pour gouverner

Il a d'abord recueilli le plus grand nombre de voix aux municipales, plus de 7 millions (31,5%), soit quelque deux millions de plus qu'il y a quatre ans, contre moins de 6,3 millions (28,1%) pour le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sánchez.

Mais le revers de la médaille est que dans la plupart de ces régions, il aura besoin du soutien de Vox pour gouverner, et ce parti d'extrême-droite s'annonce d'ores et déjà comme un partenaire difficile et encombrant pour le PP, alors que celui-ci essaie de projeter une image modérée. Les deux partis gouvernent déjà depuis l'an dernier dans une région.

Le parti socialiste a également perdu au profit du PP la mairie de Séville, la plus grande ville d'Andalousie (sud) et son principal bastion municipal, ainsi que celle de Valence. Et il n'est pas assuré de remporter celle de Barcelone, son candidat n'étant arrivé qu'en deuxième position derrière un indépendantiste.

Quelque 18,3 millions d'électeurs

Les élections de ce dimanche portaient sur la totalité des 8131 municipalités, soit 35,5 millions d'électeurs, ainsi que les assemblées de 12 des 17 régions autonomes que compte le pays. Quelque 18,3 millions d'électeurs étaient concernés par ce deuxième vote.

Ce double scrutin était considéré comme une répétition générale avant les élections législatives, dont la date exacte n'est pas encore connue. Le nom de Pedro Sánchez ne figurait dimanche sur aucun bulletin, pas plus que celui de Alberto Núñez Feijóo.

Mais l'enjeu était très important pour les deux hommes, qui s'étaient énormément impliqués dans la campagne, au point de faire de ces élections une véritable première manche avant les législatives de la fin de l'année.

agences/juma/iar/hkr

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Répétition pour les législatives à venir

A la fin de l'année (la date exacte n'a pas encore été fixée) auront lieu les législatives. Les sondages donnent le PP vainqueur mais sans majorité absolue face à la coalition minoritaire de gauche au pouvoir, composée du PSOE et du parti de gauche Podemos. Les scrutins de dimanche sont donc à cet égard considérés comme une sorte de première manche.

Pour les Espagnols, leur importance réside aussi dans le fait que les "communautés autonomes" (régions) ont des compétences très étendues par rapport à Madrid, l'éducation et la santé, par exemple, relevant de leurs seules prérogatives.

Le résultat en nombre de suffrages des municipales fournira un premier indice très attendu du rapport de force entre les socialistes et le PP. Il y a quatre ans, le PSOE avait recueilli 1,6 million de voix de plus que son rival, mais le PP, qui a le vent en poupe, se fait fort de l'emporter cette année.