Jusqu'à maintenant, tous les astronautes chinois ayant décollé vers l'espace faisaient partie de l'Armée populaire de libération. Gui Haichao, professeur à l'université Beihang, dirigera des expériences scientifiques durant la mission, a déclaré lundi aux journalistes Lin Xiqiang, porte-parole de l'Agence chinoise des vols spatiaux habités.
L'astronaute procédera "à des expériences en orbite à grande échelle" pour étudier "de nouveaux phénomènes quantiques, des systèmes spatiaux temps-fréquence de haute précision, la vérification de la relativité générale et l'origine de la vie", a déclaré le porte-parole.
Issu d'une "famille ordinaire"
Gui Haichao est issu d'une "famille ordinaire" de la province du Yunnan (ouest), a décrit l'université Beihang. Il "a ressenti un attrait pour l'aérospatiale" en 2003, en suivant sur la radio de son campus le vol du premier Chinois dans l'espace, a relaté son université sur les réseaux sociaux. "J'ai toujours rêvé de cela", s'est réjoui Gui Haichao lundi en conférence de presse.
Sa participation au vol "est particulièrement significative", a estimé l'expert indépendant Chen Lan, étant donné que les missions précédentes n'avaient embarqué que des astronautes formés comme pilotes et chargés de tâches davantage d'ordre technique, et non des scientifiques spécialisés. "Cela signifie qu'à partir de cette mission, la Chine ouvre la porte de l'espace aux citoyens ordinaires", soutient-il.
Gui Haichao doit décoller de la base de lancement de Jiuquan, située dans le nord-ouest de la Chine, mardi à 09h31 heure locale (01h31 GMT), a fait savoir l'agence spatiale. L'astronaute civil évoluera en orbite au côté du commandant de la mission Shenzhou-16 Jing Haipeng - qui effectue son quatrième vol, selon les médias d'Etat - et de l'ingénieur Zhu Yangzhu. Ils resteront pendant environ cinq mois au sein de la station.
La Chine veut sa place dans la conquête spatiale
Les projets liés au "rêve spatial" chinois se multiplient sous la présidence de Xi Jinping. Le géant asiatique investit depuis plusieurs décennies des milliards d'euros dans son programme spatial conduit par l'armée, ce qui lui a permis de combler l'essentiel de son retard face aux Américains et aux Russes.
La Chine a envoyé son premier astronaute dans l'espace en 2003 et sa station spatiale Tiangong ("Palais céleste") est pleinement opérationnelle depuis fin 2022. En 2019, un engin chinois s'est posé sur la face cachée de la Lune. Puis, en 2021, la Chine a fait arriver un petit robot à la surface de Mars.
Elle prévoit d'envoyer un premier équipage en direction de la Lune d'ici 2030 où Pékin souhaite établir une base, ce que le porte-parole Lin Xiqiang a réaffirmé lundi. "L'objectif principal est de réaliser le premier alunissage (d'un équipage) sur la Lune d'ici 2030 et de procéder à une exploration scientifique lunaire" ainsi qu'à des expériences en matière de technologie, a-t-il décrit.
La Chine "attend avec impatience et souhaite la participation d'astronautes étrangers aux missions habitées dans la station spatiale du pays", a dit Lin Xiqiang lundi.
La Chine a été écartée de la Station spatiale internationale en 2011, lorsque Washington a interdit à la NASA toute coopération avec Pékin.
afp/juma