Plusieurs soldats des contingents italien et hongrois de la KFOR "ont été la cible d'attaques non provoquées et ont subi des blessures traumatiques avec des fractures et des brûlures dues à l'explosion d'engins incendiaires" en "contenant les franges les plus actives de la foule", a dit la force multinationale dans un communiqué, des attaques qualifiées d'"inacceptables" par l'Alliance atlantique à Bruxelles.
Contexte tendu
La police kosovare a quant à elle fait usage de gaz lacrymogène pour disperser ces mêmes manifestants serbes qui protestaient contre la prise de fonction de maires albanais dans les localités majoritairement serbes du nord du Kosovo.
Ces édiles ont été désignés à l'issue des élections locales organisées par les autorités kosovares le 23 avril dans quatre municipalités en majorité peuplées de Serbes qui ont très largement boycotté ce scrutin: seuls quelque 1500 électeurs, sur environ 45'000 inscrits, y ont pris part.
Les manifestants réclament également le retrait des forces spéciales de la police kosovare déployées dans la région depuis plusieurs jours.
Des incidents s'étaient déjà produits vendredi lorsque les maires étaient venus prendre leurs fonctions accompagnés par la police.
Présence de la KFOR renforcée
La force de l'Otan déployée au Kosovo a indiqué avoir "renforcé sa présence" dans le nord et a exhorté Belgrade et Pristina à reprendre le dialogue mené sous les auspices de l'Union européenne pour réduire les tensions.
Une cinquantaine de soldats polonais et hongrois de la KFOR avaient été déployés autour de la mairie de Zvecan, selon une journaliste de l'AFP.
"Une grande explosion menace"
Au cours d'une visite au Kenya, le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov a estimé lundi que "les Serbes combattaient pour leurs droits dans le nord du Kosovo".
Il a rappelé que l'armée serbe était en état d'alerte maximale. La décision "sera prise par le président serbe", a-t-il ajouté.
Le président serbe Aleksandar Vucic avait en effet donné vendredi l'ordre à l'armée de se placer en état d'alerte et de "se mettre en mouvement" en direction de la frontière avec le Kosovo.
"Une grande explosion menace (de se produire) au coeur de l'Europe, où l'Otan a mené en 1999 une agression contre la Yougoslavie", a poursuivi Serguei Lavrov, évoquant l'intervention de 1999 de l'Otan contre Belgrade qui a de facto mis fin à la guerre entre les forces serbes et les combattants indépendantistes albanais.
Poussées de tension fréquentes
Les poussées de tension sont fréquentes dans le nord du Kosovo, ancienne province serbe qui a proclamé en 2008 son indépendance, jamais reconnue par la Serbie.
Quelque 120'000 Serbes vivent au Kosovo, peuplé d'1,8 million d'habitants très majoritairement albanais.
Les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne avaient appelé dès vendredi les autorités du Kosovo "à revenir immédiatement sur leur décision" de déployer leurs forces spéciales, ajoutant être aussi "préoccupés par la décision de la Serbie de relever le niveau de préparation de ses forces armées".
furr avec ats