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Les forces ukrainiennes mènent des attaques sur sol russe, en dépit des discours officiels

Des sabotages imputés par Moscou à l'Ukraine ont notamment fait dérailler des trains, comme ici à Simferopol, dans la péninsule de Crimée. [STRINGER / AFP]
Les forces ukrainiennes contre-attaquent sur sol russe, en dépit des discours officiels / La Matinale / 4 min. / le 30 mai 2023
Après de longs mois de guerre, le territoire russe est désormais touché lui aussi par des opérations de sabotage. Et malgré le discours officiel, certaines sont menées par les Ukrainiens, selon un témoignage recueilli par la RTS.

Alors que Kiev subit des attaques presque tous les jours depuis le début du mois, la guerre touche aussi le territoire russe, sous une forme différente: trains qui déraillent, explosions ou incendies, les opérations de sabotage se multiplient.

Le flou persiste sur leurs auteurs. Officiellement, Kiev nie toute intervention en Russie. Car Washington, premier pourvoyeurs d'armes et de matériel militaire vers l'Ukraine, a encore rappelé vendredi que ses équipements ne devaient pas être utilisés sur le sol russe, afin d'éviter l'escalade.

Le discours officiel... et la réalité

Cette photo diffusée par la chaîne Telegram du gouverneur de la région de Belgorod, Vyacheslav Gladkov, montre des maisons endommagées, une action que Moscou a imputé à des saboteurs militaires ukrainiens. [Keystone]
Cette photo diffusée par la chaîne Telegram du gouverneur de la région de Belgorod, Vyacheslav Gladkov, montre des maisons endommagées, une action que Moscou a imputé à des saboteurs militaires ukrainiens. [Keystone]

"L'Ukraine n'intervient pas en Russie. Nous manquons de moyens pour repousser l'armée russe des territoires occupés. Alors c'est là uniquement que nous nous concentrons", martèle ainsi le conseiller à la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak, interrogé par la RTS.

Selon lui, ces actes de sabotage sont commis par des dissidents russes. Le conseiller de Volodymyr Zelensky insiste d'ailleurs: pour lui, le conflit se terminera lorsque le régime russe s'autodétruira.

Mais derrière les discours officiels, la réalité est évidemment plus complexe. Et sur le terrain, les principaux concernés, les militaires, présentent parfois une version différente.

C'est le cas du conseiller militaire Dmytro Korchynskiy, chef du "bataillon de la fraternité" ("Bratstvo battalion"). Nationaliste et ultra croyant, il assume: oui, un tiers de ses hommes mènent des opérations de sabotage sur le sol russe. Ils mènent des opérations de destructions d'infrastructures militaires, de routes d'approvisionnement et visent aussi des cibles humaines.

Discours officiel "lâche"

Dans les bureaux du bataillon, une unique carte, immense, est collée au mur. Pas celle de l'Ukraine mais celle de la Russie. Un autre indice sans équivoque.

Selon Dmytro Korchynskiy, la plupart des sabotages menés sur le sol russe sont le fait de son bataillon, même s'il se dit incapable d'en donner la proportion exacte. Avec, pour ces hommes, des risques immenses. Plusieurs ont déjà été tués.

"Ils traversent la frontière russo-ukrainienne en choisissant les passages hors ligne de front. Il y a de nombreuses zones minées... Des détecteurs et des caméras vidéo. Mais avec une bonne préparation de nos renseignements, il est possible de passer", expose-t-il.

Pour ce chef militaire, ceux qui estiment qu'on peut gagner la guerre sans faire de sabotage côté russe sont des "lâches".

Dmytro Korchynskiy pose devant les portraits de quatre combattants morts dans une opération de sabotage en Russie qui a échoué. [Keystone - Maurine Mercier]
Dmytro Korchynskiy pose devant les portraits de quatre combattants morts dans une opération de sabotage en Russie qui a échoué. [Keystone - Maurine Mercier]

"Intensifier les opérations"

Quant au risque que ces opérations offensives n'alimentent la rhétorique victimaire de Vladimir Poutine et contribue ainsi à mobiliser la population russe autour de la défense de leur nation, Dmytro Korchynskiy le balaie: "Avec ou sans nos opérations, Poutine convainc sa population de ce qu'il veut!"

"Nous allons maintenant essayer d'intensifier nos activités, d'autant que les forces armées ukrainiennes lancent une contre-offensive", poursuit-il. "Cela devient encore plus important."

Quant au financement des opérations, il reste évasif et concis: comme pour beaucoup d'autres bataillons, ce sont les volontaires qui lui permettent de faire la guerre.

>> Lire également : Belgorod, la base logistique russe devenue la cible des Ukrainiens

Maurine Mercier/jop

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