Modifié

La situation reste tendue au nord du Kosovo après des violents heurts

Après les heurts hier avec les Serbes du Kosovo, la KFOR renforce sa présence
Après les heurts hier avec les Serbes du Kosovo, la KFOR renforce sa présence / 19h30 / 2 min. / le 30 mai 2023
La situation demeure tendue mardi dans le nord du Kosovo. Des manifestants serbes continuent d'affluer devant la municipalité de Zvecan, théâtre la veille de violents heurts qui ont fait une centaine de blessés, dont une trentaine parmi des soldats de la force internationale.

Des soldats en tenue anti-émeutes de la KFOR, la force multinationale emmenée par l'Otan, ont placé une barrière métallique autour de la mairie pour empêcher plusieurs centaines de Serbes d'y accéder. L'organisation atlantique a aussi annoncé l'envoi de nouvelles forces au Kosovo, "une mesure de prudence pour s'assurer que la KFOR dispose des capacités dont elle a besoin pour maintenir la sécurité".

Trois véhicules blindés de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l'ire des Serbes majoritaires dans quatre localités du nord du Kosovo, étaient aussi garés devant la mairie.

Les manifestants réclament le départ des maires albanais qu'ils qualifient "d'illégitimes" et celui de la police kosovare.

Une centaine de blessés en tout

Lundi à Zvecan, les manifestants serbes avaient été dans un premier temps repoussés par les forces kosovares qui ont fait usage de gaz lacrymogène.

>> Voir aussi des images de la situation à Zvecan :

La situation reste tendue au Kosovo
La situation reste tendue au Kosovo / L'actu en vidéo / 43 sec. / le 30 mai 2023

La KFOR avait ensuite tenté de séparer les deux parties avant de commencer à disperser la foule. Des protestataires avaient répliqué en lançant des pierres et des cocktails Molotov en direction des soldats.

Au total, 19 soldats hongrois et 11 italiens ont été blessés dans ces heurts, a annoncé mardi la KFOR dans un communiqué, précisant qu'ils souffraient notamment de "fractures et des brûlures causées par des engins explosifs incendiaires improvisés".

Au moins 52 personnes ont été blessées dans les rangs des manifestants serbes, dont trois grièvement, a dit le président serbe Aleksandar Vucic. Cinq manifestants serbes ont été arrêtés, selon la police kosovare.

La situation avait déjà dégénéré vendredi lorsque les maires étaient venus prendre leurs fonctions accompagnés par les forces de l'ordre.

>> Le compte-rendu de Forum :

Nouvelle flambée de violence au Kosovo
Nouvelle flambée de violence au Kosovo / Forum / 3 min. / le 30 mai 2023

L'indépendance pas reconnue

Les Serbes ont boycotté les municipales d'avril dans ces localités, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5%.

Ces édiles ont été intronisés la semaine dernière par le gouvernement d'Albin Kurti, le Premier ministre de ce territoire en très large majorité peuplé d'Albanais.

>> Relire : Des membres de la KFOR blessés dans des heurts au nord du Kosovo

La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province et des tensions éclatent régulièrement entre Belgrade et Pristina. Quelque 120'000 Serbes vivent au Kosovo (qui compte 1,8 million d'habitants) dont un tiers environ dans le nord.

agences/lan

Publié Modifié

Des condamnations internationales

Ces attaques ont été qualifiées de "totalement inacceptables" par l'Otan à Bruxelles. Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a lui appelé Serbes et Kosovars à "désamorcer les tensions immédiatement et sans condition".

Le Département fédéral des affaires étrangères a condamné fermement les heurts et appelé au retour au calme dans la région.

Les troupes de la KFOR garantissent la sécurité dans la région, pouvait-on lire mardi dans un tweet du DFAE. De telles provocations devraient être évitées."Il n'y a pas de militaires suisses parmi les soldats blessés de la KFOR", a indiqué le Département fédéral de la défense.

La France a elle aussi condamné "avec la plus grande fermeté" ces violences. Paris "appelle les parties, en particulier le gouvernement du Kosovo, à prendre immédiatement les mesures qui s'imposent pour réduire les tensions".

Pour sa part, la Russie a appelé l'Occident à mettre fin à sa "propagande mensongère" sur les violences au Kosovo et à arrêter de rejeter la responsabilité des incidents au Kosovo sur les Serbes poussés au désespoir qui cherchent de manière pacifique (...) à défendre leurs droits et libertés légitimes", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères.

Le Kosovo, "le coeur de la Serbie" pour Novak Djokovic

Après son match de lundi à Roland-Garros, le Serbe Novak Djokovic, armé de son marqueur, a inscrit quelques mots en cyrillique sur la caméra du court Philippe-Chatrier. Des mots en guise de message politique: "Le Kosovo c'est le coeur de la Serbie! Stop à la violence."

Le joueur s'est justifié ensuite en conférence de presse devant les journalistes serbes. "C'est un sujet sensible. Je ressens une responsabilité supplémentaire en tant que personnalité publique et en tant que fils d'un homme né au Kosovo d'apporter mon soutien à tout le peuple serbe. C'est le moins que je puisse faire. Je ne suis pas un politicien et je n'ai pas l'intention d'engager un débat", a-t-il dit.

Ce n'est pas la première fois que le joueur serbe parle du Kosovo: en janvier 2008, après sa première victoire en Grand Chelem à l'Open d'Australie, il avait déclaré: "Le Kosovo est la Serbie."

La phrase de Djokovic pourrait toutefois ne pas rester sans suite car la charte d'éthique de Roland-Garros proscrit les prises de position politique ou religieuse. "Je ne sais pas s'ils vont me sanctionner", a-t-il répondu en conférence de presse.

>> Les précisions du 19h30 :

Après son match victorieux hier à Roland Garros, Novak Djokovic a publiquement pris position pour la Serbie
Après son match victorieux hier à Roland Garros, Novak Djokovic a publiquement pris position pour la Serbie / 19h30 / 2 min. / le 30 mai 2023