Selon la dernière enquête suisse sur la santé (ESS 2017), 19,1% de la population fume quotidiennement tandis que 8% grillent occasionnellement une cigarette. En moyenne, les hommes et les jeunes fument davantage, la proportion diminuant avec l'âge. Ainsi, la catégorie qui fume le plus est celle des jeunes hommes de 25 à 34 ans (42,1%). Tous les ans, quelque 9500 personnes décèdent à cause du tabagisme.
La Nouvelle-Zélande au pas de charge contre la cigarette
Certains pays sont précurseurs dans la lutte contre le tabagisme. C'est le cas du Turkménistan, en Asie centrale, dont le régime autoritaire a totalement interdit le tabac sur son territoire en 2016.
Dans un registre plus démocratique, la Nouvelle-Zélande a récemment mis en place de nombreuses interdictions. À compter de 2023, il est interdit pour toutes les personnes nées après 2008 d'acheter des cigarettes. L'âge légal pour acheter du tabac, actuellement fixé à 18 ans, sera relevé d'un an chaque année dès 2027. Les points de vente doivent aussi être divisés par 10.
>> Lire à ce sujet : Un rapport anglais recommande d'augmenter chaque année l'âge légal pour acheter du tabac
En revanche, le vapotage n’est pas inclus dans ces mesures, alors qu'il y est très populaire parmi les étudiantes et les étudiants.
Actuellement, 13% des adultes néo-zélandais fument. Le pays espère arriver à 5% d'ici 2025. Ce taux est toutefois bien plus élevé (30%) dans la population indigène maorie.
L'Australie a également mis en place des mesures drastiques. Elle a introduit l'emballage "neutre" en 2012 et le prix d'un paquet de cigarettes peut y avoisiner 30 francs. La loi stricte interdit de fumer dans la quasi-totalité des lieux publics, y compris des cigarettes électroniques. Résultat: le taux de fumeurs est passé de 50% dans les années 1950 à moins de 15%.
D’autres pays, comme le Canada, visent de passer sous la barre de 5% à l’horizon 2035.
Une Suède sans tabac mais pas sans nicotine
La Suède, de son côté, pourrait bientôt devenir le premier grand pays d'Europe à être considéré comme "non fumeur", c'est-à-dire avec un taux de tabagisme de moins de 5%. Il y est actuellement aux alentours de 7%, et même de moins de 3% chez les jeunes, contre une moyenne proche de 30% dans l'UE. Des chiffres qui ont une incidence sur le taux de cancers du poumon, largement en dessous de la moyenne européenne.
Dans ce pays, il est interdit de fumer aux terrasses des cafés, aux arrêts de bus, dans les gares et dans de nombreux parcs depuis 2019. L'interdiction concerne également la cigarette électronique. Fumer dans les lieux publics était déjà prohibé depuis 2005.
Mais si les Suédoises et les Suédois n'ont pas tellement le vice de la cigarette, le snus y est très populaire. Ces petits sachets, traditionnellement emplis de tabac à sucer, constituent une alternative plus discrète, moins odorante et moins nocive pour les poumons qui concerne 12% des Suédois, soit un peu plus d’un million de personnes.
Si bien qu'aujourd'hui, le snus se décline même sans tabac avec un vaste choix d’arômes. Mais la nicotine, elle, est toujours là, et avec des concentrations souvent plus élevées que dans une cigarette. D'où un risque certain de dépendance, et des risques accrus de cancers de l'oesophage ou du pancréas.
Malgré cela, l'industrie suédoise a réussi à imposer l’idée que ses produits sont meilleurs pour la santé et présentent même le snus comme un substitut pour arrêter de fumer.
Texte web: Pierrik Jordan
Une industrie qui favorise la dépendance du Sud Global
Le tabac est souvent cultivé dans des pays frappés d’insécurité alimentaire aiguë. Ainsi, si la surface mondiale dédiée au tabac a nettement baissé ces 15 dernières années, elle a augmenté de près de 20% sur le continent africain, contribuant au passage à la déforestation. Si bien que les Nations unies cherchent désormais purement et simplement à éradiquer ces cultures.
Pourtant, on lit encore souvent que la culture du tabac aurait une grande importance économique dans ces pays. Un mythe qu'il faut démonter de toute urgence, selon Rüdiger Krech, directeur de la promotion de la Santé à l'OMS: elle contribue à moins de 1% du PIB mondial et ses bénéfices sont captés par les multinationales.
Par ailleurs, cette industrie contribue à la dépendance des pays du Sud, en piégeant les agriculteurs dans un cercle vicieux d'endettement.
Pour les en sortir, l'OMS et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont soutenu un programme au Kenya depuis un an, à l'aide de micro-crédits, d'achats directs et de réorientation vers de nouvelles cultures alimentaires. Ce programme devrait s'étendre à la Zambie, puis à des pays d'Asie et d'Amérique du sud.