L'Otan envoie des renforts pour contenir les manifestants serbes dans le nord du Kosovo
Les protestataires se sont réunis devant la mairie de Zvecan, lourdement protégée par les soldats de la KFOR, la force multinationale emmenée par l'Otan au Kosovo. Ses soldats encerclent le bâtiment municipal et ont renforcé la défense des lieux avec du fil barbelé et une barrière en métal.
Les manifestants, calmes pour l'instant, ont déployé un gigantesque drapeau serbe de plus de 200 mètres de long entre le centre-ville et les abords de la mairie. Ils ont également accroché des drapeaux serbes à la barrière métallique installée par la Kfor.
Elections contestées
Depuis quelques jours, la situation est très tendue dans la région, qui va de crise en crise depuis des années. De nombreux membres de la communauté serbe majoritaire dans quatre villes du nord ne reconnaissent pas l'autorité de Pristina et sont fidèles à Belgrade.
Les Serbes ont boycotté les municipales d'avril dans ces localités, ce qui a abouti à l'élection de maires albanais avec une participation de moins de 3,5%. Leur intronisation la semaine dernière par le gouvernement kosovar a mis le feu aux poudres.
Trois véhicules blindés des forces spéciales de la police kosovare, dont la présence suscite toujours l'ire des Serbes, étaient garés devant la mairie. Les manifestants réclament le départ des maires albanais jugés "illégitimes" et celui de la police kosovare.
Envoi de renforts
Lundi, 30 soldats de la KFOR avaient été blessés lors d'affrontements avec les protestataires serbes, impliquant des jets de cocktail Molotov et de pierres. Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan, a dénoncé des attaques "inacceptables" et annoncé en conséquence l'envoi de renforts.
"Nous avons décidé de déployer 700 soldats supplémentaires de la force de réserve opérationnelle pour les Balkans occidentaux et avons mis un autre bataillon des forces de réserve en état d'alerte avancé", a-t-il dit.
"La violence fait reculer le Kosovo et toute la région et met en péril les aspirations euro-atlantiques", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. Du côté des protestataires, Belgrade a annoncé 52 blessés.
Une décennie de conflit
La Serbie, soutenue par ses alliés russe et chinois, n'a jamais reconnu l'indépendance proclamée en 2008 par son ex-province, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles indépendantistes albanais.
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L'Union européenne, qui fait office de médiateur entre les deux anciens ennemis depuis une décennie, a appelé les deux parties à "désamorcer les tensions immédiatement et sans conditions".
La guerre du Kosovo, où vivent 1,8 million d'habitants en très grande majorité albanais, avait pris fin en 1999 avec une campagne de bombardements de l'Otan emmenée par les Etats-Unis.
La minorité serbe compte 120'000 membres, dont un tiers environ vivent dans le nord. Belgrade exige l'application d'un accord de 2013 prévoyant la création d'une association de dix municipalités à majorité serbe. Mais nombre de Kosovars albanais craignent la création d'un gouvernement parallèle contrôlé par la Serbie.
afp/edel
Sanctions américaines
Les Etats-Unis, alliés historiques du Kosovo dont ils ont défendu l'indépendance, ont mis en cause la responsabilité du Premier ministre kosovar Albin Kurti dans la crise.
"Nous avons demandé très directement au Premier ministre de prendre des mesures immédiates pour parvenir à une désescalade dans le nord. Il n'a pas répondu à ces demandes", a déclaré l'ambassadeur américain à Pristina Jeffrey Hovenier,
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré que sa décision sur l'intronisation des maires avait "fortement et inutilement aggravé les tensions".
Washington a également exclu le Kosovo d'un programme d'exercices militaires multinational, sa première sanction contre Pristina.
Les Etats-Unis menacent aussi de manière inédite de mettre fin au soutien diplomatique en faveur de la reconnaissance internationale du territoire des Balkans, reconnu pour l'heure par une centaine de pays.