S'il était déjà commun de déposer son bagage sur une balance lors de l'enregistrement, il n'en était pas question pour les passagers. Ils devront désormais eux aussi monter sur la balance en embarquant sur les vols d'Air New Zealand.
L'autorité de l'aviation civile néo-zélandaise demande en effet à sa compagnie aérienne nationale de peser les passagers des vols internationaux au départ de l'aéroport d'Auckland jusqu'au 2 juillet 2023.
L'enquête porte sur plus de 10'000 voyageurs. Selon le communiqué de la compagnie, l'analyse est essentielle à l'exploitation "sûre et efficace de l'appareil et constitue une exigence de l'autorité de l'aviation civile". Elle vise à recueillir des données sur la charge et la répartition du poids des avions.
Nécessité légale de sécurité
Interrogé dans Forum mercredi, Gérard Feldzer, chroniqueur, ancien pilote Air France et président de l'ONG Aviation sans Frontières, explique que cette mesure est une obligation et qu'elle permet de mettre les poids gabarits à jour. "Il y a quatre facteurs importants à prendre en compte pour un décollage réussi: la longueur de la piste qui nous oblige à réduire les masses transportées, sa température, plus c'est haut, moins on peut emporter de passagers. Il y a aussi le fret et le carburant. Donc aujourd'hui, la seule possibilité raisonnable qu'ont les compagnies aériennes est de jouer sur le poids des bagages et passagers."
Or, les avions étant de plus en plus lourds et la population aussi, il est primordial de prendre ces nouveaux poids moyens en compte pour estimer au mieux la capacité de l'appareil et bien répartir les poids. "Il a fallu revoir les normes des poids des passagers: pour les hommes, le poids moyen est passé de 84 à 90 kg et de 69 à 81 kg pour les femmes. Le centrage peut ainsi mieux être fait", développe l'expert. "L'aviation civile demande de mettre ces normes à jour tous les six mois", ajoute-t-il.
Une distinction est faite pour les femmes, les hommes et les enfants.
Peser se fait déjà
De toute façon, avant le décollage, le pilote connaît déjà le poids de tout ce qui est transporté, assure Alastair James, spécialiste de l'amélioration du contrôle du chargement chez Air New Zealand, dans le communiqué. "Nous pesons tout ce qui se trouve dans l'avion, du fret aux repas à bord, en passant par les bagages dans la soute. Pour les clients, l'équipage et les bagages de cabine, nous utilisons des poids moyens."
Peser les passagers n'est pas une nouveauté pour la compagnie qui avait déjà réalisé la même enquête sur ses vols domestiques en 2021. Il était déjà prévu à l'époque que les vols internationaux s'y mettent aussi mais la pandémie a décalé l'agenda.
"Aucun problème de confidentialité"
Particulièrement intime, l'information collectée sera protégée de façon à ne pas être rendue visible par l'équipage. "Nous savons qu'il peut être intimidant de monter sur la balance. Nous tenons à rassurer nos clients: il n'y a pas d'affichage visible. Personne ne peut voir votre poids, pas même nous! C'est totalement anonyme", a rassuré Alastair James.
"C'est simple, c'est volontaire, et en vous pesant, vous nous aiderez à vous faire voler en toute sécurité et efficacement, à chaque fois", a-t-il insisté.
Propos recueillis par: Mehmet Gultas
Adaptation web: Julie Marty