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Les liens entre le Rassemblement national et la Russie dénoncés dans un rapport

Jordan Bardella et Marine Le Pen, les têtes dirigeantes du Rassemblement national. [Keystone - EPA/Teresa Suarez]
Liens entre le RN et la Russie / La Matinale / 1 min. / le 2 juin 2023
"Courroie de transmission", "rapprochement idéologique", "alignement", "contacts fréquents": un rapport parlementaire français dénonce les liens entre le Rassemblement national et la Russie. Marine Le Pen a taxé ce texte de "malhonnête" et "politisé".

Des extraits de ce rapport de la commission parlementaire d'enquête sur les ingérences étrangères ont fuité dans les médias français jeudi.

Constance Le Grip, députée du parti présidentiel Renaissance, y insiste sur "l'alignement" du Front national (FN), devenu Rassemblement national (RN), sur le "discours russe" au moment de "l'annexion illégale" de la Crimée en 2014, année pendant laquelle le parti contractait un prêt auprès d'une banque tchéco-russe.

Une commission d'enquête demandée par le RN

Le RN avait lui-même lancé cette commission d'enquête parlementaire, précisément pour tenter de couper court aux accusations régulières de proximité avec la Russie.

Le parti "voulait instrumentaliser cette commission d'enquête. C'est un fiasco pour eux et ça leur revient dans les dents", a réagi l'écologiste Julien Bayou.

Les élus du RN, dont le président de la commission Jean-Philippe Tanguy, ont voté contre le rapport, adopté au final par 11 voix contre 5, selon une source parlementaire.

La France Insoumise (extrême gauche) s'est abstenue. Cela montre "a minima une désinvolture coupable" du RN à l'égard de la Russie, mais il n'est pas "exhaustif" sur l'influence d'autres Etats en France, estime le député Aurélien Saintoul (LFI).

Des contacts fréquents

Dans la version du rapport présentée aux députés jeudi, qui doit être publié la semaine prochaine, Constance Le Grip estime que le lien entre la Russie et le premier parti d'extrême droite française est "ancré dans la durée".

Mais la "stratégie de rapprochement politique et idéologique" avec Moscou tend à se "structurer et s'accélérer" à partir de l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti en 2011, pointe le rapport.

Il relate les "contacts fréquents" entre des élus FN/RN avec des responsables russes, ainsi que l'accueil de Marine Le Pen par Vladimir Poutine le 24 mars 2017 au Kremlin, quelques semaines avant le premier tour de la présidentielle de 2017.

"Tous ses propos sur la Crimée, réitérés lors de son audition par la commission d'enquête, reprennent mot pour mot les éléments de langage officiels du régime de Poutine", dénonce Constance Le Grip.

Elle estime toutefois qu'il y a eu une "atténuation des prises de position prorusses du Rassemblement national et de Marine Le Pen", après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, "condamnée sans ambages".

Le RN dénonce une "mascarade"

Lors d'une conférence de presse dans le nord de la France, Marine Le Pen a balayé les conclusions de Constance Le Grip, dénonçant "un procès politique". "Il n'y a rien, en fait", a-t-elle poursuivi, estimant que le rapport était "à l'image de la rapporteure, c'est-à-dire sectaire, malhonnête et tout à fait politisé".

Le président RN de la commission Jean-Philippe Tanguy a dénoncé une "mascarade". "Il n'y a aucun élément à charge".

Marine Le Pen avait été auditionnée le 24 mai devant cette commission. Sous serment, elle avait récusé toute contrepartie politique en échange du prêt russe contracté par l'ex-Front national.

"Je conteste formellement avoir pris quelque décision que ce soit pour faire plaisir à quiconque", avait-elle expliqué, faisant valoir que "l'arrivée ou non d'un prêt n'a pas changé d'un iota les opinions qui étaient les nôtres depuis toujours".

boi avec afp

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