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A l'image de la Sardaigne, l'île qui ne fait plus d'enfants, la natalité est au plus bas en Italie

La Sardaigne a le taux de fécondité le plus bas d'Europe. Elle propose 600 euros par mois pour doper les naissances.
La Sardaigne a le taux de fécondité le plus bas d'Europe. Elle propose 600 euros par mois pour doper les naissances. / 19h30 / 2 min. / le 2 juin 2023
L'Italie possède le taux de natalité le plus bas d'Europe. La précarité ainsi que les difficultés pour les femmes de concilier maternité et vie professionnelle sont en cause. Liée au vieillissement de la population, cette dénatalité inquiète le gouvernement italien.

La localité d'Oristano, en Sardaigne, détient un triste record en Italie: 46 naissances pour 1000 habitants. Son syndic Massimiliano Sanna explique ses inquiétudes vendredi dans le 19h30 de la RTS: "C'est l'une des cités où l'on vit le mieux, notre province a l'une des meilleures qualités de vie, mais pour les plus de 65 ans."

Au-delà de ce cas particulier, c'est tout le pays qui est concerné. En 2022, seulement 393'000 enfants sont nés en Italie. Le taux de fécondité a chuté à 1,24 enfant par femme, moins qu'en Suisse (1,38) et que dans le reste de l'Europe (1,5). La Sardaigne se classe même en queue de peloton avec un taux de 0,95 naissance par femme.

La Sardaigne ne fait plus d'enfants

Alessandra, 38 ans, vient de mettre au monde son premier enfant. Elle s'estime chanceuse, car elle bénéficiera du bonus bébé. "La région va donner une allocation pour inciter les naissances, 600 euros par mois, ce n'est pas rien", se réjouit-elle.

A la maternité, sa voisine de chambre Eleonora vient d'avoir son deuxième enfant. En Sardaigne, elle est considérée comme exceptionnelle car, en choisissant d'avoir plusieurs enfants, ses nouvelles recherches d'emploi seront problématiques. "Dans les entretiens d'emploi, on nous le demande, et c'est pénalisant dans certains cas," dénonce la jeune maman.

Ces mamans sont des héroïnes. Quand je les visite, je leur dis qu'elles font un cadeau à la société

Francesca Campus, Docteur et responsable service gynécologie-obstétrique de l'hôpital d’Oristano

Cette année, à la maternité d'Oristano, à peine 180 bébés sont nés. Pour le personnel de l'hôpital, ces femmes sont des mères courage, affirme la responsable du service gynécologie-obstétrique Francesca Campus. "Ce sont des héroïnes! Quand je les visite, je leur dis: avec ce bébé, vous avez fait un cadeau à vous-même, mais surtout à la société."

Ici, les enfants sont des créatures en voie de disparition. Pour aider les familles, la crèche locale va donc désormais ouvrir ses portes jusqu'à 16h30. Une petite révolution, selon le syndic d'Oristano: "Pour pouvoir s'occuper de leurs enfants, les mamans doivent souvent renoncer à leur emploi."

Les migrants seraient-ils la solution?

La précarité d'emploi est la cause principale de la dénatalité, pourtant il n'en a pas toujours été ainsi, explique un habitant de l'île. "Avant, beaucoup de familles avaient 6, 7 voire 10 enfants."

L'afflux de migrants en Italie pourrait résoudre les problèmes liés à la dénatalité, notamment le manque de main d'oeuvre. Pourtant, le restaurateur du "Riva Nord" de Torregrande se plaint de ne pas trouver de personnel pour son bar, pour le service en salle et en cuisine. "Je n'ai pas reçu de demandes de migrants, donc je ne sais pas quoi penser."

Pour freiner le vieillissement de la population, le gouvernement italien estime que l'accueil des migrants n'est pas la solution. Il veut inciter les familles à procréer. Objectif d'ici 2030: 500'000 bébés par an.

>> Lire aussi : Ne joignant plus les deux bouts, les Italiens font toujours moins d'enfants

Sujet TV: Valérie Dupont

Adaptation web: Miroslav Mares

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