L'assèchement du Grand Lac Salé libère une poussière dangereuse pour les habitants de l’Utah
Les variations du niveau de l’eau au fil des saisons sont normales pour le "Great Salt Lake". Mais sur plusieurs décennies, la tendance inquiète. Le lac ne contient en effet plus qu'un quart du niveau enregistré en 1985.
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Depuis des années, la biologiste Bonnie Baxter mesure la salinité et observe l’assèchement du Grand Lac Salé. Ses observations l'inquiètent et elle n’hésite plus aujourd'hui à tirer la sonnette d’alarme.
"Nous avons mesuré le rythme du déclin du lac et nous l’avons projeté sur l’avenir. Nous avons montré que dans environ cinq ans, le lac aura disparu", affirme la professeure de biologie au Westminster College de Salt Lake City dans le 12h45 de la RTS.
Une poussière toxique libérée
En outre, en l’absence d’eau, une poussière toxique est libérée dans l’air. "Quand le vent souffle et qu'il fait sec, la poussière s’abat sur les habitations", explique Kevin Perry, professeur en science de l’atmosphère à Université de l’Utah.
Cette poussière affecte déjà l’agglomération de Salt Lake City, toute proche. Ces émanations provenant du plus grand lac salé d'Amérique du Nord provoquent des maladies respiratoires, voire plus graves.
"Mes recherches ont découvert que le sol contenait une forte concentration en arsenic. Et l’arsenic est cancérigène", s'inquiète le chercheur.
Utilisation irrationnelle de l'eau
Cette baisse du niveau du lac présente donc un risque de santé publique pour toute la région. Et pourtant, les origines du problème sont bien connues.
Selon Kevin Perry, si le changement climatique et la sécheresse y contribuent, environ 70% de la baisse du niveau du lac est attribuée à une utilisation irrationnelle des cours d’eau. "Nous utilisons trop d'eau, surtout pour l'agriculture, mais aussi pour les villes, qui gaspillent une eau nécessaire à la survie du lac", précise-t-il.
Cette baisse menace aussi la biodiversité. Dix millions d’oiseaux migrateurs s’arrêtent au Grand Lac Salé chaque année, pour profiter des réserves de crevettes de saumure.
Face à cette évolution, le Parlement de l’Utah tente de réguler la consommation d’eau. "C’est trop peu, trop tard", estime Bonnie Baxter. "Mais c’est un début et je pense qu'il faut tout essayer. Il n’y a pas de solution miracle."
Sujet TV: Gaspard Kühn
Adaptation web: Emilie Délétroz