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Recep Tayyip Erdogan entame son troisième mandat présidentiel en Turquie

Recep Tayyip Erdogan entame son troisième mandat présidentiel. [AP Photo - Ali Unal]
Recep Tayyip Erdogan entame son troisième mandat présidentiel / Le Journal horaire / 14 sec. / le 3 juin 2023
Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans en Turquie, a entamé samedi son troisième mandat de président. Le chef de l'Etat de 69 ans, réélu le 28 mai avec 52% des suffrages, a prêté serment devant le Parlement pour un nouveau mandat de cinq ans et promis "d'assumer son devoir avec impartialité".

Il devait se recueillir au mausolée du fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, avant des cérémonies protocolaires au palais présidentiel et un grand dîner le soir, après lequel il annoncera la composition de son gouvernement.

"En qualité de président, je jure de protéger l'existence et l'indépendance de l'État, l'intégrité de la patrie, la souveraineté inconditionnelle de la nation, l'État de droit (et) le principe d'une république laïque" telle que conçue par Atatürk, le "père des Turcs", a déclaré le président connu pour la défense de positions islamo-conservatrices.

L'Otan et la Suède

Outre une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement, selon la presse pro-gouvernementale, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Otan - à laquelle appartient la Turquie - avait confirmé sa présence. Il doit tenter une nouvelle fois de lever le veto turc à l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique, barrée depuis treize mois, si possible avant un sommet de l'Organisation à Vilnius en juillet.

"Message limpide à nos amis suédois! Respectez vos engagements (...) et prenez des mesures concrètes dans la lutte contre le terrorisme. Le reste suivra", a tweeté jeudi soir l'actuel ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.

Malgré une Constitution amendée et une nouvelle loi contre le terrorisme, Ankara reproche toujours à la Suède d'abriter des réfugiés kurdes qu'elle qualifie de "terroristes".

>> Voir le sujet du 19h30 à propos de l'entrée de la Suède dans l'Otan :

Depuis plus d’un an, la Turquie bloque l’entrée de la Suède dans l’Otan
Depuis plus d’un an, la Turquie bloque l’entrée de la Suède dans l’Otan / 19h30 / 2 min. / le 3 juin 2023

Economie en berne

Autre dossier brûlant, la liste des ministres qui sera annoncée dans la soirée, après les festivités, doit donner une idée des orientations retenues par le chef de l'Etat pour redresser l'économie en crise. Pour cette tâche ardue, le nom d'un expert reconnu, Mehmet Simsek, circule avec insistance depuis plusieurs jours.

Ancien ministre des Finances (2009-2015) puis vice-Premier ministre chargé de l'Economie (jusqu'en 2018), Mehmet Simsek, 56 ans, ancien économiste à la banque américaine Merrill Lynch, serait chargé de rétablir un peu d'orthodoxie afin de ramener la confiance des investisseurs.

Arménie et Azerbaïdjan

Selon les médias turcs, plus d'une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement et quarante-cinq ministres étrangers devaient assister aux cérémonies qui s'achèveront par une réception au gigantesque palais présidentiel bâti par le chef de l'Etat sur une colline à l'écart du centre de la capitale.

Parmi la foule des alliés traditionnels, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian prendra place au côté du président d'Azerbaïdjan Ilham Aliev et les Premiers ministres de Hongrie, Viktor Orban, qui renâcle également à ouvrir les portes de l'Otan à la Suède, et du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, qui furent parmi les premiers à le féliciter pour sa réélection.

L'Arménie et la Turquie n'ont jamais officiellement établi de relations diplomatiques et leur frontière commune est fermée depuis les années 1990, mais un rapprochement a été amorcé depuis le début 2022, en dépit du soutien affiché d'Ankara à Bakou sur la question du Haut-Karabakh qui oppose Erevan à l'Azerbaïdjan.

furr avec ats

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La non-liberté de la presse en Turquie

Pendant la campagne présidentielle, l’opposition et les ONG de défense de la liberté de la presse ont dénoncé une couverture médiatique largement en faveur du président sortant et les pressions subies par les médias d’opposition. Ces pressions se sont poursuivies aussitôt après la victoire de Recep Tayyip Erdogan.

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel, le RTÜK, a en effet annoncé cette semaine avoir ouvert une enquête contre six chaînes d'opposition. La raison invoquée: leur couverture du second tour de l'élection présidentielle.

Les chaînes visées sont toutes des chaînes d’opposition habituées à ce genre d’enquêtes, très souvent suivies de sanctions économiques.

La Turquie, 165ème sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF), fait régulièrement parler d’elle pour ses procès de journalistes. Toujours selon RSF, le président Erdogan aurait aujourd'hui la mainmise sur 85% des médias nationaux.

>> Ecouter le sujet de Forum sur la liberté de la presse en Turquie :

Recep Tayyip Erdogan entame son troisième mandat présidentiel. [AP Photo - Ali Unal]AP Photo - Ali Unal
Réélu à la tête de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan fait pression contre les médias d’opposition / Forum / 2 min. / le 3 juin 2023