C'est le nom donné aux navires qui ne se plient pas à la loi les obligeant à diffuser leur position et leur identité via le système d’identification automatique.
D’après le site d’informations Bellingcat, qui a accédé à plus de 140 images satellite, le terminal Avlita, dans le port de Sébastopol, en Crimée, n’est pas aussi déserté qu’il devrait l’être en raison des sanctions internationales.
Plus d’une centaine de bateaux fantômes auraient transporté des céréales ukrainiennes volées par la Russie. Et pendant ce temps, les exportations de céréales ukrainiennes ont diminué de plus de moitié le mois dernier par rapport à il y a un an.
Contrebande de pétrole
Mais il n’y a pas que dans les céréales que Moscou est soupçonné de contourner les sanctions. La Russie semble aussi avoir mis en place toute une flotte fantôme pour acheminer son pétrole essentiellement en Asie, et ainsi tromper l’embargo que l’Union européenne a imposé sur ses exportations d’or noir.
Le phénomène avait déjà été observé l’an dernier. Il existerait environ 600 tankers fantômes de taille plus ou moins importante. Surtout que les échanges sont possibles, et toujours plus élevés, avec de grands clients comme l’Inde, la Chine ou la Turquie.
Un danger pour la sécurité maritime
Ces navires fantômes représentent de vrais dangers dans l’espace maritime qu’ils traversent.
Comme les Russes n’ont plus accès aux grandes compagnies de transports et aux assureurs occidentaux, ils ont racheté de vieux bateaux, avec des pavillons complaisants et rarement assurés. Les détenteurs sont souvent de petites sociétés qui détiennent parfois un seul navire.
L’assureur Allianz cite des propriétaires basés par exemple au Venezuela ou en Corée du Nord et des compagnies inconnues dont les bâtiments voguent sous des pavillons de complaisance de Dubaï ou Hong Kong.
Ces vaisseaux fantômes sont donc en général vieux, mal entretenus, avec du personnel souvent moins bien qualifié, faisant encourir des risques d’incendies, de collisions et de marées noires.
Une dérive prévisible
Les responsables diplomatiques et militaires des pays occidentaux, en imposant les sanctions à la Russie, se doutaient probablement de ce qui allaient advenir. Par le passé, l'embargo sur le pétrole irakien avait eu des répercussions similaires, comme dans l'affaire du pétrolier Essex.
Et comme avec l'Irak, il n'est pas improbable que resurgisse la technique du "surlifting": on surcharge un bateau en plus de sa cargaison officielle pour aller ensuite transborder le pétrole dans les eaux internationales.
Sanctionner n’évite donc pas de contourner et le risque, au passage, de courir à la catastrophe n'est pas négligeable.
Sujet radio: Frédéric Mamaïs
Adaptation web: Julien Furrer