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Il y a 10 ans, Edward Snowden révélait au monde la surveillance américaine

Edward Snowden est intervenu par visioconférence à de nombreuses reprises, comme ici à Leipzig. [Keystone/DPA - Sebastian Willnow]
Retour sur les révélations d'Edward Snowden, 10 ans après / La Matinale / 2 min. / le 5 juin 2023
Il y a dix ans, le monde découvrait l'ampleur des systèmes de surveillance des Etats-Unis et du Royaume-Uni, grâce à un homme, Edward Snowden. Il dévoilait dans le quotidien britannique The Guardian des informations confidentielles sur les méthodes du renseignement américain. Quel impact ces révélations ont-elles eu?

Le 6 juin 2013, Edward Snowden, un ancien employé de la NSA, l'agence nationale de sécurité aux Etats-Unis, et de la CIA, commence à livrer des informations top secrètes qui mettent en lumière des systèmes d'écoutes de masse sur internet et des programmes de surveillance comme Prism.

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Une prise de conscience brutale, se souvient dans La Matinale de la RTS l'historien et spécialiste des nouvelles technologies Antoine Lefébure: "ça a été un choc, parce que personne n'imaginait qu'il y avait une véritable surveillance mondiale et que les Américains – parce que c'était les seuls qui avaient les moyens techniques – pouvaient espionner n'importe qui et n'importe où".

Et l'historien de souligner l'importance de cette révélation: "Personne ne l'imaginait, cela a été la vraie révélation de Snowden".

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"Les Américains ont réussi à couler toutes les tentatives"

Mais ces révélations ne servent pas à mettre un cadre à l'espionnage. Les tentatives sont infructueuses: "Il y a eu des projets à l'Union européenne, à l'ONU", se souvient l'historien.

"Mais à chaque fois, les Américains, qui ont dans ces organismes une puissance de frappe terrible, ont réussi à couler toutes les initiatives de parlementaires ou de gouvernements qui étaient opposés à cette surveillance. Il n'y a pas eu d'accord international, comme pour les armes chimiques par exemple."

>> Retrouvez aussi notre grand format sur "La Suisse sous couverture", la web-série qui décrypte les activités d'espionnage sur sol helvétique : "La Suisse sous couverture", la web-série qui décrypte les activités d'espionnage sur sol helvétique

"Certains Etats ont sous-traité à des entreprises privées"

Antoine Lefébure estime même que les effets sont contre-productifs pour la protection des citoyens. Les services de renseignements prennent des mesures pour se protéger, et ils confient la tâche à d'autres.

"Certains Etats ont sous-traité à des entreprises privées pour ne pas être trop pris la main dans le sac, et dans la mesure où ces techniques sont plus perfectionnées et moins chères, le privé s'en est emparé sans aucun principe."

Peu de principes et une opinion publique qui s'est globalement accommodée de cette surveillance. Dix ans plus tard, Edward Snowden est coincé en Russie, il aura personnellement payé un prix fort, sans avoir provoqué le changement qu'il espérait.

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Anouk Henry/ebz

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L'affaire Pegasus, quand le privé s'occupe de surveillance

Le logiciel israélien Pegasus a permis d'espionner des centaines de personnes, principalement issues de la société civile, à travers le monde. Sandrine Rigaud, rédactrice en chef du consortium international qui a dévoilé l'affaire, explique dans Forum comment le logiciel a permis une surveillance politique massive.

L'affaire a été révélée par une enquête internationale publiée dans plusieurs médias et coordonnée par le réseau de journalistes Forbidden Stories.

>> Lire : Le logiciel israélien Pegasus utilisé pour espionner des journalistes et militants

A la suite d'une fuite de données, ce consortium international a eu accès à une liste de 50'000 numéros de téléphone saisis par des clients de la société israélienne NSO Group afin d'être possiblement attaqués. Les numéros d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs et cheffes d'entreprise ont ainsi été espionnés via un logiciel nommé Pegasus dans au moins une vingtaine de pays, et notamment de manière massive au Maroc, au Mexique ou en Arabie saoudite.

>> Revoir le sujet du 19h30 :

Un logiciel espion israélien nommé Pegasus au coeur d'une affaire d'espionnage de dimension internationale.
Un logiciel espion israélien nommé Pegasus au coeur d'une affaire d'espionnage de dimension internationale. / 19h30 / 2 min. / le 19 juillet 2021

Ces révélations rappellent l'affaire Snowden qui avait notamment mis en lumière l'ampleur de la cybersurveillance à l'échelle mondiale. "La différence, c'est qu'aujourd'hui nous révélons les visages qui se cachent derrière les victimes des cybersurveillances", affirme Sandrine Rigaud, rédactrice en chef de Forbidden Stories.

>> Lire la suite : Pegasus est "un outil qui cible les personnes qui dérangent les autorités en place"