Un an après l'annulation de la jurisprudence qui a garanti, pendant un demi-siècle, le droit à l'avortement aux Etats-Unis, la Cour suprême américaine, à majorité conservatrice, rendra d'autres décisions très attendues ces prochaines semaines, notamment sur l'épineuse question de la discrimination positive.
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Au début des années 1960, John Fitzgerald Kennedy (JFK) est le premier président à employer le terme "affirmative action", l'expression anglaise pour parler de discrimination positive, qui revient à favoriser les minorités, pour gommer les inégalités.
"Au coeur de la question, il faut décider si tous les Américains doivent avoir les mêmes droits et les mêmes chances", déclarait JFK en 1963, alors que l'enjeu devenait pressant avec la lutte pour les droits civiques et les émeutes raciales.
Davantage d'étudiants noirs
En 1968, quatre semaines après l'assassinat de Martin Luther King, l'Université de Harvard, l'une des plus prestigieuses du pays, promet d'augmenter le nombre d'étudiants noirs. Une politique toujours d'actualité.
Les individus doivent être jugés en tant qu'individus, pas en tant que membre d'un groupe racial
Si les quotas sont interdits aux Etats-Unis, l'ethnicité demeure un facteur pris en compte dans les candidatures. C'est ce qui est aujourd'hui attaqué devant la Cour suprême par le stratège conservateur, Edward Blum, rencontré par la RTS dans son village du Maine, sur la côte nord-est du pays.
"On ne peut pas soigner les discriminations raciales des années 1940 et 1950 avec des nouvelles préférences raciales aujourd'hui. Harvard, Yale, Princeton: vous devez arrêter d'utiliser la race dans votre processus d'admission", appelle l'homme qui défie les grandes universités américaines.
"Diversité menacée"
"Aucun groupe racial n'a le monopole du talent ou de l'intelligence, mais certains étudiants ont plus de chances au départ, et la discrimination positive permet d'en tenir compte", rétorque Muskaan Arshad, une étudiante de Harvard, militante de la discrimination positive.
"La diversité sur le campus a changé ma vie. Je viens d'une région très homogène et très blanche, en Arkansas, et arriver ici, avec des gens de partout, ça a augmenté ma confiance en moi", confie-t-elle à la RTS. "Si ça ne se passe pas bien à la Cour suprême, la diversité sera menacée sur ce campus, mais aussi dans tout le pays", ajoute-t-elle.
La Cour suprême tranchera, mais les jours de la discrimination positive semblent comptés.
Gaspard Kühn/jgal