Il faisait froid en cette nuit de novembre 2015, lorsque Ryyan Alshebl est arrivé à Lesbos. "Il faisait nuit et pas une lumière ne brillait sur les côtes", se souvient-il à l'occasion d'une conférence de presse à Berlin, avant sa prise de fonction.
Après avoir accosté en Grèce, le jeune homme de 21 ans a traversé la Macédoine, la Serbie et la Croatie en transports publics et à pied, mettant au total douze jours pour atteindre Ostelsheim, dans le sud-ouest de l'Allemagne.
Il prend d'abord des cours d'allemand, puis décroche un stage dans une commune avoisinante pour devenir assistant administratif. A 29 ans, quand il se présente en candidat indépendant aux élections municipales, il axe sa campagne sur le numérique et la création d'un jardin d'enfants.
"Je suis devenu un autre homme"
"Le soir de l'élection, je n'ai presque rien ressenti, car dans une telle situation, on est juste abasourdi. Mais après quelques jours, j'ai compris que c'était davantage que l'élection d'un maire dans une petite commune de la Souabe. Cela avait été perçu dans le monde entier. Et pour moi, c'est le signe de l'ouverture d'esprit des électeurs", a-t-il expliqué dans La Matinale de mardi.
Son destin l'a transformé, selon lui. "Les circonstances m'ont obligé à développer une maturité précoce. Et à travers cela, je suis devenu un autre homme."
Ryyan Alshebl prendra officiellement ses fonctions de maire dans quelques jours . "Je ne sais pas très bien ce qui m'attend", a-t-il conclu en riant.
Blandine Milcent/lan avec afp