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Info et réseaux sociaux: chez les jeunes, les journalistes en perte d'influence

Fréquemment accusé en Occident d'être un outil d'influence, voire d'espionnage, de Pékin (ce dont il se défend), TikTok est selon l'étude particulièrement utilisé en Asie, en Amérique Latine et en Afrique. [Caroline Brehman]
Info et réseaux sociaux: chez les jeunes, les journalistes en perte d'influence / Le Journal horaire / 32 sec. / le 14 juin 2023
Influenceurs et célébrités sont de meilleures sources d'information que les journalistes aux yeux des jeunes, révèle mercredi un rapport mondial de référence. Il pointe l'importance croissante du réseau social TikTok comme canal d'accès à l'information.

"Les plus jeunes générations, qui ont grandi avec les réseaux sociaux, accordent souvent davantage d'attention aux influenceurs ou aux célébrités qu'aux journalistes, même quand il s'agit d'information", souligne le rapport 2023 de l'institut Reuters pour l'étude du journalisme, rattaché à l'université anglaise d'Oxford.

Ce rapport annuel sur l'information numérique s'appuie sur des sondages en ligne menés par la société YouGov auprès de 94'000 personnes dans 46 pays. Fait marquant cette année, la majorité des utilisateurs de TikTok, Snapchat et Instagram (respectivement 55%, 55% et 52%) dit accorder son attention aux influenceurs ou aux célébrités en matière d'information.

A l'inverse, sur Facebook (qui, comme Instagram, appartient au groupe américain Meta) ou Twitter, moins utilisés par les jeunes, les journalistes jouent les premiers rôles. Interrogé par l'AFP, l'auteur principal du rapport, Nic Newman, cite l'exemple du jeune Anglais Matt Welland, qui passe en revue des sujets d'actualité ou de vie quotidienne sur TikTok pour ses 2,8 millions d'abonnés.

Facebook dévisse

Cette prise de pouvoir des influenceurs est l'effet le plus spectaculaire d'un bouleversement de la hiérarchie entre réseaux sociaux: les traditionnels, comme Facebook, sont en perte de vitesse, ringardisés par ceux qui sont fondés sur la vidéo, comme TikTok, YouTube, Instagram et Snapchat. C'est vers ces derniers que les jeunes se tournent, y compris pour l'information.

Même s'il "reste l'un des réseaux sociaux les plus utilisés globalement", Facebook "devient beaucoup moins important comme canal d'accès à l'information" et donc comme créateur de trafic vers les sites d'information, note le rapport. En 2023, seuls 28% des sondés indiquent accéder aux informations via Facebook, alors qu'ils étaient 42% en 2016.

En raison des habitudes des jeunes générations nées sous les réseaux sociaux, il est de moins en moins fréquent que le public arrive directement sur un site ou une application d'information: la plupart du temps, il passe d'abord par un réseau social. Cela "met sous pression" le modèle économique des médias, fondé "sur la publicité et les abonnements", surtout dans un contexte de crise où les ménages réduisent leurs dépenses. C'est "un changement beaucoup plus fondamental" pour l'industrie de l'information que le passage au numérique lui-même, juge le directeur de l'institut Reuters, Rasmus Kleis Nielsen.

TikTok tout puissant

Pour la génération TikTok, le terme "information" a un sens bien plus large que dans son acception traditionnelle, où l'on pense d'abord politique ou relations internationales.

Pour ces jeunes, l'info "désigne toute chose nouvelle, tous secteurs confondus: sport, divertissement, potins people, actualité, culture, arts, technologie, etc.", relevait l'institut Reuters dans une autre étude spécifiquement consacrée à ce sujet l'an passé. Le chinois TikTok est "celui qui connaît la plus forte croissance": il est utilisé par 20% des 18-24 ans comme source d'accès à l'info (5 points de plus qu'en 2022).

agences/br/ami

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En Suisse, un intérêt pour l'actualité qui diminue

Selon l'étude, l'intérêt pour les nouvelles diminue en Suisse. Moins de la moitié des personnes interrogées s'intéressent encore beaucoup aux actualités. C'est quatre points de pourcentage de moins qu'en 2022 et onze points de pourcentage de moins qu'il y a deux ans.

Un tiers des sondés indiquent qu'ils évitent parfois ou même souvent activement les actualités. Cette valeur a également augmenté ces dernières années. Avant la pandémie de 2019, seules 26% des répondants à l'enquête indiquaient éviter activement les nouvelles.

Les canaux numériques jouent un rôle de plus en plus important. Pour près de la moitié des Suisses, ils sont la principale source d'information.

Rôle grandissant des médias sociaux

Les médias sociaux ont également pris de plus en plus d'importance. Chez les jeunes adultes de 18 à 24 ans, les médias sociaux (41%) sont déjà plus importants que les sites d'information (37%). Pour les personnes âgées de 55 ans et plus, la télévision est la principale source d'information (41%).

La disposition à payer pour les nouvelles a cependant augmenté en Suisse au cours des dernières années. Alors qu'en 2016, 10% des personnes interrogées indiquaient avoir payé pour des informations en ligne au cours de l'année précédente. Elles étaient 17% en 2023. Par rapport à la dernière étude, cela représente toutefois un point de pourcentage de moins.

Le Centre de recherche opinion publique et société de l'Université de Zurich (Fög) est responsable du volet suisse de cette étude internationale de l'institut Reuters.