Vers 15H00, quelques manifestants ont lancé des pierre contre les forces de l'ordre près de Saint Rémy-de-Maurienne, a constaté l'AFP sur place, hors de de la zone d'interdiction délimitée par la préfecture de Savoie.
"Usage de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre pour maintenir les manifestants hostiles à distance à la suite de jets de projectiles", a indiqué la gendarmerie.
Des protestataires ont ensuite envahi la voie ferrée à proximité, a aussi constaté l'AFP, alors que la circulation des trains a été stoppée en raison de la situation en début d'après-midi, selon la SNCF.
Une dizaine d'organisations
Le cortège s'était ébranlé dans le calme en milieu de journée à l'appel d'une dizaine d'organisations, dont les Soulèvements de la Terre, menacés de dissolution par le ministère de l'Intérieur, et les No-Tav italiens, mobilisés contre un chantier "pharaonique" jugé "néfaste" pour l'environnement, la biodiversité et les ressources en eau.
Le départ de cette manifestation non déclarée s'est fait depuis la commune voisine de La Chapelle, située hors du périmètre d'interdiction préfectorale.
"Notre nombre est un signal politique (...) il y a quelques jours, les pro Lyon-Turin se sont réunis, ils étaient seulement 100, nous sommes des milliers à dire que nous voulons l'arrêt de ce projet inutile", a déclaré la cheffe parlementaire LFI Mathilde Panot, présente dans le cortège avec plusieurs élus Verts et LFI, avant les incidents.
"Il n'y avait pas de raisons de ne pas autoriser cette manifestation dès lors qu'elle est dans un esprit non violent et nous on prônera toujours des logiques de non violences", a pour sa part souligné la sénatrice EELV Fabienne Grebert.
Négociations
Avec un groupe d'élus, la sénatrice a essayé de négocier le parcours avec les autorités pour "aller un peu plus loin", alors que les manifestants patientaient sous un soleil torride sur une petite route à proximité de Saint-Rémy-de-Maurienne. Les échauffourées sont intervenues après ces négociations, selon l'AFP sur place.
Les forces de l'ordre redoutent surtout des actions coups de poing de petits groupes réfractaires, selon une source policière. Au moins une trentaine "d'étrangers sous interdiction administrative du territoire ont été interpellés et remis aux Italiens" , selon la préfecture de Savoie.
Cinq bus de militants italiens, soit environ 280 personnes, sont aussi restés bloqués à la frontière, a constaté un correspondant de l'AFP sur place.
Giga-tunnel de 60 km de long
Soutenue par l'Union européenne, la nouvelle ligne doit à terme relier Lyon et Turin, avec 70% des voies en France et 30% en Italie, avec un tunnel de 57,5 km traversant les Alpes entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse. Coût évalué: plus de 26 milliards d'euros.
Les partisans du projet mettent en avant la nécessité de réduire le flux de poids lourds, en constante augmentation, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ils invoquent aussi le développement économique que permettra selon eux une ligne ferroviaire plus rapide .
Les opposants, eux, font valoir qu'une ligne existe déjà et que le fret ferroviaire n'a cessé de baisser ces dernières années. Ils dénoncent aussi les impacts écologiques de ce chantier "ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins". Selon eux, les travaux ont déjà tari plusieurs sources et captages dans la vallée.
afp/kkub