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"En Russie, on ne peut pas dire les mots gay, lesbienne ou transgenre"

Russie: Des personnes LGBT s'exilent
Russie: Des personnes LGBT s'exilent / 19h30 / 2 min. / le 17 juin 2023
A la tête de l’une des plus importantes bibliothèques de Moscou, le Russe Vladimir Kosarevsly, ouvertement homosexuel, s’est indigné publiquement du durcissement de la loi contre "la propagande LGBT". Après avoir reçu des menaces, il a dû s'exiler en Espagne.

En décembre, la Russie adoptait une loi contre la "propagande LGBT". Toute distribution de contenus présentant de "façon positive" les relations entre personnes de même sexe est passible d’une amende allant jusqu’à 65'000 euros.

"Après l'adoption de la loi sur la propagande LGBT, des listes de livres ont été dressées et comprenaient des ouvrages merveilleux de Virginia Woolf, Stephen Fry, Michael Cunningham, Haruki Murakami ou encore Jean Genet", raconte Vladimir Kosarevsly, qui dirigeait l’une des plus importantes bibliothèques de Moscou.

Ce bibliothécaire appartenant à la communauté LGBT+ a dû s'exiler en Galice, en Espagne, après avoir reçu des menaces. Quand ses supérieurs lui avaient transmis la liste des livres à détruire, il s’y était opposé publiquement. "Ils m'ont fait comprendre que si je continuais, il serait très facile de m’envoyer, dans le cadre de la campagne de mobilisation, dans le territoire annexé du Donbass, en Ukraine."

>> Sur le sujet : La Russie vote un élargissement de la loi interdisant la "propagande" LGBT+

De plus en plus d'exilés

A l'instar de Vladimir Kosarevsly, les ONG espagnoles spécialisées voient arriver de plus en plus de Russes demandeurs d’asile en raison de leur orientation sexuelle. Le pays est considéré comme l’un des plus "accueillants" d’Europe. L’an dernier, plus de 100'000 y ont déposé une demande d’asile.

"L’Espagne est un pays qui protège les droits des LGBT. Cette année, par exemple on vient de promulguer une loi pour les personnes trans", explique Daniel Boveda, responsable de l'association d’aide aux réfugiés Accem Vigo.

"Aujourd’hui en Russie, on ne peut pas dire les mots gay, lesbienne ou transgenre. Ces mots sont en train d’être interdits dans la société", souligne Daniel Boveda.

Traumatisé, Vladimir Kosarevsly se ressource au contact de l’océan et prépare un livre sur son histoire. "Comment avons-nous pu justifier cette guerre? Pourquoi la société a-t-elle autant dégénéré? C'est un sujet sur lequel je veux vraiment écrire pour documenter les crimes commis." Un livre aussi pour se reconstruire, loin d’une Russie que Vladimir pense ne jamais pouvoir retrouver.

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Sujet TV: Marie Bolinches

Adaptation web: Raphaël Dubois

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