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Le Mali vote sur une nouvelle Constitution, une première sous la junte

Un bureau de vote à Bamako, à l'ouverture du scrutin sur une nouvelle Constitution, le 18 juin 2023. [AFP - Ousmane Makaveli]
Le Mali vote sur une nouvelle Constitution, une première sous la junte / Le Journal horaire / 19 sec. / le 18 juin 2023
La population malienne a commencé à se prononcer par référendum sur un projet de nouvelle Constitution dimanche, au cours du premier vote depuis l'avènement de la junte il y a trois ans.

De nombreux électeurs et électrices étaient déjà là sous un ciel nuageux avant l'ouverture à 8h00 (10h en Suisse) du bureau de vote de l'école Mamadou Goundo Simaga, placé sous la surveillance des forces de sécurité, a constaté un journaliste de l'AFP.

Environ 8,4 millions de Maliens et Maliennes sont appelés à se prononcer au cours d'un scrutin que conteste une opposition hétéroclite et qu'une insécurité persistante compromet dans plusieurs régions.

Renforcer les pouvoirs du président

Parmi les changements proposés par la junte par rapport à la Constitution de 1992, les votants décideront d'accepter ou non un renforcement des pouvoirs du président à la tête de ce pays confronté à l'expansion djihadiste et à une crise multidimensionnelle: sécuritaire, politique, économique, humanitaire.

Cette acceptation est l'un des enjeux de la consultation. Les détracteurs du projet le décrivent comme taillé sur mesure pour un maintien des militaires au pouvoir au-delà de la présidentielle prévue en février 2024, malgré leur engagement initial à rétrocéder la place aux civils après les élections.

Les résultats sont attendus dans les 72 heures.

Vers un oui

La victoire du oui paraît acquise. Mais l'ampleur en sera scrutée, comme la participation, bien que traditionnellement faible, et les conditions de déroulement du scrutin.

Dans un environnement rendu difficilement déchiffrable par l'opacité du système et les restrictions imposées à l'expression, le vote pourrait délivrer des indications, à prendre avec prudence, sur le soutien de la population à la junte et à son chef, le réputé populaire colonel Assimi Goïta, ainsi que sur la situation intérieure.

Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 et l'exercent sans partage revendiquent de faire reculer les djihadistes sur le terrain. Le vote a lieu moins de 48 heures après le congé fracassant donné par Bamako à la mission de l'ONU après dix ans de présence. Les autorités estiment que la mission a failli et que le Mali peut assumer sa sécurité par ses "propres moyens".

Sécurité du vote en question

Mais l'insécurité persistante devrait interdire le vote sur de vastes étendues. Là où il aura lieu, les bureaux sont toujours exposés à des attaques.

Au nord, dans les localités qu'ils contrôlent, dont le fief de Kidal, les anciens rebelles signataires d'une paix fragile devraient empêcher le vote d'un projet où ils disent ne pas retrouver l'accord qu'ils ont signé en 2015.

Ils sont une des composantes d'une opposition au projet qui, bien qu'hétérogène, a réussi à se faire entendre. La contestation a culminé vendredi avec un meeting de ceux qui rejettent le maintien du principe de laïcité.

Les autorités se sont beaucoup investies en faveur de cette réforme qui doit pallier les insuffisances de la Constitution de 1992, volontiers désignée comme un facteur de la faillite de l'Etat face à la multitude des défis: propagation djihadiste, pauvreté, ruine des infrastructures ou délabrement de l'école.

afp/kkub

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