Mercredi matin, un bateau vétuste et surchargé de migrants a chaviré puis coulé en quinze minutes, au large du Péloponnèse, faisant au moins 78 morts et des centaines de disparus. Il s'agit du naufrage le plus meurtrier depuis la crise migratoire de 2015.
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Les rescapés sont logés au camp d'identification des demandeurs d'asile de Malakasa, à une quarantaine de kilomètres d'Athènes. Leurs familles et leurs amis venus les voir sont accueillis par un double mur de grillages surmonté de barbelés, des portes tourniquet en métal, des caméras et des gardes qui surveillent en gilet pare-balle.
"Ils voyaient ce qu'il se passait"
Sous une pluie battante, les rescapés se pressent contre les portails et au travers des barreaux pour leur parler. Tout se joue sur ces barrières de tourniquets. C'est là que tout le monde vient aux nouvelles. C'est d'ailleurs là qu'Amind Myhamnid, Pakistanais d'une cinquantaine d'années qui a fait le voyage de Londres, a appris la mort de son cousin.
"Après une demi-heure où les gens se battaient dans l'eau, ils sont venus les sortir de la mer. Et c'est comme ça que les gens ont survécu", raconte-t-il. Et comme beaucoup d'autres, il pointe du doigt les agissements de gardes-côtes grecs. "Ils étaient là autour d'eux. Ils voyaient ce qu'il se passait", affirme-t-il.
Gardes-côtes mis en cause
De nombreux témoignages concordent: les gardes-côtes grecs et italiens ont été prévenus bien avant le naufrage. Les gardes-côtes grecs ont approché le bateau, l'ont accompagné pendant un moment, puis ont lancé des filins pour l'aider, pense-t-on, avant de les couper pour une raison inconnue. C'est là que le bateau a coulé à pic en 15 minutes.
"On a lancé des filins et d'un seul coup, le bateau a chaviré. Il s'est retourné deux fois et tout le monde a coulé au fond", raconte Asim, un jeune Syrien de 20 ans. En apprenant les circonstances du naufrage, le jeune homme laisse éclater sa colère. "Le bateau était plein à craquer. Il y avait des familles entières, des enfants, des femmes enceintes. C'est une sale histoire. Tout le monde doit nous aider", affirme-t-il.
Les gardes-côtes nient avoir tenté de remorquer le bateau, mais les détails du naufrage restent encore flous. Une enquête indépendante permettrait de remonter la chaîne de commandement des ordres donnés afin de savoir qui a fait quoi et pourquoi le filin a été coupé, envoyant presque 500 personnes dont 100 enfants par 5000 mètres de fond.
Sujet radio: Angélique Kourounis
Adaptation web: Emilie Délétroz