Les activistes de Letzte Generation recrutent sans peine, malgré la pression judiciaire
Letzte Generation ("Dernière génération", soit celle d'avant l'effondrement), c'est un registre protestataire varié: ses militants se collent la main sur les routes pour bloquer le trafic, jettent de la purée sur des œuvres d’art ou encore occupent des oléoducs dans la campagne.
Raúl Semmler s’est collé pour la première fois sur le bitume avec les membres du groupe en janvier 2022, sur une bretelle d’autoroute berlinoise.
Je le referai aussi longtemps que notre existence est menacée
"C’était le tout premier blocage de rue de Letzte Generation et je le referai aussi longtemps que notre existence est menacée", déclare le militant mardi dans le 19h30. Depuis lors, Raúl Semmler et ses camarades ont régulièrement défrayé la chronique, en bloquant notamment une raffinerie.
L'activiste vient tout juste de purger une peine de trois jours. Mais ce passage en prison n’a pas entamé sa détermination. "Ce sont de très petites infractions. Le gouvernement, en revanche, en commet une bien plus importante en violant les accords pour le climat", avance-t-il.
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Dans le viseur de la justice
Comme lui, des dizaines de militants sont passés devant les tribunaux ces derniers mois. Des activistes de Letzte Generation sont également visés par une enquête pour "formation ou soutien d'une organisation criminelle".
Dans ce cadre, des perquisitions ont été menées en mai contre sept membres du collectif, âgés de 22 à 38 ans. Leurs comptes bancaires ont été saisis. Il leur est reproché d'avoir "fait la publicité sur internet" et "organisé" des "collectes de fonds" à hauteur de 1,4 million d'euros pour entreprendre des actions illégales, selon le parquet de Munich.
Deux militants sont également soupçonnés par les autorités allemandes d'avoir "tenté en avril 2022 de saboter le pipeline Trieste-Ingolstadt". Cet oléoduc, qui passe par la Bavière, est considéré par les autorités allemandes comme une "infrastructure essentielle".
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Entraînement au blocage de route
Malgré cette pression de l'Etat, le groupe ne compte toutefois pas s’arrêter là. Il s'active à former de nouveaux adhérents à ses méthodes de protestation. La RTS a assisté à un entraînement au blocage de route dans une arrière-cour berlinoise. Les "élèves", assis au sol, apprennent à faire face à la réaction d'automobilistes en colère qui viendraient arracher leur banderoles et les traîner hors du passage.
Simon Schwan, le formateur, affirme que les rangs du mouvement ont considérablement grossi ces dernières semaines. "Depuis les razzias, un millier de personnes participent à nos marches de protestation tous les mercredis et le nombre de personnes qui cherchent à nous rejoindre a littéralement explosé", affirme le membre de Letzte Generation.
Une affluence qui permettrait au groupe de multiplier les actions sur le bitume en attendant que l’enquête aboutisse.
"Il s’agit d’un groupe organisé"
Du côté du syndicat de la police, il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien d’une organisation criminelle. "De toute évidence, il s’agit d’un groupe organisé, qui propose des camps d’entraînement et même des formations avec un objectif: commettre des infractions", assure Rainer Wendt, le président du syndicat de police DPolG.
En cas de condamnation, les peines de prison infligées aux membres du collectif se compteront non plus en jours, mais en années.
"Les agressions, les dommages et les intrusions dangereuses dans la circulation seraient alors passibles de peines bien plus élevées, d’où l’importance d’un point de vue juridique de clarifier les choses", estime Rainer Wendt.
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Pour l’heure, Letzte Generation a toujours les moyens d’agir. Le groupe a recueilli près 500'000 euros de dons depuis la vague de perquisitions.
Sujet TV: Anne Mailliet
Adaptation web: ami avec afp
Le gouvernement français va dissoudre une association écologiste
En France, 14 personnes ont été placées en garde à vue mardi dans l'enquête sur l'action menée contre une cimenterie Lafarge de Provence par des activistes écologistes fin 2022, alors que le gouvernement a confirmé la dissolution du mouvement Les Soulèvements de la terre, qui avait "soutenu" cette action.
Ces arrestations ont été effectuées en Loire-Atlantique et notamment à Notre-Dame-des-Landes, où divers militants écologistes ont élu refuge au sein de l'ex-zone à défendre (ZAD), selon le parquet d'Aix-en-Provence, mais également dans la région marseillaise.
C'est précisément dans cette ex-ZAD près de Nantes, constituée contre un projet d'aéroport depuis abandonné, que s'est créé en janvier 2021 Les Soulèvements de la terre (SLT), collectif hétéroclite d'associations, syndicats et groupements.
Le gouvernement avait engagé une procédure de dissolution de SLT le 28 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d'eau de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) dont il avait imputé la responsabilité au mouvement.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait fustigé "l'écoterrorisme" des auteurs de violences en pointant du doigt ce groupe, présenté comme appartenant à l'ultragauche.
La procédure est restée bloquée pendant plus de deux mois, mais le ministre a finalement annoncé mardi qu'il présenterait mercredi en Conseil des ministres le décret de dissolution. Le ministre s'exprimait à l'Assemblée nationale après une nouvelle manifestation soutenue par SLT ce weekend, contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin, marquée par des échauffourées.
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