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En France, Les Soulèvements de la Terre dissous au Conseil des ministres

Le collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre dissous au Conseil des ministres ce mercredi 21 juin 2023. [AFP - Sebastien Salom-Gomis]
En France, Les Soulèvements de la Terre dissous au Conseil des ministres / Le Journal horaire / 1 min. / le 21 juin 2023
Le collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre (SLT) a été dissous mercredi en Conseil des ministres, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Le gouvernement français reprochait au collectif des violences contre des policiers lors d'une manifestation fin mars.

La décision a aussitôt été contestée devant le Conseil d'Etat par le groupement écologiste. "On ne dissout pas un soulèvement", a réagi le collectif sur Twitter, saluant les marques de soutien, notamment à gauche. Des "actions ressurgiront partout, dissolution ou non", a-t-il ajouté.

En soirée, environ un millier de personnes se sont rassemblées par solidarité à Nantes, non loin de Notre-Dame-de-Landes, où sont nés en janvier 2021 les Soulèvements de la terre. D'autres rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de France.

"Aucune cause ne justifie ces agissements"

"Le recours à la violence n'est pas légitime en Etat de droit et c'est bien cela qui est sanctionné", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la sortie du Conseil des ministres.

"Sous couvert de défendre la préservation de l'environnement", ce mouvement "incite à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence", écrit le gouvernement dans son décret de dissolution.

Mais, "aucune cause ne justifie les agissements particulièrement nombreux et violents" auxquels il "appelle et provoque" et "auxquels ses membres et sympathisants participent", ajoute le décret.

Pour appuyer son argumentaire, le gouvernement liste dans le décret une série d'actions menées par SLT qui ont entraîné des "destructions matérielles" et "des agressions physiques contre les forces de l'ordre".

Affrontements à Sainte-Soline

Le gouvernement avait engagé la procédure de dissolution le 28 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d'eau de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) dont il avait imputé la responsabilité au mouvement.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a été jusqu'à parler d'"éco-terrorisme" pour qualifier les actions du collectif. Un terme qui indigne l'euro-député écologiste David Cormand: "En France, on sait ce que c'est le terrorisme. [...] Ce qui se joue là-dedans, c'est le fait de diaboliser une opposition politique qui dit: 'attention, le modèle dominant actuel est en train de tuer la vie sur terre'. Le fait de s'attaquer aux militants qui disent cela, c'est une façon de disqualifier celles et ceux qui veulent changer de modèle", explique-t-il à la RTS.

La procédure de dissolution, restée bloquée pendant plus de deux mois, a finalement abouti après une nouvelle manifestation soutenue par SLT ce week-end, contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin, marquée par des échauffourées.

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Vague d'interpellations

En parallèle de la dissolution, une vague d'interpellations de militants écologistes a eu lieu mardi dans l'enquête sur l'action menée fin 2022 contre une cimenterie Lafarge de Provence et soutenue par SLT. Seize personnes étaient toujours en garde à vue mercredi, a dit à l'AFP une source proche du dossier. Ces arrestations ont été effectuées en Loire-Atlantique, notamment à Notre-Dame-des-Landes, et dans la région marseillaise.

La dissolution et les arrestations ont été dénoncées par une partie de la gauche. "J'y vois une vraie dérive et une perte de sang-froid", a déclaré mercredi le député écologiste Julien Bayou, qui s'exprimait devant des journalistes à l'Assemblée nationale. "Le président de la République ne cesse de criminaliser les mouvements sociaux", "c'est dangereux", a-t-il dit.

"Vous resterez comme ceux qui n'ont finalement rien compris aux enjeux" du climat, a pour sa part commenté sur Twitter la députée EELV Sandrine Rousseau en mentionnant Emmanuel Macron, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin.

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, avait lui regretté mardi que les activistes soient "réprimés comme des terroristes qu'ils ne sont pas", jugeant qu'ils devaient être "écoutés".

Remise en cause de libertés fondamentales

La Ligue des droits de l'homme (LDH) a elle dénoncé une "remise en cause des libertés d'association, de manifestation, d'expression, ainsi que des droits de la défense" et appelé à "rejoindre les rassemblements de soutien" à SLT.

Les Soulèvements revendiquent une base "extrêmement variée". Une soirée de soutien en avril avait attiré diverses personnalités politiques, artistiques et scientifiques.

De leur côté, les avocats des Soulèvements de la terre annoncent un recours contre la dissolution du collectif.

ats/ld

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