Officiellement l'opération menée par l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan), ne vise "personne" en particulier, a assuré le chef de l'armée de l'air allemande, le général Ingo Gerhartz, lors de la présentation de l'exercice début juin. Pourtant le message envoyé à Moscou par cet exercice - le plus important de l'histoire de l'Alliance - est clair.
"Le signal le plus important que nous envoyons est que nous sommes en mesure de nous défendre", a déclaré à la télévision le patron de la Luftwaffe. L'Allemagne coordonne la manoeuvre qui se déroule du 12 au 23 juin au-dessus de trois secteurs de l'espace aérien du pays, mais aussi en République tchèque, en Estonie et en Lettonie.
Jusqu'à 10'000 personnes participent à ces exercices destinés à vérifier que les différentes armées puissent agir ensemble, et à tester la protection contre les drones et missiles en cas d'attaque contre des villes, aéroports ou ports situés sur le territoire de l'Otan.
But uniquement défensif
L'exercice a été conçu en 2018, en partie en réponse à l'annexion en 2014 de la Crimée par la Russie, et se veut une forme d'assurance pour le flanc oriental de l'Alliance atlantique.
L'Otan est déterminée à défendre "chaque centimètre" de son territoire mais il ne sera envoyé "aucun vol, par exemple, en direction de Kaliningrad", l'enclave russe qui borde la Pologne et la Lituanie, membres de l'Otan, a insisté le général. "Nous sommes une alliance défensive et c'est ainsi que cet exercice est planifié".
Démonstration de force
Mais ces manoeuvres auront aussi pour but d'envoyer un message, notamment à la Russie, a de son côté expliqué à la presse l'ambassadrice des États-Unis en Allemagne, Amy Gutmann.
Je serais très surprise qu'un dirigeant mondial ne prenne pas note de ce que cela signifie sur la force de cette alliance, et cela inclut Vladimir Poutine
La guerre de la Russie contre l'Ukraine a galvanisé l'alliance militaire occidentale créée il y a près de 75 ans pour faire face à l'Union soviétique.
La Finlande et la Suède, qui ont longtemps gardé une neutralité officielle pour éviter tout conflit avec Moscou, ont ainsi toutes deux demandé à adhérer à l'Otan après l'invasion russe du 24 février 2022.
Les États-Unis, alliés de poids
L'exercice vise aussi à "compléter la présence permanente des États-Unis en Europe" et à fournir une formation "à plus grande échelle que ce qui est habituellement accompli sur le continent", explique le général Michael Loh, directeur de la Garde nationale aérienne américaine
Il a précisé que de nombreux pilotes de l'Alliance travailleraient ensemble pour la première fois. "Il s'agit d'entretenir les anciennes relations que nous avons, mais aussi de construire de nouvelles relations", résume-t-il.
Il n'est pas prévu à ce stade de faire d'"Air Defender" un exercice régulier, a souligné l'ambassadrice des Etats-Unis. Mais la grande puissance ne souhaite pas "que cet exercice soit le dernier".
afp/doe
Exercice conjoint avec la Suède, une première
La Suède a accueilli pour la première fois de son histoire moderne deux bombardiers américains pour des exercices militaires, a annoncé la défense suédoise mercredi.
Le 19 juin, les deux bombardiers (B-1B Lancers) se sont posés à l'aéroport de Luleå-Kallax, dans le nord du pays.
"En ces temps incertains et dans la perspective d'une adhésion à l'Otan, des partenaires solides sont essentiels", a relevé le ministère de la Défense dans un communiqué, saluant un "événement historique".
S'il a depuis juin 2022 le statut d'"invité", le pays doit encore voir son adhésion ratifiée par deux des 31 membres de l'Alliance atlantique, la Turquie et la Hongrie.
Seuls les membres à part entière bénéficient de la protection du célèbre article 5 de l'Otan, qui signifie qu'une attaque contre un membre serait considérée comme une attaque contre tous.
Le camp occidental, notamment les États-Unis, presse Ankara de donner son feu vert.
Début juin, la Suède s'est dite prête à accueillir des bases temporaires de l'alliance sur son sol avant même son entrée effective dans l'Otan.