"Nous estimons à présent que notre patron Stockton Rush, Shahzada Dawood et son fils Suleman, Hamish Harding et Paul-Henri Nargeolet sont malheureusement morts", écrit OceanGate dans un communiqué.
Les garde-côtes américains ont de leur côté assuré que les débris du submersible retrouvés montraient que l'engin a subi une "implosion catastrophique". Ils ont évoqué une "perte catastrophique" de pression à l'origine de l'accident.
"Champ de débris"
Ils avaient annoncé précédemment sur Twitter qu'un "champ de débris" avait été localisé "dans la zone de recherche par un ROV (Remotely Operated Vehicle, soit engin téléguidé, ndlr) près du Titanic", le célébrissime paquebot de croisière qui avait sombré il y a 111 ans au large des Etats-Unis et du Canada.
Les secouristes avaient évalué à 11h08 GMT (13h08 en Suisse) ce jeudi l'heure à laquelle les passagers pourraient se trouver à court d'oxygène à bord du Titan, petit explorateur en eaux profondes de l'entreprise privée américaine OceanGate Expeditions. Porté disparu depuis dimanche, l'engin disposait d'une autonomie théorique de 96 heures en plongée.
L'annonce mercredi de la détection de bruits sous l'eau par des avions P-3 canadiens a suscité de l'espoir et orienté l'armada multinationale de sauveteurs dépêchés sur place, sans que l'origine des bruits ne soit déterminée.
D'importants moyens déployés
Surveillance aérienne à l'aide d'avions C-130 ou P3, navires dotés de robots sous-marins: les moyens déployés notamment par les armées américaine et canadienne avaient continué jeudi d'arriver sur le site où est stationné le Polar Prince, le navire duquel est parti le submersible Titan.
L'Atalante, un navire de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), est arrivé sur place tôt jeudi. Il est doté d'un robot, le ROV Victor 6000, capable de plonger jusqu'à l'épave du Titanic qui gît par près de 4000 mètres de fond.
Le Victor 6000 était le "principal espoir" pour une opération de secours sous-marine, avait déclaré aux journalistes Rob Larter, un expert du British Antarctic Survey (un organisme britannique de recherche basé à Cambridge). La zone de recherches en surface s'étendait sur 20'000 kilomètres carrés.
Selon le Wall Street Journal et CNN, un système de l'US Navy avait détecté dès dimanche un signal indiquant la probable implosion du submersible, quelques heures après sa disparition.
"L'US Navy a analysé les données acoustiques et détecté une anomalie pouvant correspondre à une implosion ou une explosion dans la zone où le Titan opérait quand les communications ont été perdues", a déclaré une source anonyme de la marine de guerre américaine au Wall Street Journal. La marine a immédiatement relayé cette information aux responsables orchestrant les recherches, a précisé une source à CNN, ajoutant que ces éléments avaient permis de circonscrire la zone de fouilles.
Patron d'OceanGate à bord
Le Titan, long d'environ 6,5 mètres, a plongé dimanche et devait refaire surface sept heures plus tard mais le contact a été perdu moins de deux heures après son départ. Mardi midi, les garde-côtes américains avaient prévenu qu'il restait "environ 40 heures d'air respirable" à bord.
Le patron d'OceanGate, l'Américain Stockton Rush, était à bord, aux côtés d'un richissime homme d'affaires britannique, Hamish Harding (58 ans), de l'ancien plongeur et militaire de la marine, le Français Paul-Henri Nargeolet (77 ans), surnommé "M. Titanic", du magnat pakistanais Shahzada Dawood (48 ans) et de son fils Suleman (19 ans) - tous deux ayant également la nationalité britannique.
Épave devenue destination touristique
Pour 250'000 dollars la place, ils se sont engagés dans une exploration des restes de ce qui fut l'une des plus grandes catastrophes maritimes du XXe siècle.
Le Titanic a fait naufrage lors de son voyage inaugural en avril 1912, après avoir percuté un iceberg, provoquant la mort de près de 1500 passagers et membres d'équipage. Depuis la découverte de l'épave en 1985, scientifiques, chercheurs de trésors et riches touristes lui rendent visite, entretenant ainsi le mythe.
ats/ami
Négligences potentielles
Depuis le début des recherches, des informations mettant en cause OceanGate sont dévoilées sur de possibles négligences techniques de l'appareil de tourisme sous-marin.
Une plainte de 2018 consultée par l'AFP indique qu'un ex-dirigeant de la compagnie, David Lochridge, avait été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sûreté du submersible.
Selon cet ancien directeur des opérations marines, un hublot à l'avant de l'appareil a été conçu pour résister à la pression subie à 1300 m de profondeur et non à 4000 m.
"Soutien et condoléances" du gouvernement britannique
Le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly a déploré la "tragique nouvelle" de la perte du submersible Titan, qui comptait à son bord trois ressortissants britanniques, exprimant aux familles des disparus soutien et condoléances.
"Tragique nouvelle que la perte de ceux qui se trouvaient à bord du submersible Titan, comprenant trois ressortissants britanniques, à la suite d'une opération internationale de recherches", a-t-il déclaré sur Twitter. "Le gouvernement britannique soutient étroitement les familles touchées et exprime ses plus profondes condoléances".
Le cinéaste James Cameron s'indigne des avertissements ignorés
James Cameron, réalisateur du film "Titanic" et explorateur passionné des fonds marins, a ouvertement dénoncé jeudi les "avertissements ignorés" concernant la sécurité du submersible touristique. Ce dernier a implosé près de l'épave du célèbre paquebot, tuant cinq personnes.
L'engin était source de nombreuses inquiétudes au sein du petit monde de l'exploration sous-marine, a rappelé le cinéaste, qui a visité l'épave à de nombreuses reprises pour produire son succès planétaire de 1997, qui a raflé 11 Oscars.
Le réalisateur féru de plongée a dressé un parallèle entre ce nouvel accident et le naufrage du paquebot en 1912, qui a causé la mort de 1500 personnes. "Je suis frappé par la similitude avec la catastrophe du Titanic, où le capitaine a été averti à plusieurs reprises de la présence de glace devant son navire, et où il a pourtant foncé à pleine vitesse dans un champ de glace par une nuit sans lune", a-t-il remarqué sur la chaîne américaine ABC News.
"Qu'un drame très similaire, où les avertissements ont été ignorés" se produise "au même endroit, (...) c'est tout simplement stupéfiant", a cinglé le réalisateur du film "Abyss". "C'est vraiment surréaliste."