Pour protester contre la hausse des prix, un appel à une grève des pâtes est lancé en Italie
L'inflation a coûté en moyenne 915 euros par famille au cours de la dernière année en Italie. "Je crois que si le pouvoir d'achat provenant des salaires n'augmente pas de manière directement proportionnelle aux prix des produits dans les supermarchés, cela va créer de nouveaux pauvres qui ne peuvent pas survivre", explique Maria Rosa, employée de mairie.
Afin de protester contre la hausse des coûts des biens alimentaires, certains consommateurs plébiscitent donc le principe original et symbolique de la grève des pâtes. Au vu de la situation, Maria Rosa, considère "qu'il est juste de faire ce type de mobilisation".
Baisse de l'inflation
Maddalena aussi soutient la grève des pâtes et "essaie d'y adhérer" pour protester contre l'augmentation des prix. "Il y a huit mois, l'inflation a été très forte. En ce moment elle est un peu retombée, mais c'est impossible de ne pas s'en rendre compte", explique l'Italienne.
Après une légère hausse en avril, l'inflation a effectivement repris sa décrue en mai. Le taux d'inflation dans la zone euro avait atteint un record en octobre 2022, à 10,6%, après un an et demi de hausse ininterrompue, accélérée par la guerre en Ukraine.
La principale contribution à l'inflation vient toujours des prix de l'alimentation, qui ont encore flambé en mai de 12,5% sur un an dans la zone euro, enregistrant tout de même un nouveau ralentissement par rapport à avril (13,5%).
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Selon la banque d'Italie, la consommation des ménages, qui avait baissé à la fin 2022, devrait de nouveau "augmenter modérément" cette année, sous l'effet du ralentissement de l'inflation.
La hausse des prix à la consommation devrait ressortir à 6,1% avant de retrouver des niveaux proches des objectifs de la Banque centrale européenne, à 2,3% en 2024 et 2,0% l'année suivante au gré du reflux des prix de l'énergie.
Consommation de pâtes
Malgré cette baisse de l'inflation, il reste difficile pour certains consommateurs italiens de boucler les fins de mois, d'où cette grève des pâtes. La mobilisation, qui a débuté jeudi semble pourtant avoir été peu suivie.
Maurizio, employé d'un supermarché romain, assure ainsi ne pas avoir constaté une baisse des ventes de pâtes. "Nous avons toujours le même niveau de ventes, en tout cas dans ce point de vente", explique-t-il.
Il est encore trop tôt pour se prononcer sur le succès de l'expérience, qui se terminera le 30 juin. Mais si le mouvement ne suscite effectivement pas l'engouement escompté, ce ne sera pas forcément par opposition idéologique à la grève.
Selon Paola, une jeune étudiante, il est en effet culturellement difficile pour la population italienne de se passer de pâtes. "En tant qu'Italienne, je pense que c'est dur de ne pas prendre de pâtes, parce qu'on en mange beaucoup", explique-t-elle. Elle estime que ne pas en acheter est "faisable", "mais le problème, c'est de ne pas en manger". Les consommateurs italiens ne seraient donc pas opposés à une grève, mais pas forcément celle des spaghettis.
Sujet radio: Eric Jozsef
Adaptation web: Emilie Délétroz avec afp