Paris accueillait jeudi et vendredi une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont le Brésilien Lula et le Saoudien Mohammed ben Salmane, dans une réunion censée concrétiser des idées nées à la dernière COP, en Egypte, avant la prochaine, aux Emirats arabes unis à la fin de l'année.
En clôture de ce sommet, le président français Emmanuel Macron s'est félicité d'un "consensus complet" pour "réformer en profondeur" le système financier mondial.
Mais la rencontre s'est achevée par une série de petits pas et dans l'immédiat sans la grande déclaration commune espérée un temps par la présidence française.
Suspension du paiement de la dette
Quelques annonces ont toutefois été faites au palais Brongniart, ancien siège de la Bourse de Paris. La Banque mondiale prévoit ainsi d'intégrer, à ses accords avec les pays les plus vulnérables, une nouvelle clause de suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe.
Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, poussait depuis des mois pour transformer le système financier avec notamment une telle clause. "C'est une bonne journée, car presque tout le monde a accepté la validité des clauses de catastrophe naturelle", a jubilé la dirigeante dans une interview jeudi soir avant un grand concert pour le climat devant la Tour Eiffel.
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Taxer le transport maritime?
"Nous sommes favorables à une taxe internationale sur le transport maritime parce que c'est un secteur qui n'est pas taxé", a aussi dit Emmanuel Macron, qui voudrait voir cette question avancer lors d'une prochaine réunion de l'Organisation maritime internationale (OMI).
Mais cette question épineuse semble encore loin de faire consensus. "Si la Chine, les États-Unis et plusieurs pays européens clés qui ont aussi des grandes entreprises impliquées ne nous suivent pas, alors vous mettez une taxe en place mais elle n'a pas d'effet", a regretté Emmanuel Macron.
Tirade de Lula
Dans une longue tirade passionnée, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a pour sa part déploré pêle-mêle l'inertie de la communauté internationale en matière de lutte contre le changement climatique et de réduction des inégalités, ainsi que le protectionnisme des occidentaux.
Il a vertement critiqué les institutions financières internationales: "celui qui est riche est toujours riche et celui qui est pauvre est toujours pauvre".
Quelques succès
Le sommet avait cependant engrangé quelques autres progrès jeudi. Des pays riches vont ainsi payer le Sénégal pour l'aider à se débarrasser du fioul lourd dans son énergie. La Zambie verra sa dette allégée, une annonce saluée à Lusaka, où les parlementaires ont entonné l'hymne national pour marquer leur joie. Le Fonds monétaire international va pour sa part augmenter à 100 milliards de dollars ses financements pour les pays pauvres.
Les ambitions du sommet reposent cependant "trop sur les investissements privés et assignent un rôle démesuré aux banques multilatérales de développement", regrette toutefois Harjeet Singh, de l'immense réseau d'ONG internationales Climate Action Network (CAN). "C'est ignorer le rôle pivot que les finances publiques doivent jouer".
afp/ats/ami
Le président de la Confédération Alain Berset a participé au sommet
Alain Berset, qui participait au sommet, a salué vendredi la dynamique lancée "en dehors des sentiers battus" à Paris.
L'objectif est de s'atteler sur le plan politique à améliorer et renforcer le système financier international, a expliqué Alain Berset lors d’une conférence de presse au terme du sommet. A ses yeux, il faut que le "système colle mieux aux exigences du temps et que celles-ci soient tournées vers plus de durabilité.
Qualifiant l’agenda "d’urgent", il a apprécié le côté informel de ce sommet. Le Fribourgeois a souligné la "nécessité d'avoir un cadre qui permet d'avancer de manière très créative ensemble, d'une manière presque innovante dans la manière de débattre".
Manifestation en marge de la réunion
Le réseau international d'ONG Climate Action Network (CAN) a toutefois critiqué un sommet "qui a fait du neuf avec du vieux" et l'idée d'une possible suspension des remboursements "plutôt qu'une annulation complète de la dette".
Plus de 350 personnes se sont rassemblées vendredi matin au pied de la statue de la République, à Paris, des militants écologistes transformant des dollars géants noirs en dollars verts pour inciter les dirigeants politiques à arrêter d'investir dans les énergies fossiles et à basculer dans la finance verte.