Aux États-Unis, les anti-IVG continuent de faire campagne pour restreindre le droit à l'avortement
Ils sont étudiants et veulent que leur Etat, la Virginie, interdise purement et simplement les interruptions volontaires de grossesse (IVG).
Pour ce faire Lydia Heykamp, 23 ans, et James Cronquist, 19 ans, arpentent les rues et toquent aux portes de North Chesterfield, banlieue aisée de Richmond, la capitale de la Virginie.
Ces jeunes militants de l'organisation Students for Life (SFL) sont à l'avant-garde de la nouvelle offensive contre l'IVG aux Etats-Unis, organisée cette fois à l'échelon local après que la Haute Cour est revenue l'été dernier, au niveau fédéral, sur son arrêt Roe v. Wade qui garantissait un droit constitutionnel à l'IVG.
"J'étais aux anges", se rappelle Lydia Heykamp. Mais elle assure ne pas vouloir "rester silencieuse et les bras croisés" alors que s'engage un nouveau combat.
Restrictions plus strictes
Après la décision de la Cour suprême, chaque Etat a retrouvé la liberté de légiférer à sa guise en matière de droits reproductifs. Certains ont promptement interdit les avortements, quand d'autres ont cherché à protéger ce droit.
"Le mouvement anti-IVG est encore assez loin d'obtenir ce qu'il veut, à savoir une interdiction de l'avortement à l'échelle du pays tout entier", explique Mary Ziegler, professeure de droit et spécialiste des politiques publiques de santé reproductive.
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Face à une opinion publique majoritairement convaincue que l'avortement devrait être légal dans la plupart des cas, les militants anti-avortement ont dirigé leurs efforts vers les parlements des Etats, les tribunaux et les populations locales.
Objectif ce jour-là pour le groupe des bénévoles anti-avortement: soutenir la campagne de Mark Earley aux élections locales. Ce candidat républicain se dit "100%" opposé à l'avortement, y compris en cas de viol ou d'inceste.
Interdire, à quelles conditions?
La plupart des résidents qui ouvrent leur porte veulent aussi - au moins dans une certaine mesure - limiter le droit à l'avortement.
Certains tempèrent pourtant leurs propos. Pour Shirley Miller, une enseignante à la retraite, la santé de la mère doit parfois prendre le dessus, comme dans le cas d'une petite fille de 10 ans tombée enceinte dans l'Ohio après avoir été violée. "Dans ce cas, je suis de tout coeur d'accord avec l'avortement", assure l'octogénaire.
Cette tragédie a provoqué l'été dernier l'indignation aux Etats-Unis après que la fillette a dû se rendre dans un autre Etat pour avorter, l'Ohio ayant interdit la pratique de l'IVG après six semaines de grossesse.
Virage à droite du mouvement
Les militants anti-avortement adaptent leurs objectifs localement, en fonction des Etats, visant ici l'interdiction totale, là une limitation aux premières semaines de grossesse.
"Nous proposons des textes de loi dont nous pensons qu'ils seront adoptés dans un Etat, mais qui ne passeraient peut-être pas dans d'autres", explique Laura Echevarria, directrice de la communication d'une vaste organisation anti-IVG, National Right to Life.
D'autres figures du mouvement, comme Kristan Hawkins, présidente de Students for Life (SFL), espère pouvoir interdire l'IVG dans tous les États-Unis. Décrite comme "plus audacieuse et plus inflexible que ses prédécesseurs" par la BBC qui l'a rencontrée, elle est devenue le nouveau visage d'une génération d'activistes plus extrémistes.
Sur la chaîne NBC News, la militante de 38 ans a affirmé être à la tête d'une "armée bien entraînée de 150'000 jeunes" capable de faire campagne au niveau local et ainsi faire adopter des interdictions de plus en plus strictes contre l'avortement.
Toujours selon la BBC, l'organisation SLF compte désormais 1400 groupes sur les campus universitaires de 50 Etats différents.
doe avec afp