Publié

L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro condamné à huit ans d'inéligibilité

Jair Bolsonaro déclaré inéligible pour huit ans. [Keystone - AP Photo/Silvia Izquierdo]
Un tribunal brésilien vote l'inéligibilité de l'ex-président Jair Bolsonaro / Le Journal horaire / 24 sec. / le 30 juin 2023
L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro a été condamné vendredi à huit ans d'inéligibilité pour "abus de pouvoir", en raison des "fausses" informations qu'il a disséminées sur le système de vote électronique avant sa défaite au scrutin de 2022.

Le jugement des sept magistrats du Tribunal supérieur électoral (TSE) de Brasilia, décidé à cinq voix contre deux, prive Jair Bolsonaro, 68 ans, d'une candidature à la présidentielle de 2026 et ouvre la bataille pour sa succession au sein de la droite et de l'extrême droite.

La défense de l'ancien chef de l'Etat (2019-2022) et leader d'extrême droite a cependant fait savoir qu'elle ferait appel.

L'ex-président à nouveau absent

Jair Bolsonaro était poursuivi pour "abus de pouvoir politique et usage indu des moyens de communication" pour avoir critiqué, sans preuve, la fiabilité des urnes électroniques, quelques mois avant le scrutin remporté par son rival de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

L'ex-président était une nouvelle fois absent de ce rendez-vous capital pour son avenir. Il se trouvait à Belo Horizonte pour un déjeuner avec des membres de son Parti libéral.

A l'annonce du verdict, le dirigant populiste a dénoncé un "coup de poignard dans le dos". "Je ne suis pas mort, nous allons continuer de travailler (...). Ce n'est pas la fin de la droite au Brésil", a-t-il affirmé à la presse, précisant qu'il allait faire appel devant la Cour suprême.

"Je n'ai commis aucun crime en me réunissant avec des ambassadeurs. M'enlever mes droits politiques sous l'accusation d'abus de pouvoir politique est incompréhensible", avait aussi lancé jeudi à la presse l'ex-capitaine de l'armée.

"Corriger les failles"

C'est un discours prononcé en juillet 2022 devant des diplomates à la résidence présidentielle de l'Alvorada, et retransmis sur la TV publique et les réseaux sociaux, qui est au coeur du procès. Il avait dit vouloir "corriger des failles" dans le vote électronique avec la "participation des forces armées".

Ce discours sur une supposée vulnérabilité, propice à la fraude, du système électoral, ce nostalgique de la dictature militaire (1964-1985) l'aura martelé durant sa campagne.

Il aura attisé la colère de ses partisans les plus radicaux qui, le 8 janvier, quelques jours après l'investiture de Lula, ont pris d'assaut et saccagé les sièges des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire à Brasilia.

afp/boi

Publié

Un leadership à reprendre

La question du leadership du camp Bolsonaro se pose d'ores et déjà. Aucune figure ne s'impose pour l'heure comme recours, mais le bolsonarisme est plus ancré que jamais.

Les partis de droite et d'extrême droite sont encore plus forts au Parlement qu'ils ne l'étaient sous le mandat de Jair Bolsonaro et ce dernier avait perdu de justesse, avec seulement 1,8% d'écart au second tour face à Lula, de retour après deux mandats (2003-2010).

Jair Bolsonaro a d'autres épreuves judiciaires devant lui. En plus d'une quinzaine de procédures devant le tribunal électoral, l'ex-dirigeant est ciblé par la Cour suprême dans cinq affaires, notamment pour son rôle présumé d'inspirateur des attaques du 8 janvier. Il risque la prison.