A l'appel de l'Association des maires de France (AMF), de nombreux rassemblements de soutien au maire de La Haÿ-les-Roses se sont tenus à la mi-journée devant les hôtels de ville, notamment à Nanterre où le jeune Nahel est mort.
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Lundi à midi, toutes les mairies de France ont fait sonner leurs sirènes, selon le voeu de l'AMF. L'association a mis l'accent sur "les troubles graves" qui, "partout en France", "ciblent avec une extrême violence les symboles républicains que sont les hôtels de ville, les écoles, les bibliothèques, les polices municipales".
"Depuis mardi, les nuits ont été difficiles pour les habitants (...) Les violences qui se sont succédé sont inacceptables", a rappelé le maire de Nanterre Patrick Jarry, devant une centaine d'habitants et d'employés de la mairie.
"Le temps est à l'apaisement", a insisté l'édile, soulignant qu'il fallait "rester sur cet appel de la famille de Nahel, de sa grand-mère", qu'il "remercie profondément". La grand-mère de Nahel avait lancé un appel au calme dimanche.
Esquisse d'un retour au calme
Les émeutes ont commencé le soir du 27 juin, jour de la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans, tué d'un tir à bout portant par un motard de la police lors d'un contrôle routier, une scène capturée par une vidéo amateur.
Après cinq nuits de violences urbaines, un retour au calme s'est esquissé. Les forces de l'ordre ont interpellé 157 personnes dans la nuit de dimanche à lundi, contre plus de 400 lors de la précédente, selon le ministère de l'Intérieur, et aucun incident majeur n'a été signalé.
Le ministère a fait état de trois blessés parmi les forces de l'ordre, a recensé 352 incendies sur la voie publique ainsi que 297 incendies de véhicules. Un poste de police et une caserne de gendarmerie ont été visés.
La Première ministre Elisabeth Borne a annoncé en début de soirée que le dispositif de sécurité pour faire face aux émeutes, soit 45'000 policiers et gendarmes, serait maintenu pour la nuit de lundi à mardi.
"C'est la démocratie elle-même qui est attaquée"
La violente attaque à la voiture-bélier contre le domicile de Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses, a provoqué une vive émotion dans le pays et les condamnations unanimes de toute la classe politique.
Un millier d'habitants accompagnés d'élus ont défilé lundi autour de l'hôtel de ville de cette commune au sud de Paris. "C'est la démocratie elle-même qui est attaquée", a estimé Vincent Jeanbrun devant sa mairie, avant de lancer: "Stop, ça suffit!"
Acclamé par la foule, l'élu marchant derrière une banderole "Ensemble pour la République!" était encadré en tête de cortège des ténors de son parti d'opposition de droite, Les Républicains, dont la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse.
Voiture-bélier et produits incendiaires
Dans la nuit de samedi à dimanche, une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans sa propriété alors que Vincent Jeanbrun se trouvait dans sa mairie. Le portail d'entrée et la voiture de la famille ont été brûlés.
En prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants, l'épouse du maire s'est fracturée le tibia. Elle a été hospitalisée. "Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison", a témoigné Vincent Jeanbrun dimanche sur TF1. "Jamais je n'aurais imaginé qu'on menace ma famille de mort", s'est-il indigné, appelant à "un sursaut républicain".
Emmanuel Macron veut comprendre
Le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour "tentative d'assassinat". Le troisième occupant de la voiture conduite par Nahel était par ailleurs entendu lundi matin par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Recherché depuis les faits, cet homme s'est présenté de lui-même à 11h00 devant la "police des polices".
Dès dimanche, la Première ministre Elisabeth Borne a assuré aux élus locaux que le gouvernement ne "laissera(it) passer aucune violence" et promis "la plus grande fermeté" dans les sanctions. Elle doit recevoir lundi à 17h00 l'ensemble des groupes politiques.
Emmanuel Macron, lui, doit recevoir lundi les présidents des deux assemblées, puis mardi les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences. Le chef de l'Etat souhaite, en outre, "débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", selon l'Elysée.
asch et ami avec les agences
Vingt millions d'euros de dégâts pour les transports publics en Ile-de-France
Les émeutes ont causé "au moins 20 millions d'euros de dégâts" pour les transports publics en Ile-de-France, selon une première estimation d'Ile-de-France Mobilités, l'autorité régionale des transports.
Dans cette somme, il faut compter "les bus brûlés, un tramway brûlé, deux tramways endommagés et les mobiliers urbains qui ont été cassés.
Au total, 39 bus ont été brûlés, partout en Ile-de-France depuis le début des émeutes, notamment 12 bus dans le dépôt RATP d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et 14 bus dans le dépôt de la société ProCars à Provins (Seine-et-Marne).
Il faut compter environ 350'000 euros pour un bus, selon l'autorité régionale des transports.
La région Grand Est débloque 10 millions d'euros d'aides d'urgence
La région Grand Est a annoncé lundi vouloir débloquer un fonds d'aide d'urgence de dix millions d'euros pour réparer les dégradations commises lors des émeutes. La mesure sera présentée au vote des élus en commission permanente vendredi.
Les fonds pourront être débloqués la semaine prochaine. Cinq millions d'euros sont destinés à reconstruire les services publics endommagés et cinq millions supplémentaires doivent parvenir aux TPE (très petites entreprises) et commerçants affectés par les dégradations et pillages.
Lors des émeutes, une médiathèque et une mairie ont notamment été incendiées, respectivement à Metz et Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle) et des magasins pillés à Strasbourg, dont l'Apple Store.
La région Ile-de-France votera de son côté, mercredi, une aide d'urgence de 20 millions d'euros pour aider les maires à reconstruire les équipements publics détruits ou endommagés par les émeutes.