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Emmanuel Macron reste prudent malgré une accalmie des heurts en France

Des policiers à moto dans les rues de Marseille. [Anadolu Agency via AFP - Naseer Turkmani]
Les personnes interpellées lors des émeutes en France sont souvent jugées en comparution immédiate / La Matinale / 2 min. / le 4 juillet 2023
Les violences urbaines en France ont connu une nette décrue dans la nuit de lundi à mardi avec 72 personnes interpellées et 24 bâtiments incendiés ou dégradés sur tout le territoire. Emmanuel Macron, qui a rencontré mardi les maires de communes "victimes d'exactions", demeure toutefois prudent face à la situation.

Durant la nuit, le ministère de l'Intérieur a également recensé 159 incendies de véhicules et 202 incendies sur la voie publique (des poubelles pour l'essentiel) lors de cette septième nuit consécutive des émeutes suscitées par la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre.

Quatre attaques de locaux de la police nationale, de la gendarmerie et de polices municipales ont en outre été répertoriées. Aucun membre des forces de l'ordre n'a été blessé, selon le ministère.

Pour la troisième nuit consécutive, 45'000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés dans toute la France.

Emmanuel Macron rencontre des maires

Emmanuel Macron a martelé mardi, devant les maires de 250 villes touchées par près d'une semaine d'émeutes, que sa "priorité absolue" allait au rétablissement d'un "ordre durable", se montrant "très prudent" sur le reflux observé des violences et la fin de la crise.

Devant un parterre d'élus de tous bords, dont certains de droite et d'extrême droite assénant ce même message depuis le début des émeutes, il a insisté: "C'est l'ordre durable, républicain que nous voulons tous, auquel nous allons nous atteler", "y compris avec des moyens exceptionnels".

Emmanuel Macron entend désormais mener un "travail minutieux" pour "comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", "avant d'en tirer des conclusions", selon l'Elysée.

Le président a aussi a annoncé un projet de "loi d'urgence" pour accélérer la reconstruction après les destructions qui ont visé des bâtiments, du mobilier urbain et des moyens de transports. Il a aussi promis des aides financières aux villes pour les réparations concernant "la voirie, les établissements communaux, les écoles", selon un participant. "On va être extrêmement ferme et clair avec les assureurs commune par commune."

Des sanctions financières envisagées

Lundi soir, devant des policiers, Emmanuel Macron a aussi dit envisager des "sanctionner financièrement" les familles à "la première infraction", une "sorte de tarif minimum dès la première connerie" de leur enfant, reprenant une reprenant ainsi une proposition récurrente de la droite.

Déjà vendredi, en plein coeur des nuits de violences, il en avait appelé à "la responsabilité des parents" pour "garder au domicile" les mineurs, qui composent une bonne partie des émeutiers.

"La République n'a pas vocation à se substituer à eux", avait-il insisté. Lundi soir, alors que les violences marquaient une accalmie, il a souhaité agir "au cas par cas" et "pas forcément" en passant par des suspensions d'allocations familiales.

Le gouvernement s'est dit par ailleurs ouvert à des "annulations" de cotisations sociales et fiscales "au cas par cas" pour les commerces vandalisés.

"Quand votre commerce a été entièrement brûlé, que c'est le travail de toute une vie qui est réduit en cendres, il faut que l'Etat soit à votre côté", a affirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. A la demande du gouvernement, les assureurs ont accepté de "considérer des réductions de franchise", a-t-il ajouté.

Près de 4000 interpellations

Ces émeutes nocturnes ont éclaté le 27 juin, jour de la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué d'un tir à bout portant par un motard de la police, à la suite d'un refus d'obtempérer à Nanterre. La scène a été capturée par une vidéo amateur.

Selon les chiffres transmis à l'AFP par le ministère de la Justice, depuis vendredi 3915 personnes ont été interpellées (dont 1244 mineurs) donnant lieu à 374 comparutions immédiates.

La journée de lundi a été marquée par de nombreux rassemblements à travers la France en soutien au maire de L'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun, au lendemain de l'attaque à la voiture-bélier contre son domicile dans cette ville du Val-de-Marne.

Des moments "stressants", confie le maire d'Annemasse

Interrogé dans Forum, le maire d'Annemasse Christian Dupessey dit avoir également remarqué un certain retour au calme. L'élu affirme toutefois avoir vécu "des moments que je ne croyais jamais vivre dans une ville comme Annemasse. C'était extrêmement stressant".

La ville n'a en effet pas été épargnée par les émeutes. Huit véhicules ont été incendiés, deux voitures de gendarmerie détruites et trois bâtiments, dont une école, dégradés ou incendiés.

Contrairement à d'autres maires, Christian Dupessey n'a toutefois pas été ciblé personnellement. Selon lui, cela s'explique par "le vrai rassemblement républicain" des habitants d'Annemasse, "qui sont tous choqués par ce qui s'est passé et, au-delà des différences politiques, qui souhaitent que l'on retrouve le calme".

>> Voir l'interview complète de Christian Dupessey, maire d'Annemasse, dans Forum :

Emmanuel Macron reçoit 250 maires de villes touchées par les émeutes: interview de Christian Dupessey
Emmanuel Macron reçoit 250 maires de villes touchées par les émeutes: interview de Christian Dupessey / Forum / 6 min. / le 4 juillet 2023

>> Lire aussi : Des rassemblements devant les mairies de France contre les violences

ebz avec afp

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Le coût des dégâts pour les entreprises s'élève à 1 milliard d'euros

En France, l’heure est également aux premiers bilans matériels. Les chiffres articulés sont particulièrement vertigineux. En effet, en moins d’une semaine, l’amplitude des émeutes a dépassé celles de 2005 qui avaient duré trois semaines.

Le Medef, le principal syndicat patronal, chiffre les dégâts à un milliard d’euros. Le commerce est particulièrement touché. En outre, ce chiffre ne prend pas en compte les répercussions sur le tourisme.

Au total, plus de 200 commerces ont été entièrement pillés, 300 agences bancaires détruites, 250 bureaux de tabac touchés, avec des modes opératoires d'une violence absolue, détaille le président du Medef dans les colonnes du Parisien.

Selon le ministre de l’économie, 90 à 95% des commerces seront couverts par les assurances. Mais cela n’inclut pas forcément les pertes de gains.

>> Ecouter les précisions du 12h30 :

Les premiers bilans matériels des émeutes en France. [AP/Keystone - Michel Euler]AP/Keystone - Michel Euler
Les premiers bilans matériels des émeutes en France / Le 12h30 / 2 min. / le 4 juillet 2023

Les violences en France perturbent les transports publics genevois

A Genève, le trafic transfrontalier reste pour l'instant toujours interrompu à partir de 21 heures. Dans la nuit de dimanche à lundi notamment, des arrêts de bus ont été abîmés dans l'agglomération d'Annemasse. Par conséquent, la mairie d'Annemasse et le commissariat de police ont fait le choix de la prudence en reconduisant la mesure.

Ainsi, pour le quatrième jour de suite, bus et trams genevois ont interrompu leur route lundi, à la frontière dès 21 heures. Une mesure en vigueur depuis vendredi. La recommandation venait alors du ministère de l'Intérieur à Paris. Depuis, les autorités locales ont pris le relais.

>> Ecouter les précisions du 12h30 :

Un train franco-suisse du Léman Express en gare de Champel. [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Le trafic transfrontalier autour de Genève restera interrompu dès 21h en raison des violences encore présentes en France / Le 12h30 / 1 min. / le 4 juillet 2023