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Au Gabon, la recherche sur les gorilles est financée par le tourisme

Des touristes prenant en photo des gorilles au Rwanda. [AP photo / keystone - Ben Curtis]
Le tourisme pour sauver la recherche sur les gorilles au Gabon / Tout un monde / 4 min. / le 5 juillet 2023
Dans le parc national de Moukalaba Doudou, unique site de recherche au Gabon entièrement géré par les locaux, les scientifiques manquent de fonds pour pérenniser leur travail. A l'image de ce qui se fait au Rwanda ou en Ouganda, ils se sont mis à utiliser le tourisme pour générer des revenus. Reportage.

Justine, Laura et Alice, trois Françaises, participent à l'expérience inédite dans la forêt encore vierge du Gabon située entre le fleuve Moukalaba et les monts Doudou, au sud-ouest du pays. Elles ont une heure pour observer les primates. Ensuite, ils devront être laissés à leurs occupations.

Pour que l'expérience se déroule dans les meilleures conditions, quelques règles s'imposent: ne pas bouger tant que les animaux ne se sont pas déplacés – l'observateur positionné devant les autres leur fait signe de bouger en cas de charge des animaux – et éviter de toucher aux feuilles et autres objets qui font du bruit.

La mission est encadrée par Peter, chercheur pour l'Institut gabonais de recherche en écologie tropicale (IRET), et Steven, pisteur du village engagé par l'IRET. Les pisteurs ont pour mission de localiser les animaux pour donner plus de chances aux touristes de les apercevoir.

Le Gabon compte un quart des 350'000 gorilles d'Afrique centrale étudiés par des chercheurs du monde entier depuis les années 2000.

Pas de peur ni de menace

Grâce au long travail d'habituation initié par l'Université de Kyoto en 2009, les gorilles ne se sentent pas menacés par la présence du groupe.

"Le gouvernement japonais a accompagné le Gabon dans la formation des primatologues. Nous avons la plus grande communauté de gorilles, mais les primatologues partent au Rwanda où il y en a à peine 1000", raconte Etienne-François Koumoukoué dans Tout un monde.

Faire payer pour poursuivre la recherche

Il serait difficile pour les chercheurs de poursuivre leur travail sans les Japonais. "L'Université de Kyoto mobilise énormément de fonds et lorsque l'argent était transféré, notre Etat étant ce qu'il est, les ressources ne suivaient pas. Nous voulions rendre l'activité pérenne, et on s’est dit que consacrer le groupe (de gorilles, ndlr) uniquement à la recherche comme le faisaient les Japonais ne nous permettait pas de continuer à travailler et de continuer à suivre le groupe tous les jours", ajoute-t-il.

C'est comme cela qu'est née l'idée d'ouvrir le parc à l'écotourisme sélectif. La découverte des gorilles est ouverte aux groupes de touristes de quatre personnes, deux fois par semaine maximum, depuis 2018.

Grâce aux 200'000 francs CFA (un peu moins de 300 francs suisses) récoltés pour chaque observateur, l'institut de recherches a désormais suffisamment de ressources pour continuer à employer une dizaine de personnes sur le projet et lancer de nouveaux travaux de recherches.

Sujet radio: Sophie Eyégué

Adaptation web: Julie Marty

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