Les migrants secourus lundi sont 80 hommes et 6 femmes. Un navire de secours en mer est en train de les ramener vers l'île de Grande Canarie, où ils devraient arriver un peu avant 21h (heure suisse), selon la porte-parole des secours.
Un avion envoyé par les sauveteurs avait initialement estimé que le nombre de personnes à bord de cette embarcation pouvait être d'"environ 200". Elle semblait donc correspondre à un bateau recherché dans la même zone après être parti du Sénégal il y a près de deux semaines.
"Nous ne pouvons pas encore le confirmer à 100%, mais il est probable que cela soit le même", avait souligné Salvamento Maritimo, le service espagnol de sauvetage en mer, qui a finalement reconnu s'être trompé dans son estimation. "Le chiffre (d'environ 200) que nous avions donné plus tôt provenait de l'avion qui avait localisé l'embarcation, mais il est difficile pour un moyen aérien de déterminer le nombre de personnes" exact, s'est justifiée une porte-parole.
D'autres bateaux auraient disparu
La situation reste confuse sur place et le service espagnol de sauvetage en mer n'était pas en mesure d'indiquer lundi soir si une autre embarcation avec environ 200 personnes à bord était à la dérive dans la même zone, ou non.
Selon l'ONG Caminando Fronteras, qui tient ses informations des appels de migrants ou de leurs proches, une embarcation est partie le 27 juin de Kafountine, une petite ville côtière du sud du Sénégal située à environ 1700 kilomètres des côtes des Canaries, avec environ 200 personnes à bord. "Les familles nous ont informés de la disparition de l'embarcation, dont elles n'avaient pas de nouvelles depuis plusieurs jours. Nous avons alerté les services de secours espagnols et marocains", a indiqué la fondatrice de cette ONG Helena Maleno dans un message audio.
Selon Caminando Fronteras, deux autres embarcations parties du Sénégal le 23 juin sont également portées disparues avec environ 120 personnes à bord au total.
Le Sénégal, l'une des portes vers l'Europe
"On a la confirmation qu'il y a eu des migrants qui sont partis. Nous n'avons aucune nouvelle d'eux", a déclaré David Diatta, le maire de Kafountine. "Ce sont des Sénégalais, des Gambiens, des Guinéens, de la Sierra Léone... La plupart du temps, ce sont des étrangers qui ne viennent pas de la ville, qui n'habitent pas la zone", a-t-il expliqué. Selon lui, ils partent de Kafountine car la ville est proche de nombreuses îles et de bolongs, des bras de mer qui sont autant de caches pour les prétendants à ce long voyage et leurs passeurs.
"En tant qu'autorité locale, on a essayé de prendre des mesures de sensibilisation, mais le silence de l'Etat est regrettable. Les gendarmes sur place sont en nombre très réduits et il manque des moyens" pour arrêter les départs de pirogues de migrants, déplore David Diatta.
Le Sénégal, et plus particulièrement le sud du pays, est l'un des points de départ vers l'Europe pour les migrants clandestins. Et l'Espagne l'une des principales portes d'entrée.
agences/boi/vic
La route vers les Canaries particulièrement empruntée
Selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l'Intérieur, 12'704 migrants sont arrivés clandestinement en Espagne au premier semestre, dont une majorité (7213) aux Canaries, un chiffre en baisse de 11,35% par rapport à la période correspondante de 2022.
Depuis quelques années, la route migratoire vers les Canaries est particulièrement empruntée en raison du durcissement des contrôles en Méditerranée. Les naufrages y sont fréquents, la traversée étant particulièrement dangereuse. Selon l'Organisation internationale des Migrations (OIM), 126 migrants sont morts ou ont disparu dans la traversée vers les Canaries au premier semestre. Caminando Fronteras donne pour sa part le chiffre de 778 morts ou disparus.
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