Mircea Geoană: "Je suis convaincu que l'Otan va trouver un consensus sur l'Ukraine"
Les dirigeants de l'Otan ont multiplié les entretiens préparatoires à la veille d'un important sommet à Vilnius, en Lituanie, qui sera largement consacré à la guerre en Ukraine. Selon le secrétaire général délégué de l'Otan Mircea Geoană, ce sommet est crucial pour l'avenir de l'alliance.
"C'est un sommet de grande importance. Nous l'avons préparé d'une manière minutieuse". Invité lundi dans l'émission Forum de la RTS, Mircea Geoană a estimé que le sommet de Vilnius pourrait changer la face du monde pour les prochaines décennies, "parce que le monde a changé".
"La guerre que la Russie a commencé d'une manière totalement illégale et tellement brutale contre l'Ukraine a changé la sécurité de notre continent", affirme le secrétaire général délégué de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan). "Ce conflit et la nouvelle situation stratégique autour du monde font que les décisions que nos dirigeants vont prendre pourraient avoir des retombées au niveau européen, mais aussi au niveau international", poursuit-il.
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Rapprochement entre l'Ukraine et l'Otan
L'un des objectifs principaux de ce sommet est de rapprocher l'Ukraine de l'Otan. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu à Vilnius pour demander que son pays rejoigne l'Otan une fois la guerre terminée et l'Alliance devrait renforcer les liens politiques en lançant un Conseil Otan-Ukraine.
Les Etats membres sont pourtant divisés au sujet d'une adhésion de l'Ukraine. "Ce serait absurde de croire que les 31 alliés pourraient avoir des vues identiques sur des sujets tellement importants", rétorque Mircea Geoană. Selon le Roumain, "le rôle du secrétaire général et de toute son équipe est de trouver l'équilibre et le consensus, et je suis convaincu qu'on va le trouver".
L'Ukraine appartient à la communauté des démocraties européennes. L'Ukraine appartient à l'Union européenne. L'Ukraine appartient à l'Otan
Du côté de Moscou, une potentielle adhésion de l'Ukraine est fortement critiquée, le Kremlin affirmant qu'elle serait très négative pour la sécurité en Europe. Mais pour Mircea Geoană, "le Kremlin a fait tellement de décisions stratégiques erronées depuis le début de cette guerre que chaque déclaration qui nous arrive de Moscou peut difficilement être considéré comme valable".
"L'Ukraine appartient à la communauté des démocraties européennes. L'Ukraine appartient à l'Union européenne. L'Ukraine appartient à l'Otan", clame le secrétaire général délégué de l'Otan, rappelant que la situation de l'Ukraine a changé depuis 2008, quand les alliés lui ont offert la perspective d'adhésion.
"Maintenant, l'Ukraine est beaucoup plus proche de nous. Elle est politiquement plus proche et militairement plus intégrée", affirme-t-il. "Et les leaders de notre alliance vont refléter d'une manière conjointe et consensuelle cette nouvelle étape de la relation entre l'Ukraine et l'Otan".
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Incertitude autour de la Suède
La question de l'adhésion de la Suède, qui souhaiterait devenir le 32e membre de l'Alliance, reste, elle, encore incertaine. La Turquie la bloque en effet et ne la soutiendra que si l'Union européenne rouvre les négociations d'adhésion de la Turquie.
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Il y a un an, lors du précédent sommet de l'Otan à Madrid, il a fallu des heures de négociation pour arracher à Erdogan un soutien à l'invitation initiale à Stockholm.
Une rencontre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg est prévue lundi à Vilnius pour tenter de débloquer la situation et obtenir une promesse turque juste avant l'ouverture du sommet.
"Nous sommes optimistes", affirme Mircea Geoană. "Je ne peux pas dire de manière très précise si ça va être fait d'ici quelques mois, mais la Suède va devenir le 32e membre de notre Alliance", poursuit-il.
Nous sommes optimistes. La Suède va devenir le 32e membre de notre Alliance.
Dépenses militaires
L'Alliance a également pour objectif de créer une force de réaction rapide d'au moins 300'000 hommes. "Nos dirigeants vont approuver d'ici 24 heures la plus importante transformation de la planification de défense militaire en Europe depuis quatre décennies", affirme Mircea Geoană.
"Donc c'est un changement profond de la manière dont nous faisons de la planification militaire, de la structure des forces et aussi de ce que les nations alliées approprient à l'Alliance", poursuit-il.
Le secrétaire général délégué de l'Otan estime que les plans qui seront approuvés lors de ce sommet seront "tellement transformateurs du point de vue de la défense européenne qu'on pourrait dire que c'est une décision historique". "Et nous sommes convaincus que les alliés vont contribuer d'une manière importante avec des forces et avec de l'argent", s'enthousiasme-t-il.
Mircea Geoană rappelle en effet que les alliés se sont engagés à dépenser au minimum 2% de leur PIB pour leur défense nationale et collective au sein de l'Alliance.
>> Isabelle Ory décrypte les enjeux du sommet dans le 19h30 lundi :
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Emilie Délétroz avec ats
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La Suisse, "partenaire importante"
En Suisse, la question de la réexportation de matériel de guerre fait débat, avec encore récemment la décision du gouvernement de ne pas envoyer des chars à l'Allemagne. Mais le pays a toutefois annoncé vouloir rejoindre le système de défense aérienne européen Sky Shield afin de renforcer sa collaboration avec l'Otan.
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Le secrétaire général délégué de l'Otan Mircea Geoană estime que la Suisse est une partenaire importante de l'Otan. "Mais le fait que la Suisse est et reste un pays neutre ne veut pas dire que ça doit être une neutralité faible", a-t-il ajouté.
"La sécurité de l'Europe a profondément changé", poursuit-il. "Personne ne conteste la neutralité de la Suisse, mais le climat est plus dangereux en Europe. Faire des gestes ensemble avec d'autres pays européens, c'est du bon sens stratégique", affirme Mircea Geoană, rappelant que ces collaborations sont aussi plus efficaces d'un point de vue financier.