"Le monde vient de connaître la semaine la plus chaude jamais enregistrée, selon des données préliminaires", a indiqué l'Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un communiqué, après un mois de juin déjà record en raison de la combinaison du changement climatique causé par l'activité humaine avec les premiers effets du retour du phénomène maritime El Niño.
Les températures battent des records tant sur terre que dans les océans "avec des effets potentiellement dévastateurs sur les écosystèmes et l'environnement", a déclaré l'OMM.
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Record le 6 juillet
"Nous sommes en territoire inconnu et nous pouvons nous attendre à ce que d'autres records tombent à mesure que le phénomène El Niño se développera et que ses effets se feront sentir jusqu'en 2024", a déclaré Christopher Hewitt, directeur des services climatologiques de l'OMM.
El Niño est un phénomène climatique naturel associé au réchauffement des températures de surface de l'océan dans le centre et l'est de l'océan Pacifique tropical. L'épisode actuel se poursuivra vraisemblablement avec "une intensité au moins modérée", toujours selon l'OMM.
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Selon l'observatoire européen du changement climatique Copernicus, le jeudi 6 juillet a été la journée la plus chaude, avec 17,08 degrés de température moyenne, mais avec une marge peu significative pour les scientifiques de 0,02 degré et 0,01 degré sur celle du mercredi et du vendredi.
Cette série de températures inédites avaient été entamées le 3 juillet (16,88 degrés), battant le précédent pic de 16,80 degrés datant d'août 2016, l'année la plus chaude jamais mesurée par Copernicus, dont les données remontent jusqu'à 1940, alors que l'intensité d'El Niño était forte.
La particularité de ce mois de juin, c'est qu'il n’y a eu qu’une seule journée en dessous de la norme
La Suisse pas épargnée
Le mois de juin 2023 a marqué les esprits des météorologues en Suisse, avec des températures au-dessus des moyennes de saison. "La particularité de ce mois de juin, c'est qu'il n’y a eu qu’une seule journée, en moyenne, qui a été en dessous de la norme. C'était le 30 juin, la journée la plus fraîche", explique Olivier Duding, météorologue à MétéoSuisse.
"Les étés sont systématiquement et largement au-dessus de la norme pré-industrielle et même de celle de 1960 à 1990. Ils s'inscrivent clairement dans le changement climatique qu'on observe actuellement au niveau global", ajoute-t-il.
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Un "impact dévastateur"
Le monde entier est concerné par ces chiffres caniculaires. Le Texas vit sous un "dôme de chaleur" prolongé qui piège l'air chaud comme dans un four à convection, tandis que l'Espagne, déjà frappée par une sécheresse exceptionnelle depuis plusieurs mois, s'apprête à connaître sa deuxième vague de forte chaleur estivale.
Dans le sud de l'Irak, entre le Tigre et l'Euphrate, sévit la pire vague de chaleur de ces 40 dernières années, a déclaré lundi l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), mettant en garde contre un "impact dévastateur" sur l'écosystème ainsi que sur les agriculteurs et les pêcheries.
Les températures supérieures à la normale entraînent également des problèmes de santé allant du coup de chaleur à la déshydratation, en passant par le stress cardiovasculaire. Plus de 90% de la chaleur produite en raison des gaz à effets de serre est absorbée par les océans, causant des canicules marines dévastatrices pour la vie aquatique et modifiant les conditions météorologiques.
Sujet radio: Foued Boukari
Adaptation web: Raphaël Dubois avec les agences
61'000 décès attribuables à la chaleur l'été dernier en Europe
Les vagues de chaleur record de l'été dernier en Europe sont vraisemblablement à l'origine de plus de 61.000 décès sur le continent, montre une étude parue lundi dans la revue Nature Medicine, qui souligne l'impréparation des gouvernements face à cette conséquence du dérèglement climatique.
Les chercheurs de plusieurs instituts de santé européens estiment que plus de 61'600 décès recensés dans 35 pays européens entre la fin mai et le début septembre 2022, lors de l'été le plus chaud en Europe jamais enregistré, sont attribuables à la chaleur.
La chaleur extrême peut provoquer la mort par hyperthermie ou aggraver des affections cardiovasculaires ou respiratoires, les personnes âgées étant les plus vulnérables.
"Les pays méditerranéens sont touchés par la désertification, les vagues de chaleur sont amplifiées durant l'été en raison de conditions plus sèches", écrit Joan Ballester, coauteur de l'étude et professeur à l'Institut de santé mondiale de Barcelone (Instituto de Salud Global).