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Le Coran brûlé en Suède est un acte "offensant", dénonce l'ONU

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. [Keystone - Valentin Flauraud]
Débat au Conseil des droits de l’homme sur le Coran brûlé en Suède / Forum / 2 min. / le 11 juillet 2023
L'ONU dénonce un acte "offensant", "irresponsable" et "mauvais" en parlant du Coran brûlé récemment en Suède. Cette attitude semble avoir cherché "à enflammer la colère", a déploré mardi à Genève le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme Volker Türk. Le projet de résolution présenté par le Pakistan a été approuvé mercredi.

Un Irakien réfugié en Suède avait brûlé il y a deux semaines une partie d'un Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm. Cette controverse avait eu lieu pendant la journée de l'Aïd al-Adha, une fête célébrée par les musulmans à travers le monde.

La police suédoise avait autorisé le rassemblement au cours duquel des pages du Coran ont été brûlées, mais a ouvert par la suite une enquête pour "agitation contre un groupe ethnique", au motif que l'autodafé s'est déroulé devant une mosquée.

"Pour moi, il est clair que les discours et les actes incendiaires contre les musulmans, l'antisémitisme, les actions et les discours qui ciblent les chrétiens - ou des groupes minoritaires - sont des manifestations d'un manque de respect total", a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l'Homme.

Le projet de résolution présenté par le Pakistan, qui ne mentionne pas la Suède, a été approuvé par 28 voix, contre 12 oppositions et 7 abstentions. Au moment de commenter le scrutin, une représentante de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) s'est exprimée avec un niqab recouvrant son visage, une approche inédite à l'ONU.

Liberté d'expression en jeu?

Les Etats à majorité musulmane, emmenés par le Pakistan, proposent un projet de résolution très ferme. Selon eux, la notion de liberté d'expression ne doit pas servir à cautionner l'autodafé d'un Coran. Le Pakistan estime que cet acte est une incitation a la haine religieuse, à la discrimination et à la violence contre les musulmans.

Cependant, les Etats européens et les Etats-Unis défendent une liberté d'expression large et stricte. "Les droits de l'Homme protègent les personnes et non les religions, doctrines, croyances ou leurs symboles. Ce n'est ni aux Nations unies, ni aux Etats de définir ce qui est sacré et ce qui ne l'est pas", a ainsi déclaré l'ambassadeur de France Jérôme Bonnafont.

Les Etats-Unis, par la voix de leur ambassadeur des liberté religieuses, lui-même musulman, rejettent eux aussi la fermeté prônée par le Pakistan. "Nous savons par expérience que les tentatives d'interdiction d'une telle expression ne font que l'amplifier en attirant encore plus l'attention sur elle, et qu'elles servent souvent de catalyseur à une haine encore plus grande", a soutenu l'ambassadeur Rashad Hussain.

Débat urgent

L'ONU avait mis en garde mardi contre la prolifération des discours haineux "de toutes sortes" à l'occasion d'un débat urgent organisé au Conseil des droits de l'Homme à Genève après l'autodafé. Il avait été demandé par le Pakistan au nom de plusieurs pays de l'Organisation de Coopération Islamique, qui espèrent faire adopter une résolution à ce sujet dans la journée ou dans la semaine.

Ouvrant les débats, Volker Türk a affirmé que le récent autodafé du Coran à Stockholm ainsi que d'autres incidents similaires "semblent avoir été faits pour exprimer le mépris et attiser la colère, pour creuser des fossés entre les gens, et pour provoquer".

>> Regarder le débat organisé par l'ONU:

Sujet radio: Benjamin Luis

Adaptation web: Raphaël Dubois/juma avec les agences

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