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Après le veto de la Russie, "l'aide humanitaire en Syrie est en péril"

Le bus médical de l'Ordre de Malte vient d'arriver et s'installe dans le camp syrien dans la zone de Krefraya, à la frontière syrienne.
Le bus médical de l'Ordre de Malte vient d'arriver et s'installe dans le camp syrien dans la zone de Krefraya, à la frontière syrienne.
La Russie a mis son veto mardi au Conseil de sécurité de l'ONU à la prolongation de neuf mois du mécanisme d'aide humanitaire transfrontalier pour la Syrie, au lendemain de l'expiration d'un mandat vital pour des millions d'habitants de zones rebelles du pays.

Les 15 membres du Conseil tentaient depuis des jours de trouver un compromis pour étendre ce mécanisme qui permet d'acheminer depuis la Turquie, sans autorisation de Damas, nourriture, eau ou médicaments aux habitants du nord-ouest de la Syrie.

Projet de texte concurrent de la Russie

L'ONU, les humanitaires et une majorité de membres du Conseil réclamant une extension d'au moins un an pour permettre une meilleure organisation de l'aide, ainsi que la Suisse et le Brésil, en charge de ce dossier, avaient au départ soumis un projet de texte proposant douze mois.

Mais la Russie avait mis sur la table un projet de texte concurrent n'acceptant que six mois, comme c'était le cas actuellement.

La proposition de compromis de neuf mois rédigée par la Suisse et le Brésil a recueilli mardi 13 voix en faveur et une abstention (Chine), mais a été rejetée par la Russie qui en tant que membre permanent dispose d'un pouvoir de veto.

Conséquences tragiques pour la population

"Sans ce couloir humanitaire, l'aide humanitaire en Syrie est en péril", a alerté mercredi dans l'émission Forum de la RTS Marc Schakal, responsable des programmes de MSF au Proche et Moyen-Orient. "Le mécanisme de traverser la frontière via les couloirs humanitaires a expiré. C'est particulièrement honteux que l'ONU n'ait pas anticipé cela (...) La diplomatie internationale fait passer la politique avant les intérêts humains", déplore-t-il.

La diplomatie internationale fait passer la politique avant les intérêts humains

Marc Schakal, responsable des programmes de MSF au Proche et Moyen-Orient

Sans ce couloir humanitaire, les conséquences pour la population syrienne pourraient s'avérer tragiques. "En cas d'interruption, cela pourrait avoir des impacts énormes sur le volume de l'approvisionnement de l'aide qui arrive dans le nord-est de la Syrie", explique Marc Schakal.

Pas de mécanismes alternatifs

En outre, il n'existe aujourd'hui pas de mécanisme alternatif qui fonctionne de manière fiable. "Il va falloir préparer une période de transition durant laquelle il va falloir tester des routes différentes, qui sont commerciales".

Le responsable des programmes de MSF au Proche et Moyen-Orient rappelle par ailleurs que la population dans le nord-est syrien dépend énormément de l'aide humanitaire internationale, les services publics n'existant quasiment pas.

>> Voir l'interview de Marc Schakal dans Forum :

Toujours pas de solution humanitaire en Syrie: interview de Marc Schakal
Toujours pas de solution humanitaire en Syrie: interview de Marc Schakal / Forum / 4 min. / le 12 juillet 2023

Violation de sa souveraineté dénoncée

L'ambassadeur russe Vassili Nebenzia a lui accusé les Occidentaux de "provocation pour pousser la Russie à utiliser son veto", estimant que le mécanisme "ne prend pas du tout en compte les intérêts du peuple syrien".

Le mécanisme créé en 2014 permet à l'ONU d'acheminer de l'aide humanitaire aux populations des zones rebelles du nord-ouest de la Syrie, sans autorisation du gouvernement syrien, qui dénonce régulièrement une violation de sa souveraineté.

Complication de la planification de l'aide humanitaire

Au départ, il prévoyait quatre points de passage, mais après des années de pression en particulier de Moscou, allié du régime syrien, seul le poste de Bab al-Hawa est resté opérationnel, et son autorisation a été réduite à six mois renouvelables, compliquant la planification de l'aide humanitaire.

Malgré l'expiration du mécanisme de l'ONU, au moins temporairement, deux autres points de passage sont opérationnels, même s'ils sont moins utilisés que Bab al-Hawa.

Le président syrien Bachar al-Assad avait en effet directement autorisé leur ouverture après les séismes de février, mais cette autorisation expire mi-août.

afp/hkr

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