La Suisse au Conseil de sécurité de l'ONU: bilan "prudemment positif" après 6 mois pour Pascale Baeriswyl
Depuis le 1er janvier, la Suisse fait partie du Conseil de sécurité, l'organe le plus important du système onusien, en tant que membre non permanent. Son mandat au sein du cénacle international le plus élevé s'étendra jusqu'à fin 2024.
A l'heure de faire le point après six mois à ce poste, celle qui porte cette présence à New York évoque un bilan "prudemment positif". Et Pascale Baeriswyl de poursuivre: "Il faut voir que c'est un organe permanent, on s'occupe deux fois par jour, 52 semaines par année, de conflits un peu partout dans le monde. Au quotidien, je pense que notre premier but est de s'assurer que le droit international humanitaire soit garanti."
Un monde en pleine turbulence
Au niveau stratégique, les membres du Conseil de sécurité font face à un monde en pleine turbulence. La Suisse tente donc d'apporter de nouvelles solutions à long terme. "On a déjà réussi à amener des contributions, par exemple sur la sécurité climatique", affirme Pascale Baeriswyl.
La Suisse tente d'apporter des contributions pour la sécurité climatique
Mais, selon elle, la contribution la plus importante, "c'est d'essayer d'alimenter ce débat sur ce que l'on appelle un nouvel agenda pour la paix. Le secrétaire général des Nations unies va publier un premier papier, mais pour trouver des réponses, cela peut durer encore longtemps".
Véto russe sur un couloir humanitaire en Syrie
Cette semaine, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas réussi à se mettre d'accord sur la prolongation d'un mécanisme d'aide humanitaire en Syrie. L'objectif de la Suisse était de mettre en place un couloir d'aide entre la Turquie et les zones rebelles syriennes, mais elle s'est heurtée au véto russe.
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Selon Pascale Baeriswyl, cet échec est lié à la complexité humanitaire, juridique, sécuritaire et géopolitique de la région. "Il y a 4 millions de personnes qui dépendent de cette aide" dans une région en plein conflit où "il y a des frappes régulières", regrette-t-elle. Dans cette zone, les intérêts sont multiples et ils divisent les membres du Conseil de sécurité.
En Syrie, les intérêts sont multiples et ils divisent les membres du Conseil de sécurité
"Pour maintenir ce passage, nous avons travaillé durement. (...) Un compromis avait été trouvé, il convenait à une grande majorité du Conseil de sécurité, à l'exception d'une délégation. Donc malheureusement, cette résolution n'a pas pu passer", explique-t-elle.
Le gouvernement syrien a ensuite ouvert ce passage et "cela signifie qu'il prend aussi la responsabilité de sa frontière". Les Nations unies évaluent désormais la nouvelle situation pour savoir comment les aides peuvent être délivrées là où elles doivent arriver.
Pas un "échec épique"
La proposition suisse, qui n'a pas passé la rampe, a été critiquée sur Twitter par l’ambassadeur russe adjoint Dmitry Polyanski comme un "échec épique de la Suisse".
Pascale Baeriswyl refuse toutefois de parler d'échec épique "quand quatorze membres sur quinze sont prêts à accepter un compromis". La diplomate précise aussi que c'était la quatrième fois depuis le début de l'année que le dossier syrien était abordé. "Les précédentes fois, on a trouvé des solutions, j'espère que l'on pourra modestement contribuer à en trouver une autre", affirme-t-elle.
Selon la représentante helvétique à l'ONU, la position de la Suisse, qui n'est plus considérée par la Russie comme un pays neutre à cause de la guerre en Ukraine, n'a rien à voir avec l'échec de la résolution. "Cette résolution a rencontré un véto l'année dernière et aussi l'année précédente quand des pays neutres et d'autres qui ne le sont pas l'ont aussi présentée. Je ne pense pas que ce soit lié à la neutralité, mais aux fortes tensions géopolitiques."
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Miroslav Mares